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Politique
Jean Lassalle, le berger qui ne voulait pas être bernique

Le candidat béarnais à l’élection présidentielle sous la bannière « Résistons », Jean Lassalle, a fait étape le 22 mars dans le Nord à l’occasion de son seul déplacement de campagne dans les Hauts-de-France. Rencontre avec celui que l’on qualifie volontiers d’« homme de la ruralité ».

Jean Lassalle
Assister à une réunion publique de Jean Lassalle est l’occasion d’en savoir un peu plus sur le programme du candidat à l’élection présidentielle, mais aussi de profiter de quelques-unes de ses sorties burlesques. Ici, s’extasiant devant un Maroilles
© V.F.

Qui se cache derrière ce personnage atypique dans le paysage politique français ? Pour le savoir, en cette période de campagne pour l’élection présidentielle, on a suivi le candidat Jean Lassalle lors d’un unique déplacement dans les Hauts-de-France, milieu de semaine dernière. S’il a choisi Famars, dans le Nord, à deux pas de Valenciennes, c’est d’abord pour remercier la maire de cette commune, Véronique Dupire de lui avoir accordé son parrainage. Le choix du Nord, c’est aussi parce que le mouvement fondé par Jean Lassalle (Résistons !) y a un relais départemental en la personne de Jean Meurisse, ce qui n’est pas le cas dans les autres départements des Hauts-de-France. Enfin, un déplacement et pas plus parce que le candidat reconnait disposer de peu de moyens par rapport à d’autres écuries. A la suite de l’élection présidentielle, il y aura les élections législatives et il sera évident pour Résistons de présenter des candidats dans l’espoir de remplir les caisses… sans oublier de porter quelques idées.

Candidat contre les extrêmes

Pour son entrée en scène, Jean Lassalle choisit de le faire en musique, et pas n’importe pas laquelle. Sitôt les premières notes, ses supporters reconnaissent Bella Ciao, l’hymne des résistants italiens pendant la Seconde Guerre mondiale. Idéal pour se donner de l’entrain. Serrant des mains, pratiquant l’accolade, il finit par rejoindre un pupitre et se lance. Sa motivation à être candidat à l’élection présidentielle pour la seconde fois ? « Je ne supporte plus la manière dont devient notre pays. C’est pour cela que j’ai décidé de participer ». Le mouvement Résistons a été créé de toutes pièces après son départ du Modem en 2016. Atypique, Jean Lassalle l’est. Qui d’autre que lui pour chanter l’hymne des Pyrénées depuis son fauteuil à l’Assemblée nationale ? Qui d’autre pour y entrer avec un gilet jaune sur les épaules ou encore tout récemment à se lancer à plat ventre, manches relevées pour un paquito improvisé dans les allées du Salon international de l’agriculture ? Concernant cette dernière anecdote, il a récemment réalisé un tuto sur TikTok pour expliquer la manière de réussir un paquito. Lassalle le reconnait donc lui-même : « Je suis un candidat antisystème », affirme-t-il, sans qu’il ne soit question de verser dans les extrêmes : « La France, dit-il, ne veut pas être extrémisée, que ce soit à gauche ou à droite ». S’il venait à être élu, il souhaite « un gouvernement de salut public », estimant « qu’il y a beaucoup à reconstruire ».

Vote blanc et Gilets jaunes

Au bout d’un quart d’heure, une fois qu’il s’est livré sur son état d’esprit de campagne, les premières propositions concrètes comment à tomber. Jean Lassalle se dit favorable à la reconnaissance du vote blanc, « celui qui redonne le pouvoir aux citoyens ». « Si c’est le vote blanc qui est en tête d’une élection, c’est que les choses ne sont pas claires et que l’offre ne correspond pas aux attentes, alors on recommence ». Favorable aussi au référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui était une demande des Gilets jaunes, qu’il donne l’impression de défendre : « On a beaucoup tapé sur eux durant des mois, mais grâce à eux, on a beaucoup appris de la société d’aujourd’hui et en tous cas plus qu’au cours des 30-40 dernières années ». Toujours en matière de citoyenneté, le candidat béarnais veut « la mise en place d’un service national universel ».

Dans un autre registre, il prône « l’abrogation des lois NOTre et de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (MAPTAM) pour donner de l’autonomie fiscale et financière aux communes ». Il défend la réorganisation des régions telle qu’on les connait actuellement, « beaucoup trop vastes ». Le département reste quant à lui un échelon « indispensable » quand l’adhésion d’une commune à une intercommunalité doit être « choisie ». « Si les communes veulent travailler ensemble, elles pourront le faire, sans que cela soit imposé par des préfets que j’occuperai à faire autre chose », défend M. Lassalle. En matière de santé, il propose la construction d’hôpitaux de proximité, autrement dit « à moins de 40 minutes de route, partout sur le territoire ». Mais aussi « augmenter les places dans les universités de médecine, financer les études pour ceux qui s’engagent dans les déserts médicaux, recruter des infirmiers… » Le programme économique comporte quelques mesures-phare : un Smic à 1400 euros net, la baisse de la TVA sur les hydrocarbures, la réindustrialisation du pays, rétablissement de l’ISF…

Soutien aux « campagnes de France »

En ce qui concerne l’agriculture, c’est dans son tract de campagne qu’il faut chercher les réponses, après que Jean Lassalle ait affirmé que « la France ne serait pas ce qu’elle est sans ses agriculteurs, ses hommes de la mer ». Les « campagnes de France » comme il les nomme affectueusement doivent être « une grande cause nationale ». Cela passe par une autre manière de répartir les aides de la PAC – « elles doivent aller aux paysans qui respectent leur terre et leurs bêtes et non pas à la spéculation foncière » -, par la dotation des territoires d’outils de transformation, la mise en place d’un « ticket paysan « à l’image des tickets restaurants pour soutenir les circuits courts » ou encore par le maintien des services publics et l’amélioration des infrastructures de communication.

Jean Lassalle

En matière d’environnement, il égrène ce qu’il souhaite :  transition énergétique du nucléaire ; miser sur les énergies renouvelables ; développer des centrales solaires thermiques ; utiliser l’énergie de la mer ou encore « reconstruire les villes où tout est congestionné ». Quand il évoque le congrès de la fédération nationale des chasseurs (FNC) devant lequel il s’est exprimé la semaine dernière, c’est sans état d’âme qu’il se compare volontiers aux autres candidats. Valérie Pécresse, par exemple : « Je me suis trouvé meilleur qu’elle… » La candidate LR appréciera… dans l’assemblée venue l’écouter, on rigole.

Croire en ses chances

Malgré un capital de sympathie important, comment expliquer que le candidat Lassalle ne décolle pas dans les sondages ? Lui a la réponse : « Quand je me suis présenté la première fois, j’ai été pris en chasse parce que certains ont considéré que j’étais un candidat dangereux ». Aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ? Rien, ou si peu : « J’ai la connaissance du territoire. Je suis sans doute celui qui le connait le mieux (…)  Mais je suis victime de mes excès,estime Jean Lassalle. Il m’arrive de prononcer des mots que je ne devrais pas utiliser, mais il faut élever le débat ». S’adressant à « ceux qui n’ont pas prévu d’aller voter », il continue de croire en ses chances : « Combien de Français iront voter ? Qui peut le dire ? » (…) Et c’est sans doute son optimisme autant que son authenticité qui sont ses meilleurs atouts : « Tant qu’un match n’est pas terminé, il faut y croire. Rien n’est fini ». En guise de conclusion, lors de ses meetings, le candidat du sud-ouest n’épargne personne de son chant de l’Hymne des Pyrénées, d’un Chant des partisans juste mimée, d’une Marseillaise à gorge déployée, et de Bella Ciao en esquissant quelques pas de danse… le tout avant de reprendre la route pour une nouvelle étape.

Jean Lassalle
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