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Joshua Potel : la transformation du lait, sinon pas d’agriculture

L’atelier de transformation de la ferme Potel, à Marchélepot, est le domaine de Joshua, le cadet de la famille. Il y fabrique, entre autres, du beurre, qu’on lui arrache ces derniers jours.

© Alix Penichou


Il fait chaud et le calme règne. Le laboratoire aménagé dans une dépendance de la cour de la ferme familiale, à Marchélepot, est un lieu où Joshua Potel se sent bien. «Les champs, ce n’était pas pour moi, confie le jeune agriculteur. J’assure la traite du soir et je me consacre à la transformation et à la vente des produits. Ici, je suis seul. Et j’aime être seul. Si je n’avais pas ça, j’aurais certainement quitté la ferme.»
Cet atelier de transformation a été aménagé en 2003, par sa mère, qui souhaitait diversifier les activités de l’exploitation. «Et puis elle a quitté l’exploitation au bout de trois ou quatre ans. Je trouvais vraiment dommage de laisser tomber. Alors j’ai repris il y a neuf ans et ça me plaît vraiment.» Joshua avait de toute façon une attirance pour ce domaine. Les deux années d’étude d’hôtellerie et restauration à Interfor, à Amiens, ont conforté son appétit pour l’élaboration des produits de son terroir.

Ecrémer, baratter, malaxer…
Alors pendant que son père, Didier, est dans les champs et que son frère, Nicolas, chouchoute les cent-vingt vaches, dont quarante laitières, lui écrème, baratte et malaxe… Et cela tous les matins, pour transformer le lait en Rollot, fromage local, en fromage blanc, en crème fraîche et en beurre, doux ou demi-sel, «au lait entier, donc plus fort en goût». Et sans additif. Les croisements des races assurent une qualité de lait remarquable : «Des prim’holstein pour la quantité, bien sûr, mais aussi des flamandes, des normandes et des montbéliardes pour l’apport de matière grasse.»
Dans sa pièce, seul son téléphone le rappelle régulièrement à la vie réelle, car les commandes fusent. «Depuis une semaine, la demande de beurre est vraiment importante, parce que certains supermarchés sont en rupture.» Deux ou trois après-midis par semaine sont consacrées aux livraisons. Le cuisinier se transforme alors en chauffeur et avale les kilomètres. «Je livre des magasins ou chez d’autres transformateurs qui vendent pour nous, à Roye, Péronne, Montdidier, Amiens… Certains de nos produits partent même à Paris.» Les frères endossent régulièrement leur casquette de vendeur aux marchés du coin. «En présentant nos produits, on donne une bonne image de l’agriculture. C’est valorisant.»

Pas de temps pour l’ennui
Depuis quelques semaines, il vendent aussi des caissettes de viande de bœuf, de blondes d’aquitaine ou de limousines engraissées à la ferme. Et une fois par an, les Potel organisent une grande porte ouverte, dans la cour de la ferme. «On y met des tables, des barnums, et on sert cinq cents repas à la journée. Parcours de jeux pour enfants dans la paille, groupe de musique… C’est toujours un super moment». En 2018, la famille a donné rendez-vous le dimanche 6 mai. «Avec tout ça, on n’a pas le temps de s’ennuyer !», plaisante Joshua.
Ces multiples activités impliquent une organisation rigoureuse. «Il y a des temps à respecter pour transformer le lait.» Comptez un mois entier, du lait à la sortie de cave, pour pouvoir déguster un Rollot moulé à la main, traditionnellement en forme de cœur. Les 9 000 beurres à l’année prennent aussi beaucoup de temps à fabriquer : «Le plus long est de peser et de mouler les portions de 250 grammes. Je m’assure qu’il y ait toujours quelques grammes en plus, pour satisfaire les clients.»
Pour tout mener de front, pas de place pour l’approximation. Joshua est méthodique. Surtout qu’en dehors de son activité professionnel, l’emploi de temps est aussi bien chargé : «le football est un de mes loisirs. Je suis joueur et dirigeant du club de foot de Marchélepot.» Entrainements hebdomadaires, matchs le dimanche matin… Autre engagement dans la commune de près de cinq cents âmes, dont le maire n’est autre que son père : Joshua est conseiller municipal. Réunions de conseils, responsabilités…
Mais ce qui l’anime le plus est le théâtre. Le jeune homme sort de sa réserve dès qu’il en parle. «Quand je monte sur scène, je ne suis plus l’agriculteur timide. J’ai beau jouer devant trois cents personnes, je n’ai même pas le trac !» Faire rire est devenue une passion. Une fois par semaine, Joshua répète donc avec la troupe des «Picards divaguent», qu’il a intégrée il y a quatre ans. Deux représentations sont programmées chaque année, «dans la salle des fêtes de la commune pleine à craquer !».

Penser au théâtre en malaxant le beurre
Les sept acteurs interprètent même désormais les comédies qu’il écrit lui-même. «J’en suis à ma cinquième pièce. L’idée me vient d’un coup, parfois pendant que je fais du beurre ou du fromage.» Quand l’inspiration est là, Joshua la couche tout de suite sur papier, pour ne pas perdre le fil. «Je suis capable d’écrire une pièce d’une heure et demie en trois jours !» La dernière inspiration, à l’occasion des cent ans de la guerre : l’histoire farfelue d’un aviateur français blessé, que des agriculteurs déguisent en femme pour le cacher dans leur ferme… Un soldat allemand n’y verra que du feu et tombera amoureux du soldat. «Une situation très gênante qui a bien fait marrer les spectateurs.» La prochaine représentation est prévue le 25 novembre.

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