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Journée Mont Blanc : des alternatives aux contraintes

Quatre planteurs de Saint Louis Sucre ouvrent leurs fermes en 2018 pour accueillir les journées Mont Blanc, rencontres techniques où l’agronomie est au cœur des échanges. Ce 15 mai, rendez-vous été donné chez François Levier, à Rollot.


Néonicotinoïdes. Le terme revient dans toutes les discussions autour de la betterave, ces derniers jours, après l’interdiction de trois d’entre eux par la Commission européenne, le 27 avril. Il en était bien sûr question lors de la journée Mont Blanc qu’organisait Saint Louis Sucre ce mardi 15 mai, chez François Levier, à Rollot.
«Nous avons deux façons de gérer ces contraintes, annonçait Thomas Nuytten, de Saint Louis Sucre. Nous réagissons, avec les institutions comme l’IBS, en demandant des dérogations pour la betterave. Ensuite, nous devons avancer, innover et amener des alternatives. C’est tout l’objet de cette journée Mont Blanc.» Au menu : quatre thèmes liés aux contraintes de la culture betteravière, organisés sous forme d’ateliers, animés par des experts.

Anticiper les contraintes phyto
Premier thème : anticiper les nouvelles contraintes phyto. Et le premier levier est tout simplement la biodiversité présente dans les parcelles. Raphaël Rouzes, entomologiste, présentait un échantillon de la faune auxiliaire des cultures de betteraves du secteur. «Les agriculteurs connaissent bien les ravageurs, mais peu les auxiliaires, pourtant très utiles dans la lutte contre les ravageurs», explique le spécialiste. Trois catégories sont distinguées : les généralistes, comme les araignées, qui peuvent manger à peu près tous les ravageurs, les parasitoïdes, comme les guêpes solitaires, qui pondent leurs œufs dans les ravageurs, ensuite dévorés par les larves, et les pathogènes, tels les bactéries, les champignons et les virus. Des espaces sauvages aux abords de ces cultures permettent de les préserver. Les insecticides, en revanche, les touchent bien souvent autant que les ravageurs. «Plus les molécules sont généralistes, plus elles détruisent. Les molécules spécialistes sont plus intéressantes, mais malheureusement, ce sont celles-ci qui sont menacées d’interdiction.»
Autre alternative aux contraintes phyto : le désherbage mécanique. Et sur ce point, Garford a épaté avec une démonstration de sa bineuse sur le rang dernier cri : elle désherbe mécaniquement tout autour des plants. Son guidage Robocrop InRow utilise une caméra vidéo digitale pour capturer les images de la planche à travailler. Le tout est retransmis sur la console en cabine. Celle-ci ajuste constamment la rotation des disques en fonction de la variabilité de distance entre chaque plant. La précision de travail est de près de 10 mm autour du feuillage de la plante. Comptez tout de même 150 000 E pour un tel bijou.

Réussir les campagnes longues
Deuxième thème : évoluer pour réussir les campagnes longues. Cette fois, il s’agissait de la présentation du semis sous bâche, technique de plus en plus fréquente en maïs, tournesol, soja et sorgho, mais encore en test pour les betteraves. L’objectif : «semer plus tôt, mais conserver des rendements convenables», explique Pierre Gerreau, responsable du service agronomique chez Saint Louis Sucre. Le plastique est en fait placé en même temps que le semis et un désherbage, grâce à un semoir adapté que présentait Samco. Le film a un effet serre et, en emmagasinant l’énergie solaire, il permet une meilleure levée des betteraves. Preuves à l’appui, puisque les quelques rangs sous plastique de l’agriculteur sont deux fois plus développés que ses voisins dépourvus de protection, quatre semaines après les semis. A Moreuil, pendant la précédente campagne, un planteur a même gagné 16,3 t à l’hectare grâce à cette pratique. Quelques inconvénients néanmoins : les adventices sont elles aussi stimulées par cet effet serre et les plastiques biodégradables, en amidon de maïs, se désintègrent moins vite que ceux à base de pétrole. Comptez enfin 300 E/ha pour semer, contre environ 50 E d’ordinaire.
Les semenciers, ensuite, présentaient les solutions que les planteurs peuvent attendre de la génétique. Betaseed, par exemple, une société de semences américaine, travaille sur deux axes de développement : les variétés pour des semis précoces, et celles pour les semis tardifs. Pour les premières, il s’agit de sélectionner les plus lentes en termes de montée en graines. La technologie ultipro leur permet ensuite une levée ultra-rapide :
cent-vingt jours pour une production de sucre suffisante. En arrachage tardif, «notre objectif est de faire de cette contrainte une opportunité, en faisant en sorte que la betterave continue à se développer dans le bon sens», explique le représentant. Les recherches sont alors axées sur les résistances aux maladies foliaires, car une betterave qui entre saine dans un silo est une betterave qui se conserve mieux.

Optimiser les coûts de production
Troisième thème : réduire et optimiser les coûts de production. Le premier levier est un bon réglage du semoir. «Un bon réglage, c’est 15 t/ha sauvées», assure-t-on chez Saint Louis Sucre. Quatre conseils :
semer au plus près de la préparation du sol, selon les conditions météorologiques, se munir d’un chasse-mottes pour écarter les mottes et positionner les graines dans la zone de sol humide, semer à une profondeur de 2 à 2,5 cm et vérifier le plombage et le recouvrement de la graine.
Une fois la levée, il faut s’assurer que le niveau de population est suffisant. Pour cela, comptez les levées à différents endroits de la parcelle, sur des placettes de quatre rangs par 5 mètres de long. Estimez la population à l’hectare, indicateur de la qualité de semis et du rendement, en réalisant une simple multiplication (pour un semis de 45 cm, la population est égale au nombre de pieds comptés x 1 111). Si la population est supérieure à 95 000, la qualité de levée est optimale. Si elle est entre
95 000 et 50 000, elle est insuffisante, mais le resemis n’est pas justifié. Sous 50 000, en revanche, le resemis est à envisager. L’agriculteur pourra alors faire jouer la garantie de semis Saint Louis Sucre : 400 ha de semences provisionnées pour ressemer 0,5 % des surfaces victimes chaque année de conditions climatiques ou de pressions de ravageurs.
Moins artisanal, Wanaka et Agroptimize présentaient dans ce cadre son outil d’aide à la décision de resemis. À partir du comptage précis du nombre de plants au sein de la parcelle par télédétection, l’OAD permet de déclencher un conseil de resemis des betteraves dans les zones à faible levée. Sur les soixante-quatre micro-parcelles testées en 2017, la différence entre le comptage terrain et les données de télédétection est de 1 %.
Et pour pousser la rentabilité, un protocole Mont Blanc, qui consiste en l’interprétation de l’imagerie satellite grâce à un drone, puis aux mesures de rendement dans les champs, a été mis en place. Il s’agit en fait d’une photo satellite, qui permet de sectoriser la parcelle en fonction de son type de sol. La densité de semis sera alors adaptée aux différentes zones, grâce à un semoir capable de moduler. Les doses de semis sont programmées et enregistrées sur une carte lue par la console. Les essais Mont Blanc 2017 sont encourageants : les rendements obtenus grâce à la modulation de doses sont relativement homogènes, malgré les natures de sol différentes.

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