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Julien Vagniez : la rotation est la base des systèmes économes et performants

Des agriculteurs des groupes Dephy témoignent sur leurs pratiques pour réduire l'utilisation des phytos.

© AAP


Dans cette ferme située en bord de vallée entre Chauny et Soissons (Aisne), la rotation comprend cinq cultures sur environ 200 ha. La succession des cultures est ici un atout pour la gestion des bioagresseurs et du désherbage, au-delà des seuls critères économiques. «J’ai toujours eu la volonté de conserver une diversité de cultures sur l’exploitation. Cela n’est pas toujours évident, notamment pour des raisons économiques», affirme Julien Vagniez.
Le calcul des marges ne prend vraiment du sens qu’au niveau de la rotation : par exemple le maïs est une culture qui se désherbe facilement, ce qui permet ainsi de baisser la charge en herbicides sur le blé suivant (économie d’un traitement anti-graminée). Dans une rotation plus simple, le coût aurait été supérieur.
Les critères de construction de la rotation sont le respect des délais de non-retours et le type de terre afin de garantir de bons rendements pour les cultures plus exigeantes comme le lin et la betterave.

Les atouts d’une rotation diversifiée
Julien Vagniez insiste : «avoir 50 de cultures de printemps et d’automne, c'est un atout vis à vis du désherbage. D’une part les matières actives sont plus variées ce qui permet d’éviter les résistances, d’autre part l’alternance des travaux du sol perturbe le cycle des adventices».
L'agriculteur dispose d’un séchoir : de quoi dégager plus de marge en maïs grain que s’il était livré pour séchage. "Ces dernières années le maïs pouvait être la culture la plus rentable de la ferme. Malgré la baisse des prix, je le maintiens car il nettoie les parcelles», indique-t-il.
Au niveau économique, une rotation équilibrée permet de mieux répartir les risques. «J’ai conservé le colza bien qu'il dégage une mauvaise marge en moyenne : certaines années sèches, il peut sortir son épingle du jeu alors que d’autres cultures pâtissent de l'absence de pluie, comme le lin. Malgré des résultats très variables, le lin est peu traité et peu fertilisé. Les bonnes années, la marge va être aussi bonne que pour une betterave, je le conserve donc aussi pour casser les cycles de maladies et varier les désherbages».

Peu d’inconvénients
Julien Vagniez reconnaît que les implantations après maïs ou betteraves peuvent être difficiles pour les blés, et le labour est parfois incontournable. Une bonne implantation est en effet le premier facteur de rendement.
Ceci est d’autant plus vrai après les arrachages de betteraves dans des conditions difficiles, avec les équipements très lourds qui passent dans les parcelles. «La simplification du travail du sol que j'ai engagée sur mon exploitation se heurte à l’exigence de maintenir une bonne structure de sol», constate l'agriculteur.

Et la protection intégrée ?
«Mon objectif, poursuit-il, est d’optimiser la marge économique. C'est dans cette optique que je me suis engagé dans la réduction de l'usage des phytos». Dès son installation en 2004, Julien Vagniez a pratiqué la protection intégrée sur les blés : choix de variétés tolérante à la verse et à la septoriose, semis fin octobre, désherbage au printemps, impasses sur les régulateurs et sur les insecticides la plupart des années, observation des seuils pour les maladies, sans réduction particulière de dose.
Les résultats étaient très bons, mais l’objectif de l'agriculteur a un peu changé vu le contexte de prix du blé élevés : «tout en conservant le même coût de 50 euros par hectare pour la protection phyto, j’ai voulu prendre davantage de garanties en étalant la protection dans le temps, quitte à baisser les doses».
Julien Vagniez s’est donc lancé dans des applications en bas-volume plus préventives. La première application est tout de même déclenchée sur la base d’observations, mais avec moins de tolérance sur les seuils. Résultat, «j’ai tout de même augmenté un peu mes coûts, mais je n'ai rien à redire sur la protection, les applications sont très efficaces», commente-t-il.

Des conseils
"Améliorer l'efficacité des traitements" : pour Julien Vagniez c'est le premier pas à faire dans la démarche de réduction des phytos. Car vouloir les réduire n’a pas de sens si la moitié de la dose se volatilise à cause de mauvaises conditions d'application. Il faut donc soigner au maximum ces conditions : 60 d’hygrométrie, adjuvants et traitements de l’eau. Ensuite, Julien Vagniez conseille à chaque agriculteur de faire ses propres essais. Sur les fongicides du blé c’est relativement facile.

Des pistes pour améliorer le système
Julien Vagniez détaille ses pistes : «Je dispose d’une bineuse à moulinets que je voudrais mieux rentabiliser : après le T3 je vais faire deux passages sur betteraves cette année si la météo le permet. Je pense qu’il est difficile de faire moins de trois désherbages en plein». Cela devrait permettre de baisser l’IFT herbicides d’un point.
Il se lance également dans les colzas associés aux légumineuses. «En adoptant un désherbage allégé à l’implantation et un semis précoce, les légumineuses associées apportent de l’azote et peuvent éviter un désherbage si elles sont bien développées». Des essais à suivre et à multiplier dans la région.

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