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Élevage porcin
La filière porc sous la menace du règlement transport

Les différentes mesures prévues dans la proposition de la Commission européenne affecterait grandement la rentabilité du secteur en France, mais aussi à l’échelon européen, estime une étude de l’Institut du porc (IFIP).

L’adoption de la proposition de règlement européen sur «la protection des animaux pendant le transport et autres opérations annexes» représenterait un surcoût très important pour les filières porcines française et européenne.
L’adoption de la proposition de règlement européen sur «la protection des animaux pendant le transport et autres opérations annexes» représenterait un surcoût très important pour les filières porcines française et européenne.
© Frédéric Masson

L’adoption de la proposition de règlement européen sur «la protection des animaux pendant le transport et autres opérations annexes» représenterait un surcoût très important pour les filières porcines française et européenne. Elle serait en outre complexe à mettre en œuvre et cela sans pour autant garantir d’amélioration du bien-être 
animal.

Ce sont là les conclusions d’une évaluation économique, sociale et environnementale menée par l’Institut du porc (Ifip) présentée le 3 décembre dernier à Paris lors d’une réunion de présentation de travaux récents menés par l’institut technique. «Nous avons chiffré la facture globale des mesures énoncées en décembre 2023 par la Commission européenne dans sa proposition de modification de l'actuelle législation transport à 107 M€ par an, soit 4,50 € par porc charcutier abattu», explique Patrick Chevillon, ingénieur à l’Ifip et auteur de l’étude. «D’après une extrapolation menée au niveau européen avec le Copa-Cogeca auprès des douze premiers pays producteurs, on aboutit à un surcout moyen de 7,20€ en Europe, avec quelques pays particulièrement affectés comme l'Espagne, l'Allemagne et le Danemark», poursuit-il, soit en raison des surcouts entrainés par les températures estivales élevées soit par le transport des porcelets. Soit une facture pour la filière européenne de près de 1,4 milliards d’euros (Md€) et une hausse des prix de 30cts/kilo de la viande fraiche et de 55 cts/kilo de la charcuterie pour les consommateurs.

Des vétérinaires, mais quels vétérinaires ?

En France, c’est la charge vétérinaire qui représenterait près des trois-quarts du surcoût induit par le changement de la réglementation. La proposition actuelle impose en effet une visite vétérinaire de l'ensemble des porcs avant tout départ vers l'abattoir. «Une visite vétérinaire de chaque lot de porcs, même bien organisée, aura un coût important car ce sont souvent des visites de nuit avec des frais kilométriques élevés», indique Patrick Chevillon. «C’est également irréaliste car on ne voit pas quel vétérinaire serait prêt aujourd’hui à assurer ce service». Le système actuel d’auto-contrôle s’effectue aujourd’hui à un prix très limité. La limitation du temps de transport à 9 heures vers l'abattoir ne serait pas non plus sans conséquence financière. «Si les temps supérieurs de transports ne représentent que 4 % des porcs charcutiers abattus en France (en raison de la concentration de l’élevage et de l’abattage dans l’Ouest du pays, Ndlr), quatre abattoirs du sud de la France seraient en péril à très court terme», note l’auteur qui relève qu’une de ces entreprises collecte 36 % de ses porcs abattus à plus de 9 heures. La mesure impacterait également le transport des truies de réforme dont plus d’un tiers parcourent plus de neuf heures soit sur le territoire national, soit à l’export.

Autre point impactant : la limitation des durées de transport ou des plages de transport selon la température extérieure ou les données météo prévisionnelles, avec des restrictions d’heures de transport dès que la température dépasse 25 degrés (°C) et des transports de nuit obligatoires au-delà de 30°C. «En 2022, on a recensé 24 jours ouvrés à plus de 30°C et deux mois à plus de 25°C», relève l’expert. «On aura besoin de beaucoup plus de transporteurs, alors même que c’est un métier en tension».

Des mesures hors-sol

Enfin, la réduction des densités prévue dans le texte mènerait à un renchérissement des chargements. Pour les petits porcelets de 8 kg, près de 50 % de surface supplémentaires serait nécessaire, 65 % de plus pour les porcelets de 28 kg et 33% de plus pour les porcs charcutiers. «D’après nos estimations, il faudrait mettre 129 camions supplémentaires sur les routes et embaucher le double de transporteurs, avec un bilan carbone dégradé», poursuit Patrick Chevillon. Alors même que le bénéfice sur le bien-être des animaux «reste largement à démontrer» selon l’ingénieur de l’Ifip, la présentation a fait bondir les professionnels présents à la table-ronde. «Ces propositions semblent avoir été émises par des observateurs hors-sol, qui ne savent même pas ce que c’est qu’un cochon», s’est emporté François Valy, le président de la Fédération nationale porcine. «Diminuer les capacités de chargement risque de créer de l’inconfort, voire des blessures, aux animaux. Quant à l’obligation de faire venir un vétérinaire pour chaque chargement, c’est une aberration, alors que l’on peine à trouver des praticiens dans la ruralité.»

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