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La fin du broyage des poussins se précise

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a annoncé «la fin du broyage des poussins» mâles pour 2022. Accompagnée par l’État, la filière est prête à mettre en place des alternatives, mais elle demande une équité sur le plan européen.

Pour accompagner les professionnels dans un investissement de «plusieurs millions d’euros», «l’État accordera 10 millions d’euros sous forme de subventions, dans la limite de 40 % du montant de chaque investissement», dans le cadre  du plan France Relance, a annoncé le ministre de l’Agriculture. 
Pour accompagner les professionnels dans un investissement de «plusieurs millions d’euros», «l’État accordera 10 millions d’euros sous forme de subventions, dans la limite de 40 % du montant de chaque investissement», dans le cadre du plan France Relance, a annoncé le ministre de l’Agriculture. 

D’ici «la fin de l’été», un projet de décret devrait imposer aux couvoirs de poules d’avoir «installé ou commandé» au 1er janvier prochain un appareil permettant de détecter le sexe des poussins dans l’œuf. Cette annonce du ministre de l’Agriculture s’inscrit dans une volonté désormais partagée avec l’Allemagne de mettre fin à l’élimination des poussins mâles après naissance d’ici 2022. Début 2020, la France avait annoncé vouloir «interdire d’ici fin 2021» le broyage des poussins. L’Allemagne a, de son côté, voté en mai une loi interdisant le broyage des poussins mâles à partir du 1er janvier 2022. «Au 1er janvier 2022, tous les couvoirs de poules devront avoir installé ou avoir commandé des machines permettant de détecter le sexe des poussins dans l’œuf, avant éclosion», a déclaré Julien Denormandie dans un entretien au Parisien le 18 juillet dernier, ce qui permettra de mettre fin à l’élimination de «50 millions de poussins mâles juste après leur naissance chaque année en France». «Le Conseil d’État sera saisi à la fin de l’été d’un projet de décret précisant ces nouvelles obligations», a ensuite assuré M. Denormandie, et les appareils «devront obligatoirement être installés et mis en service dans le courant de l’année» dans les cinq couvoirs concernés. Selon lui, «les machines seront installées pour deux tiers de la production» du pays «dès la fin du premier trimestre 2022». 

 

Les éleveurs de la CFA «déçus»

Sitôt les annonces du ministre, les éleveurs de la Confédération française de l’aviculture (FNSEA) se sont dits «déçus». Ces derniers souhaitaient plutôt une mise en place «progressive et sécurisée afin d’éviter la délocalisation et la concentration de l’accouvage et à condition que le surcoût ne soit pas pris en charge par les éleveurs». Pour la CFA, la réglementation par décret annoncée par le ministre de l’Agriculture «balaie d’un revers de main les inquiétudes des éleveurs et les condamnent à subir et à financer une nouvelle fois une transition à marche forcée», regrette-t-elle dans un communiqué du 19 juillet. Du côté du CNPO, l’interprofession des œufs, les annonces ministérielles semblent avoir été mieux accueillies, même si l’organisation qui regroupe émet quelques réserves : «Les professionnels français des œufs sont d’ores et déjà en ordre de marche pour réaliser tous les aménagements et investissements nécessaires et compte-tenu des délais serrés, feront le maximum pour respecter les échéances annoncées», a-t-elle indiqué le 19 juillet. Mais, poursuit-elle, ce changement aura de manière évidente un coût «élevé» : «Outre les 15 millions d’euros d’investissements nécessaires pour l’équipement des couvoirs, la filière a évalué à 64 millions d’euros par an, les frais de fonctionnement à supporter par les éleveurs, soit 4 % du CA annuel de la filière.» 

Dans le même temps, le CNPO fait remarquer que l’application de ces nouvelles techniques aura «des répercussions inévitables sur le coût de production des œufs et des ovoproduits». La filière estime, par exemple, ce surcoût à un minimum de trois centimes d’euro pour une boîte de six œufs. Le CNPO demande donc au ministre de l’Agriculture d’accompagner la filière afin de garantir la répercussion intégrale de ce surcoût dans le prix final des œufs vendus en distribution ou sous forme d’ovoproduits pour l’industrie et la Restauration hors domicile. 

Pour accompagner les professionnels dans un investissement de «plusieurs millions d’euros», «l’État accordera 10 millions d’euros sous forme de subventions, dans la limite de 40 % du montant de chaque investissement», dans le cadre du plan France Relance, a pour sa part détaillé le ministre de l’Agriculture.

Des émules ailleurs en Europe

L’engagement de la France et de l’Allemagne à interdire le broyage des poussins dans un délai désormais court crée une dynamique ailleurs en Europe. Lors d’un conseil des ministres de l’Agriculture des Vingt-sept, le 19 juillet, la proposition franco-allemande a en effet reçu le soutien d’une dizaine d’États membres (Luxembourg, Finlande, Chypre, Irlande, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Grèce, Slovaquie, Portugal). D’autres pays restent en revanche réticents.  Alors que le ministre français de l’Agriculture a précisé que «les alternatives sont opérationnelles», un certain nombre d’autres ministres ont toutefois insisté sur les coûts que cette interdiction pourrait avoir sur les producteurs et en bout de chaîne sur les consommateurs. Ils ont également mis en avant le risque de concurrence de produits venant de pays tiers. En France, ce que redoute avant tout l’interprofession de l’œuf (CNPO), c’est une concurrence déloyale intra-européenne. L’organisation «se félicite de l’engagement du ministre, déterminé à promouvoir l’extension des méthodes alternatives à l’élimination des poussins mâles à l’ensemble des pays de l’Union européenne (…) afin d’éviter les risques de distorsion de concurrence et de perte de compétitivité pouvant entraîner des importations d’œufs et d’ovoproduits issus de pays non soumis à cette réglementation». 

Sans s’engager formellement, la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a quant à elle répondu que le sujet serait évalué dans le cadre de l’étude d’impact qui accompagnera ces propositions de révision de l’ensemble de la législation communautaire sur le bien-être animal attendues pour 2023. 

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