Aller au contenu principal

La fin du plastique interroge les endiviers

L'interdiction programmée du plastique pour les emballages de fruits et légumes à partir du 1er janvier 2022 s'est invitée dans les débats de l'assemblée générale de l'Union des endiviers.

La fin du plastique pour l’emballage des fruits et légumes, dont l’endive en petits conditionnements, continue d’interroger la filière.
La fin du plastique pour l’emballage des fruits et légumes, dont l’endive en petits conditionnements, continue d’interroger la filière.
© D. R.

La décision est bien actée, et il ne semble désormais plus possible de faire machine arrière. Conséquence de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, l’utilisation du plastique pour les fruits et légumes frais pour des conditionnements de moins de 1,5 kg sera interdite à partir du 1er janvier 2022. La production endivière est directement impactée, ce qui inquiète nombre de producteurs. Alors que des travaux sont en cours au sein d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes, pour «trouver des solutions», pour l’heure, il apparaît que les solutions alternatives satisfaisantes en termes de coût et de praticité ne sont pas légion. Il y a donc urgence.

 

Une exemption pour certains produits ?

Pour Bertrand Rival, le directeur de Légumes de France, la messe est pourtant dite, et ce n’est pas le récent remaniement ministériel qui y change quelque chose : «Nous étions contents de voir partir Brune Poirson, mais au final, on se rend compte qu’avec Barbara Pompili, nous ne sommes pas mieux lotis...» Le changement de tête au ministère de l’Agriculture n’aurait quant à lui que peu d’incidence :
«Nous n’avons pas encore eu beaucoup d’échanges avec Julien Denormandie, regrette M.Vidal. Mais il ne faut pas se voiler la face. Sur un dossier comme celui des emballages, ce n’est pas lui qui est à la manœuvre (…) Les discussions que nous avons aujourd’hui avec les pouvoirs publics ne portent plus sur le fond, mais sur la possibilité de créer de exceptions en argumentant sur le risque de détérioration du produit». L’analyse de ce dossier montre aussi une autre incohérence, dont la profession agricole commence à avoir l’habitude, sans pour autant l’accepter : «L’interdiction du plastique porte sur la distribution, constate en effet  Bertrand Rival. Les producteurs pourront donc continuer à l’utiliser, mais c’est la grande surface, le primeur ou le grossiste qui devra s’en débarrasser...» Endivier dans la commune de Vélu (62), ancien président de l’Union des endiviers, Daniel Bouquillon constate quant à lui d’ores et déjà un «forcing» de certaines enseignes auprès de producteurs pour limiter l’utilisation d’emballages plastique. Au fil des mois et à mesure que l’on se rapproche de l’échéance, cette pression pourrait augmenter.

 

Craintes sur la traçabilité

Pour le directeur de Légumes de France, l’emballage d’un certain nombre de fruits et légumes garde son utilité pour aussi un certain nombre d’autres raisons : «Si l’on emballe nos produits, c’est pour les protéger dans le rayon. C’est une mesure d’hygiène et aussi une manière de segmenter les gammes. Si demain, on ne sait plus différencier différents produits au sein d’une gamme, on peut craindre que les distributeurs ne proposeront plus qu’un nombre restreint de références. Il en sera fini des endives de couleur, de différentes tailles, etc». Se poserait également une question de traçabilité : «Comment garantir une origine, une variété, des critères qualitatifs si on ne peut plus les indiquer sur un emballage», interroge Bertrand Rival. Enfin, s’ajoute une dernière difficulté. Au sein de l’interprofession légumière où siègent des représentants de la production bio, ces derniers ne verraient pas forcément d’un mauvais œil la fin du plastique pour l’emballage. L’affaire est donc à suivre.

Une campagne «plutôt satisfaisante»

Compte de résultat positif sur l’exercice 2019 (+ 333 €), quasi stabilité du nombre d’adhérents (119), un tonnage en hausse (86 044 tonnes) et un déroulement de campagne plutôt favorable étaient de nature à donner le sourire aux responsables de l’Union des endiviers, ce mardi 25 août. «Le stock de racines disponibles étant plutôt faible, cela a permis un équilibre entre offre et demande, a ainsi détaillé Philippe Bréhon, co-président du syndicat. Les prix de vente ont été raisonnables». Contre toute attente, l’épidémie de Covid-19 n’a quant à elle pas eu d’impact négatif sur la consommation, «même si dans les endiveries, cela n’a pas été facile à gérer». Enfin, «une meilleure organisation des producteurs au sein d’organisations de producteurs (OP) a aussi permis de maintenir un prix rémunérateur», s’est réjoui M. Bréhon. Mais dans un contexte en apparence favorable pour la production, le quotidien de l’Union des endiviers n’en reste pas moins occupé par la défense des intérêts des producteurs, a rappelé la co-présidente Claire Lefèvre. «Notre première mission reste la défense syndicale de notre production dans une période où l’agriculture est régulièrement montrée du doigt», a-t-elle dit. Autre sujet d’importance, en parallèle aux questions sociales, au sein du syndicat, comme plus largement au sein de la filière fruits et légumes, la décision finale de l’Autorité de la concurrence concernant une suspicion d’entente au sein de la profession endivière reste très attendue. On devrait en effet connaître le 29 octobre prochain la décision finale. Pour l’Union des endiviers, le verdict que l’on espère «favorable» selon les mots de Philippe Bréhon pourrait (enfin) mettre fin à plusieurs années de procédure et à l’accumulation de factures de frais de justice.


Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Qualipom événement pommes de terre
Qualipom’ 2025 : la filière pomme de terre se donne rendez-vous le 26 juin à Villers-au-Flos

Le salon régional dédié à la pomme de terre revient pour une 10ᵉ édition très attendue, le 26 juin 2025 à …

moratoires gibier d'eau Pannier-Runacher chasse Willy Schraen CNCFS
Les chasseurs de gibier d’eau très remontés contre leur ministre de tutelle

Alors que les scientifiques européens recommandent la prudence sur seulement trois espèces d’oiseaux migrateurs, le ministère…

Safer Hauts-de-France foncier Xavier Flinois Benoît Thilliez
Un jeune agriculteur à la tête de la Safer Hauts-de-France

Benoît Thilliez, 38 ans, a été élu à l’unanimité à la présidence de la Safer Hauts-de-France où il succède à Xavier Flinois,…

plaine en fête Saint-Valery-sur-Somme baie de somme
Plaine en fête à Saint-Valery : cap sur 15 000 visiteurs fin août

Les Jeunes Agriculteurs de la Somme préparent activement le grand rendez-vous agricole de l’été, les 30 et 31 août 2025, face…

taureau accident prévention Corrèze insémination
Une stagiaire de 19 ans tuée par un taureau sur une exploitation

Jeudi 26 juin à Masseret (Corrèze), une jeune femme en formation avec un inséminateur a perdu la vie après avoir été…

Lors du repas champêtre, l’association a vendu une quarantaine de kilos de pommes de terre.
Récoltée à la main, cette pomme de terre ne se déguste qu’en baie de Somme

L’association des paysans du sud de la baie de Somme a marqué le lancement de la campagne de sa pomme de terre primeur en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde