Commerce international
La France exportera près de la moitié de ses céréales
Cette campagne-ci, notre pays ambitionne la commercialisation de 28 Mt de blé, d’orges et de maïs en Union européenne et à des pays tiers. Mais la concurrence est rude.
Cette campagne-ci, notre pays ambitionne la commercialisation de 28 Mt de blé, d’orges et de maïs en Union européenne et à des pays tiers. Mais la concurrence est rude.
Lors du dernier conseil spécialisé «Grandes Cultures», FranceAgriMer a affiné les objectifs de campagne à l’export en s’appuyant sur les dernières données de collecte de grains disponibles auprès des organismes stockeurs. Selon l’organisme public, 33,2 millions de tonnes (Mt) de blé et 11,9 Mt d’orges ont été produites cette année. Ces nouvelles prévisions sont globalement inférieures de 200 000 tonnes aux annonces faites au mois de septembre dernier, mais les récoltes de blé et d’orges sont toujours supérieures de 29 % et 21 % à celles de 2024. A contrario, la récolte de blé dur est à peine plus élevée que l’an passé (1,28 Mt ; +4,8 %), et celle de maïs (12,6 Mt) inférieure de 8,3 %. Ce panorama céréalier serait incomplet sans mentionner les productions de triticale (1,5 Mt ; +36 %), mais aussi de sorgho (300 000 t), d’avoine (475 000 t) et de seigle (111 000 t).
Ces céréales secondaires sont essentiellement réservées à l'approvisionnement du marché français alors que 28 Mt de blé, d’orges (en partie sous forme de malt) et de maïs sont destinées à l’export. Ces ventes seront supérieures de 44 % à l’an passé sans pour autant atteindre des sommets. Mais comparée à la situation de crise d’alors, notre pays a de nouveau les moyens de faire partie des principaux pays exportateurs de la planète en commercialisant près de la moitié de sa production. Selon FranceAgriMer, 7 Mt de blé et 3,3 Mt d’orges (dont 650 000 tonnes sous forme de malt) sont ainsi susceptibles d’être expédiées vers l'Union européenne auxquelles s’ajoutent 4,5 Mt de maïs. Comparée à l’an passé, la France n’y écoulera que 200 000 t de blé en plus que l’an passé, mais vendra 100 000 t d’orges en moins. Les ventes de maïs diminueraient aussi de 200 000 tonnes, mais celles de blé dur (610 000 t) resteraient similaires.
Faiblesse des cours
Lorsque les contingents d’exportations de céréales ukrainiennes à taux zéro sur le marché européen seront atteints, la France vendra les siennes plus facilement que ces dernières semaines. C’est pourquoi FranceAgriMer a réévalué de 300 000 t les livraisons de maïs comparées à sa prévision du mois de septembre dernier. Cette année, FranceAgriMer s’attend à une nette reprise des exportations de grains vers les pays, permise par le retour d’une production céréalière au niveau des campagnes antérieures à 2024-2025. Environ 7,8 Mt de blé seraient ainsi vendues d’ici la fin du mois de juin 2026 (+ 124 % sur un an) auxquelles s’ajouteraient 3,7 Mt d’orges (+28 %), dont 700 000 t sous forme de malt. Mais les ventes de blé dur et de maïs resteront confidentielles (environ 100 000 tonnes pour chacune des céréales). Pour autant, la France achèverait la campagne avec des stocks de grains supérieurs de plusieurs centaines de milliers de tonnes à ceux de 2024. À moins qu’elle ne saisisse, dans les prochaines semaines, de nouvelles opportunités commerciales. Actuellement, les céréales sont toutes exportées à des prix nettement inférieurs à leurs coûts de production. Mais sur le marché français, la faiblesse des cours du blé profite à l’industrie de l’alimentation animale. Sur les 8,7 Mt de grains qu’elle transformera, 4,7 Mt seront du blé, soit 200 000 t de plus que la campagne passée.
Engrais, carbone et taxes : la FNSEA lance un cri d’alarme
«Mais où va l’Europe ? L’Union européenne s’est construite sur l’agriculture, c’est elle qui en a été le socle, le moteur, la fierté. Et aujourd’hui, cette même Europe tourne le dos à ceux qui la nourrissent», s’inquiète le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau dans un communiqué du 30 octobre. Dans son viseur : la mesure d’ajustement carbone aux frontières qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Cette taxe qui pèse en particulier sur les engrais va «provoquer une explosion des coûts de production intenables. C’est la taxe de trop», s’insurge la FNSEA. Selon le syndicat majoritaire cette taxe «pourrait atteindre 144 € par tonne d’urée importée. Un choc économique majeur, qui frapperait ainsi de plein fouet les trésoreries agricoles déjà au bord de la rupture». L’organisation agricole qui qualifie cette taxe «de non-sens économique, environnemental et politique», demande son report sine die et aux dirigeants français et européens de «revoir leur copie».