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La hausse des prix agricoles est «digérable» par la distribution

Selon l’Observatoire des prix et des marges, la marge réalisée au rayon est peu influencée par les prix de l’amont agricole.

Le rapport de l’Observatoire montre que la marge nette du rayon boucherie est négative. Le poids des charges salariales serait une des principales explications.
Le rapport de l’Observatoire montre que la marge nette du rayon boucherie est négative. Le poids des charges salariales serait une des principales explications.
© Stéphane Leitenberger

Dans un contexte tendu par l’envolée des prix des matières premières, le monde agricole attendait avec impatience de connaître les marges des distributeurs. Pour la première fois, sept grandes enseignes (Intermarché, Casino, Leclerc, Auchan, Carrefour, Système U, Cora) ont divulgué leur marge nette, rayon par rayon, filière par filière, à l’Observatoire des prix et des marges. Le rapport qu’il a rendu le 13 novembre montre que l’agriculture est une composante très minoritaire des prix alimentaires. La marge réalisée au stade du rayon est peu influencée par les prix de l’amont agricole. Ainsi, la hausse des matières premières, essentielle pour les filières d’élevage, a été «digérable» par l’aval, notamment par la distribution, a détaillé Philippe Chalmin, président de l’observatoire.
En effet, sur 100 euros de dépenses alimentaires, moins de 8 reviennent actuellement à l’agriculture, 11 euros aux industries agroalimentaires, loin derrière le commerce (21 euros). Ces données, déjà constatées en 2011 par l’observatoire, sont confirmées et complétées par l’analyse de la marge nette qui met en lumière le fait que l’importance des marges par rayons est davantage corrélée aux frais du rayon qu’aux prix pratiqués par l’amont. Raison évoquée par Philippe Chalmin : «nous achetons des produits de plus en plus élaborés».

L’importance des charges de personnel
Ainsi, le rayon qui dégage la plus forte marge (5,9 euros pour un chiffre d’affaires de 100 euros) est celui de la volaille. Raison : de faibles charges de personnel, ce rayon étant majoritairement en libre-service. Le rayon de la charcuterie génère 5,1 euros de marges, parce que les charges de personnel sont modestes (beaucoup de viandes préparées à l’avance). Le rayon qui a la plus faible marge est celui des fruits et légumes (0,6 euro pour 100 euros). Motif : une main d’œuvre importante, pour le réassortiment fréquent, l’entretien et la pesée. Le rayon des fruits et légumes est aussi un rayon qui ne peut pas être disposé en hauteur, d’où une emprise au sol coûteuse en mètres carrés.
Un rayon a même des marges négatives : le rayon boucherie. Cela parce que les charges rapportées au chiffre d’affaires sont élevées. La marge du rayon des produits laitiers quant à elle est modérée : pour 100 euros de chiffre d’affaires, elle est évaluée à 1,9 euro. Mais elle est très importante globalement, car c’est le plus gros rayon en termes de chiffre d’affaires. Ces analyses illustrent la faible incidence des variations des prix des matières premières dans les produits au détail. Cette faible part a permis aux filières agroalimentaires, notamment au stade de la distribution, de comprimer leurs marges, et ainsi de «tamponner relativement bien» la hausse des prix des matières premières, a commenté Philippe Chalmin.

Table ronde
Ce rapport, présenté à la presse en présence de Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture) et de Guillaume Garot (ministre de l’Agroalimentaire), était très attendu, car il fournit, à travers la marge nette du distributeur, une vue d’ensemble des coûts tout au long de la filière. Il devait servir de base aux discussions qui ont eu lieu lors de la table ronde organisée le 21 novembre par le gouvernement sur les relations commerciales entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Mais ses données seront aussi utilisées par le gouvernement pour justifier une politique qui prend la défense de l’amont, où se jouent les créations d’emplois.

Les réactions
• Les chambres d’agricultures (Apca) s’inquiètent de ces résultats. Pour les marges des fruits et légumes et viandes, «la concurrence exacerbée entre enseignes conduit à une destruction de valeur sur toute la chaîne de production». Les chambres souhaitent que soit mesuré l’impact des pertes en magasin, des promotions et du positionnement des produits importés, notamment pour les fruits et légumes.

• La Fédération nationale bovine (FNB) s’étonne de son côté : «la revente à perte étant interdite, comment les GMS parviennent-elles à un résultat négatif ?» Elle estime qu’il serait plus urgent de réviser une politique de prix comme les promotions à prix cassés de prix qui désorientent les consommateurs.

• Pour la Fédération nationale porcine, le rapport confirme que la priorité est de «redonner les moyens réglementaires d’équilibrer les relations commerciales dans les filières, notamment grâce à une révision de la loi de modernisation de l’économie».

• Pour FranceAgriMer, les chiffres de ce deuxième rapport sont à prendre avec précaution. En effet, ceux-ci portent sur des rayons et non des produits. Des disparités existent au niveau de la gestion des rayons et au niveau des magasins qui peuvent être des enseignes indépendantes ou non.

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