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La nécessité d’améliorer l’offre à l’export

Après une mauvaise année 2014-2015 sur le plan de la qualité, les blés français s’annoncent corrects pour la campagne actuelle. Néanmoins, les concurrents ont saisi cette occasion pour se positionner à l’export sur les marchés français historiques, ce qui rend d’autant plus crucial l’amélioration de l’offre française, en qualité, mais aussi en matière de logistique et de calendrier.

© Patrick Cronenberger


Affectée par un mauvais indice de chute de Hagberg, la qualité des blés français en 2014-2015 n’a pas permis de répondre à la demande des clients français habituels. Ainsi au Maroc, les parts de marché auprès des industriels ont chuté de 33 % entre 2013-2014 et 2014-2015, au profit de l’Allemagne, la Pologne et l’Ukraine notamment. Même chose en Algérie, où la part de marché de blé tendre d’origine française est passée de 90 % à 66 % entre les deux dernières campagnes.
Et si la qualité semble cette année au rendez-vous, l’entrée de nouveaux exportateurs sur les marchés «naturels» de la France, comme le Maghreb, mais aussi l’Egypte, sans que la population n’y trouve à redire en matière de qualité, fragilise les positions françaises à long terme puisque les importateurs vont désormais regarder ces nouvelles origines avec moins d’appréhension. Or, l’export, qui peut représenter jusqu’à 50 % de la production céréalière française, doit être mieux pensé. Cette réflexion était au cœur de la journée France Export Céréales organisée le 16 mars à Paris.

Anticiper
Première tendance à corriger, il faut «s’adresser aux clients dès le début de la campagne», indique Philippe Pinta, président d’Intercéréales. Par exemple, vis-à-vis de l’Egypte, «on est mal placés dans les trois premiers mois de la campagne, avec un blé français à 10-20 dollars de plus que les concurrents», indique Roland Guiragossian, de France Export Céréales. Le constat vaut pour la majorité des marchés à l’export. «Jusqu’au mois de novembre, le volume et le rythme des exportations sont relativement mous, à hauteur de 600 000 à 700 000 ton­nes par mois et, en janvier, on pousse les feux», souligne Pierre Duclos, de Synacomex. Et d’ajouter que cela peut fonctionner «quand on a 11 ou 12 millions de tonnes à exporter, mais pas quand on en a 14 ou 15 millions», ce qui se profile pour la campagne actuelle.
D’autant plus, qu’en parallèle, les concurrents de la France s’organisent pour répon­dre à ces marchés, à l’exemple des pays de la Mer Noire (Russie, Ukraine, Balkans). Entre 2000 et 2015, l’Ukraine «a réalisé un travail marketing énorme pour valoriser le blé ukrainien dans le monde», alors que ce dernier véhiculait une image de blé fourrager, sans compter l’impact négatif de Tchernobyl, explique Romain Savatier, de Louis Dreyfus Commodities. Au total, les exportations de blé de la Mer Noire ont progressé de 125 % en dix ans, l’Ukraine et la Russie représentant aujourd’hui 31 % des exports de blé mondiaux. Et ces pays sont beaucoup plus actifs en début de campagne, au moment où des importateurs comme l’Egypte sont justement en train de faire le plein.

Améliorer la qualité
Pierre Duclos explique cette sous-performance française à l’export par plusieurs facteurs : un manque d’anticipation par rapport à la lecture des bilans, une mauvaise lecture des prix à travers le prisme de la prime, qui quand elle est négative constitue une barrière psychologique à l’action au marché, et une trop forte dépendance aux destinations traditionnelles. Or, s’il faut bien sûr consolider les marchés historiques que sont le Maghreb ou l’Egypte, il faudrait également s’adapter aux exigences d’autres destinations prometteuses, comme le Moyen-Orient ou l’Afrique subsaharienne par exemple. En dix ans, l’arrivée des blés de la Mer Noire a fait évoluer les besoins au niveau des taux de protéines et d’humidité. S’il n’est pas un critère suffisant, le taux de protéines des blés français doit être amélioré pour répondre aux nouveaux cahiers des charges, en particulier ceux des Etats qui ont des critères très administratifs, à la différence des opérateurs privés qui étudient davantage l’ensemble des critères (panification, index gluten…). Cependant, la qualité des protéines n’est pas valorisée auprès des producteurs. Par ailleurs, l’augmentation du rendement impacte la teneur en protéines. Pour autant, des marges de progrès existent pour adapter la qualité aux besoins des exportateurs. Certaines coopératives ont mis en place des barèmes bonification / réfaction en fonction du taux de protéines, témoigne ainsi Jean-Baptiste Hue, de Sevépi. Techniquement, des marges de manœuvre sont également possibles, notamment «pour déplacer une partie de la fertilisation au tallage sur la fertilisation tardive», indique Jean-Paul Bordes, d’Arvalis. Or, la fertilisation tardive contribue plus aux apports en protéines et moins au rendement, explique-t-il. On peut ainsi gagner avec cette technique entre 0,4 et 1,4 point de protéines. Au-delà de la fertilisation azotée, d’autres leviers peuvent être actionnés pour augmenter le taux de protéines, comme les variétés adaptées, agronomie, pilotage…

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