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La patate douce pointe le bout de ses tubercules dans la Somme

La production nationale de patate douce est une niche. Pourtant, le succès de ce produit laisse penser qu’un marché est à saisir. Reste que sa production est délicate. Dans la Somme, Antoine De Pourcq fait partie des producteurs qui osent se lancer.

En purée, en frites, au four, sautées… Les patates douces, fondantes et légèrement sucrées, au doux goût de châtaigne, ravissent les papilles des Français. Antoine De Pourcq, qui travaille à la ferme familiale des Prés salés, à Noyelles-sur-Mer (80), en a dégusté pour la première fois lors d’un voyage. «Je me suis dit “pourquoi pas en cultiver chez nous ?“. Je cherchais à développer une production que je pourrais maîtriser de la plantation à la commercialisation», explique le jeune titulaire d’un master de commerce. Dans cette exploitation de polyculture (blé, betteraves, pommes de terre, légumes d’industrie, fraises) et élevage de charolaises, la volonté de se réapproprier la marge n’est pas nouvelle. «Mes parents se sont installés en 2000 et ma mère a développé la vente directe, avec la création d’un magasin à la ferme», explique-t-il.
Le projet d’Antoine est un sacré challenge, car dans le marché de la patate douce, tout est à construire. Le plus gros pays producteur est la Chine, mais il s’agit surtout d’auto-consommation. Chez nous, l’offre cultivée en France est quasi-inexistante. Presque tout est importé des États-Unis, d’Espagne et d’Israël. Après un premier test de 50 ares il y a deux ans, Antoine De Pourcq a développé les surfaces l’année dernière et cette année. «J’ai pris mon bâton de pèlerin pour aller chercher les clients. Il faut savoir convaincre, car les acheteurs peuvent avoir accès à des patates douces du Honduras quatre fois moins chères que les nôtres.» La «Douce de Picardie» semble tout de même trouver preneurs. Mais sur les débouchés, comme sur l’itinéraire technique, le producteur ne souhaite pas tout dévoiler. «Comme la filière est à construire entièrement, on avance à tâtons dans tous les domaines. Nous payons les échecs de nos expériences.»

La chair orange prime
La production de cette plante dicotylédone, de la famille des Convolvulaceae - rien à voir avec la pomme de terre, donc - s’avère délicate. Les précurseurs du nord de Paris ont créé un groupe pour s’épauler. «On y échange nos réussites et nos échecs. Ensemble, nous avançons plus vite», commente Antoine De Pourcq. Lui a planté ses patates douces début juin. Elles devraient être récoltées début octobre, car la plante présente un cycle de 180 à 190 jours. Trois variétés ont été choisies pour leur éventuelle bonne adaptation au terroir, et pour répondre à la demande. «Nous ne plantons que de la patate douce à chair orange, parce que pour un français, la patate douce est forcément orange. Pourtant, des variétés à chair blanche seraient certainement plus productives chez nous.» 
Tout a été planté à la main, sous plastique biodégradable, pour limiter la pousse des adventices. «Presqu’aucune solution chimique n’est autorisée pour cette culture. En plus du plastique, nous avons donc recours au désherbage manuel.» Du fait de la très faible quantité de surfaces cultivées, les maladies de la patate douce ne sont pas un souci en France. Mais les mulots et souris, eux aussi alléchés par la chair sucrée, font des ravages. «Le moindre croc dans une patate la rend invendable. Le marché du frais nécessite un produit irréprochable.»

Eau, soleil et chaleur
L’irrigation est indispensable pour cette plante gourmande en eau. Elle apprécie aussi le soleil et les températures supérieures à 20°C. «Une année comme celle que nous vivons nous rappelle que la production est risquée», regrette le producteur. Les patates douces doivent idéalement être de calibre L,
soit peser entre 300 et 600 g. «On voit déjà que sur un pied, seuls un ou deux tubercules atteindront ce poids.» Si le climat régional n’est pas toujours le plus propice, les terres sableuses de la côte ont en revanche un avantage : celui du déterrage facile. «La patate douce est très sensible à la récolte. Chaque coût reste marqué. Nous devons d’ailleurs tamiser pour réduire au maximum la quantité de cailloux.»
Si Antoine De Pourcq prend autant de précautions, c’est que la prise de risque est réelle. Entre l’achat des plants (10 000 E l’hectare), la construction d’une arracheuse spécifique, et la main-d’œuvre nécessaire à la plantation, au désherbage, à l’arrachage et au conditionnement, les coûts de production sont élevés. «L’année dernière, les ventes ont permis d’écraser les charges. Cette année doit nous permettre de dégager un bénéfice», espère-t-il.

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