Aller au contenu principal

Agroalimentaire
La pénurie de sucre s’installe en Europe

Les sucreries françaises vont être confrontées à une pénurie de sucre en Europe, qui fait déjà bondir les cours et qui va permettre de mieux rémunérer les planteurs de betteraves.

Après l’effondrement des cours du sucre dû à la suppression des quotas en 2019 et la crise de la jaunisse qui a amputé la récolte et les rémunérations en 2020, les perspectives pour les betteraviers sont enfin positives.
© D. R.

Après la pénurie de colza et de tournesol, qui a fait bondir le prix des huiles et des biocarburants, le marché européen va-t-il connaître aussi une pénurie de sucre ? C’est ce qui semble se profiler. La production de sucre en Europe à 27 et au Royaume Uni en 2022 est attendue à 16,2 millions de tonnes, soit un million de tonnes de moins qu’en 2021. La consommation, elle, devrait atteindre 18,1 millions de tonnes et les exportations vers des pays tiers environ 700 000 t. Résultat, il manque à l’appel 2,7 millions de tonnes pour satisfaire les besoins de l’industrie et des ménages. Or, le niveau des importations n’a jamais atteint ce seuil. Elles se situent plutôt aux alentours de 2,2 millions de tonnes chaque année. Avec des prix du fret maritime qui atteignent des sommets, notamment en provenance du Brésil où les prix sont multipliés par trois en mai 2022 par rapport à novembre 2020, selon l’International Grain Council, le coût des importations devient très élevé, voire prohibitif. Or, la production brésilienne de canne à sucre est en baisse et surtout, elle sert à produire des biocarburants, eux-mêmes portés par les cours du pétrole, au plus haut avec la crise ukrainienne.

Un bond de 500 à 700 € la tonne de sucre


Du coup, les prix du sucre en Europe bondissent actuellement à 700 €/t et se déconnectent totalement des cours mondiaux qui restent plafonnés à un peu plus de 500 €/t actuellement. Le même phénomène s’est produit tout au long de la campagne pour le colza, avant même la guerre en Ukraine. Les cours européens de la graine se sont décorrélés de ceux du soja américain ou brésilien. Le colza navigue aujourd’hui à 1 000 €/t, contre 600 €/t pour le soja. Avec quelques mois de décalage, le sucre suit donc la même tendance, qui pourrait se renforcer.
C’est en tout cas l’avis de Cyril Lesaffre, PDG de la sucrerie du même nom, basée en Seine-et-Marne dans la région parisienne, pour qui «plus les acheteurs de sucre attendent, plus les cours montent. C’est très positif pour la filière. Au lieu des 27-28 € la tonne de betteraves en 2021, on sera plutôt entre 35 et 40 € la tonne pour la prochaine récolte». Ce sont bien sûr les prévisions de Lesaffre, mais d’autres groupes sucriers ont déjà annoncé des prix du même ordre, 35 €/t. Les planteurs de betteraves vont apprécier.
Après l’effondrement des cours du sucre dû à la suppression des quotas en 2019 et la crise de la jaunisse qui a amputé la récolte et les rémunérations en 2020, les perspectives pour les betteraviers sont enfin positives. Ils étaient jusqu’alors écartés de l’envolée des cours des matières premières agricoles, blé, orge, colza ou tournesol, ce ne sera plus le cas.

Les industriels face au prix du gaz


Pour les industries sucrières, l’envolée du cours du sucre est aussi une bonne nouvelle. En 2019, la tonne de sucre s'était effondrée à 280 €, et en 2020, la production de sucre de Lesaffre a été quasiment amputée de moitié à cause de la jaunisse. Cette année, c'est la hausse du prix du gaz qui va affecter leurs marges. L’industrie sucrière est, en effet, très dépendante du prix du gaz, dont les prix ont été multipliés par cinq en deux ans, passant de 20 à 100 € le Mwh actuellement.
Face au mur du prix de gaz, estimé à 500 millions d’euros contre 125 M€ pour l’ensemble des usines habituellement, les directeurs industriels ont commencé à réfléchir à la réduction des coûts, en renonçant par exemple à la déshydratation, privilégiant des pulpes fraîches pour l’alimentation animale. Mais la hausse des cours du sucre devrait assurément leur enlever une très grosse épine du pied.

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Sebastien Bocquillon, président de la CA59-62 est décédé

Sébastien Bocquillon, président de la chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais et maire d’Humières, est décedé ce 24…

Des pratiques commerciales abusives à nouveau dénoncées

Dans un communiqué du 16 juillet, l’UNPT (producteurs de pommes de terre, FNSEA) dénonce de nouvelles pratiques…

Conseil constitutionnel Entraves PPL Duplomb
Loi Duplomb : le Conseil constitutionnel valide une large partie du texte, mais censure la dérogation pour l’acétamipride

Le Conseil constitutionnel a rendu le 7 août sa décision sur la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’…

jaunisse virale betteraves ITB
La Somme dans une situation « intermédiaire » face à la menace de jaunisse

La situation jaunisse a évolué au cours du mois de juillet. Malgré une année très favorable à la productivité, grâce à des…

Loi Duplomb : E. Macron va promulguer le texte « dans les meilleurs délais »

Le Conseil constitutionnel a partiellement censuré la loi Duplomb, rejetant notamment la réintroduction dérogatoire de l’…

PPL Duplomb betteraves acétamipride censure Conseil constitutionnel FNSEA JA
FNSEA et JA saluent la validation du texte mais alertent sur des filières « abandonnées »

Après la décision du Conseil constitutionnel validant l’essentiel de la loi Duplomb mais censurant certains articles,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde