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IRRIGATION
La pomme de terre a-t-elle vraiment besoin d’un confort hydrique tout au long de son cycle ?

Avec des hivers pluvieux et des étés plus secs, la gestion de l’eau est un enjeu de taille pour la production de pommes de terre. La Chambre d’agriculture de la Somme mène des essais pour aider agriculteurs et techniciens à relever le défi de la gestion des ressources hydriques. Point sur les récents travaux.

Protection des micro-parcelles par les abris mobiles avant la pluie.
© CA80

Maximiser les bénéfices de l’eau apportée

L’irrigation devient de plus en plus indispensable pour produire sereinement pommes de terre et légumes. Chacun est bien conscient que piloter finement son irrigation va conditionner la disponibilité en eau sur la saison culturale entière. Partant de ce constat, la Chambre d’agriculture de la Somme conduit plusieurs expérimentations depuis 3 ans pour explorer différents leviers d’optimisation de l’irrigation en pommes de terre : - comparer les performances des matériels d’irrigation (économies d’eau de l’ordre de 15% réalisables) - comparer la tolérante des variétés avec une conduite d’irrigation limitante (économies en moyenne de 50 mm sur la saison sans 

pénaliser le rendement) – aller plus loin dans la caractérisation du comportement des variétés de pommes de terre et rechercher la conduite d’irrigation optimale pour chacune d’elles.

La fertigation pour rentabiliser la micro-irrigation

En 2021 et 2022, nos premiers essais de comparaison des systèmes d’irrigation en culture de plein champ ont montré qu’un système de micro-irrigation (tubulaire) placé en haut de butte fait une économie moyenne de 15% d’apport d’eau pour le même rendement qu’une irrigation par aspersion (canon ou rampe). S’équiper en micro-irrigation représente un coût, en particulier sur les grandes surfaces. L’intérêt de l’irrigation couplée à l’apport de fertilisation azotée prend alors tout son sens. On appelle ça la fertigation. A noter que la micro-irrigation n’est pas plus gourmande en main d’œuvre qu’un système par aspersion type canon ; elle concentre le travail sur la pose et la dépose du système en parcelle mais libère du temps pendant la saison d’irrigation.

Stresser les variétés pour connaitre leur tolérance

Pour aller plus loin, depuis 2021, la Chambre d’agriculture de la Somme a approfondi ses recherches pour caractériser le comportement de différentes variétés de pomme de terre (panel variétal plus important à partir de 2023) et proposer la conduite d’irrigation la plus optimale pour chacune d’elles. L’ambition est de pouvoir identifier par variété, une conduite d’irrigation plus économe en eau sans pénaliser le rendement, la qualité et les débouchés (cf. tableau 1). 
Nous avons ainsi étudié trois modalités de stress hydrique : un témoin en confort (au minimum 50% de la réserve utile RU utilisable par la plante), une modalité de stress hydrique en fin de cycle et enfin un stress hydrique en début de cycle comme décrit dans le tableau 2.
Les besoins en eau des cultures sont calculés quotidiennement grâce au bilan hydrique qui prend en compte l’évapotranspiration, le type de sol, les apports d’irrigation, les besoins de la culture etc. Les apports sont effectués quotidiennement pour respecter les consignes d’irrigation.

Des résultats contrastés en fonction des variétés

De manière générale, les parcelles conduites en stress en milieu et particulièrement en fin de cycle (stratégie B) s’en sortent mieux sur le rendement final que celles conduites en stress en début de cycle (stratégie C). Ce premier résultat est assez réconfortant tout en sachant que les restrictions de prélèvements d’eau lorsqu’elles interviennent, sont surtout imposées en milieu ou fin de cycle de la pomme de terre.
Les variétés dîtes sensibles perdent automatiquement du rendement quelle que soit la stratégie de stress imposée mais celui-ci doit être réfléchi en fonction de l’économie d’eau réalisée et donc l’économie matérielle et de main d’œuvre. Le tableau 3 résume les résultats obtenus selon les différences de rendement par rapport à la stratégie d’irrigation en confort (A).
En effet, parmi les variétés qui semblent s’en sortir le mieux sur un stress en fin de cycle, nous retrouvons Fontane, Acoustic et Rissoletto (en gras). En stratégie B, l’économie finale d’eau représente 107mm en comparaison aux 52mm de la stratégie C. Un aparté est à faire sur la variété Vogue. En effet, cette variété semble très sensible mais en réalité la perte de rendement est à nuancer (rendement moyen en confort hydrique de 82t/ha).
Concernant la tubérisation, trois groupes variétaux se détachent : 
- Challenger, Melody et Vogue perdent des tubercules avec une diminution des apports d’eau peu importe la période du cycle ;
- Acoustic, Agata, Fontane et Rissoletto ont en moyenne le même nombre de tubercules toutes modalités d’irrigation confondues ;
- Innovator est la seule variété qui décroche en nombre de tubercules lorsqu’elle est stressée en fin de cycle. Concernant le calibre des tubercules, il n’y a pas de groupes qui se détachent particulièrement en 2023. Une tendance se vérifie malgré tout : les calibres sont plus importants et en plus grand nombre lorsque l’irrigation est menée en confort. 

Rentabiliser l’eau en fin de cycle

Les résultats d’essais montrent que des économies sont possibles tout en limitant les pertes de rendements, laissant entrevoir la mise en place des stratégies de pilotage de l’irrigation en situation de contraintes.
Cependant, les différences observées entre variétés montrent que ces futures stratégies devront être affinées selon les situations, débouchés, etc.
La poursuite des travaux en 2024 mettra l’accent sur la compréhension des phénomènes physiologiques au niveau des plantes, comme le suivi journalier de la température du couvert ou la variation de circulation de sève, permettant d’aboutir de manière sécurisée, à des premiers conseils de pilotage optimisés (dans ces situations de contraintes d’accès à l’eau). Rendez-vous en fin de campagne !

 

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