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La production de biomasse : c’est bon pour le climat !

Dans le cadre de ses engagements européens et internationaux dans la lutte contre le changement climatique, la France doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 75 % d’ici 2050. Le secteur agricole est un secteur incontournable pour atteindre cet objectif.

Les agriculteurs qui produisent et fournissent le miscanthus, Mr Brehon et Mr Van Mooleghem.
Les agriculteurs qui produisent et fournissent le miscanthus, Mr Brehon et Mr Van Mooleghem.
© AAP

En Picardie, trois principales actions agricoles portées par les Chambres d’agriculture sont en place : la mise en place et la valorisation des haies bocagères, l’agroforesterie et les cultures dédiées à la biomasse. Outre les avantages habituels de ces pratiques de limiter l’érosion du sol, favoriser la biodiversité et protéger les cultures, elles présentent un excellent moyen naturel pour stocker le carbone.

L’implantation et l’entretien de haies bocagères
La Picardie comptait environ 50 588 ha en 2000. Depuis, quelques dizaines de km sont implantées par an. Un km de haies bocagères permet de stocker plus de 770 tonnes d’équivalent C02 sur cent ans. En généralisant le débouché bois bocage en énergie d’ici à 2030 sur 1,8 M ha au niveau national, l’Ademe évalue une production d’énergie de 2 M tep, soit selon l’Inra un gain d’émissions de gaz à effet de serre à 1,3 M t équivalent C02/an.

L’agroforesterie
En Picardie, on compte dix parcelles pour un peu plus de 100 ha de grandes cultures avec alignements d’arbres intra parcellaires. Une parcelle de 10 ha à raison de 70 arbres par hectare permet de stocker 77 tonnes d’équivalent C02 par an.
En généralisant l’agroforesterie sur 400 000 ha de parcelles d’ici à 2030 sur le territoire français, l’Inra évalue la réduction des émissions de gaz à effet de serre à 1,5 MT équivalent C02/an.

Les cultures pérennes dédiées à la biomasse
On compte aujourd’hui 400 ha de miscanthus en Picardie sur 3 000 ha à l’échelle nationale et 30 ha de taillis de saules sur 2 000 ha de taillis à courte ou très courte rotation en France.
A chaque récolte, le carbone contenu dans la partie aérienne de la plante est stocké à plus ou moins long terme en fonction de son usage. Par exemple, en combustion, une partie du carbone est restituée dans l’atmosphère. Par contre, dans la fabrication de biomatériaux, le carbone sera stocké dans les éléments d’isolation ou autres produits.
En ce qui concerne la partie souterraine, les éléments restant en culture plusieurs années, elle assure le stockage sur une durée beaucoup plus longue.

Autres pistes de travail en cours
Certaines pratiques culturales, malgré un stockage plus faible du carbone, présentent également une efficacité significative compte tenu des surfaces en jeu. C’est, par exemple, le cas de la suppression du labour, de l’implantation d’engrais verts en inter-culture, de l’enherbement permanent des vignobles et vergers. L’implantation de haies ou une modification des modes de gestion des prairies permanentes et temporaires sont également susceptibles de contribuer au stockage de carbone.
Le non-labour induirait une augmentation des teneurs en carbone des sols par une moindre minéralisation des matières organiques. Le semis direct permet de stocker 0,15 tonne de CO2 par ha/an de plus que le labour (selon l’Inra).
Les couverts en interculture retournés au sol permettent d’accroître la séquestration du carbone dans le sol. Les couverts récoltés ou dérobés sont valorisés pour l’alimentation animale et la production d’énergie dans le cadre de la méthanisation.
Les prairies permanentes permettent d’augmenter le stockage de carbone de 0,10 t /ha/an par rapport à une prairie temporaire. En généralisant des bonnes pratiques de gestion des prairies temporaires et permanentes, l’Inra évalue la réduction des émissions de gaz à effet de serre à 2,5 Mt équivalent C02/an à l’horizon 2030. Les Chambres d’agriculture de Picardie ont mis en place depuis quelques années un observatoire de la pousse de l’herbe, des références et du conseil sur la conduite technique optimisent le stockage du carbone.
Reste que ces filières de biomasse agricole restent encore balbutiantes. Toutefois, il y a de bonnes raisons d’espérer un décollage prochain tant le contexte picard est favorable à ces productions et les utilisations sont variées : un combustible à prix fixe (contrairement aux énergies fossiles), un paillage produit localement, sans compter les utilisations futures comme la fabrication de biomatériaux isolants ou de biomolécules pour remplacer celles issues du pétrole.
La biomasse agricole picarde dévoile donc peu à peu ses atouts en termes de services rendus : protection de la ressource en eau, lutte contre l’érosion, biodiversité, paysage, création de nouveaux emplois… Ces projets concourent à la dynamique locale et seront mis à profit des enjeux du changement climatique. La biomasse agricole n’a pas fini de faire parler d’elle.

Article réalisé dans le cadre du groupe régional «Energie, Biomasse, Climat» coordonné par la Chambre régionale de Picardie - 03 22 33 69 53 et avec le soutien du Casdar
Pour toute information, contactez :Dans l’Aisne : Guillaume Rautureau au 03 23 22 50 20Dans l’Oise : Eric Demazeau au 03 44 11 44 67 et Xavier Téterel au 03 44 11 45 00. Dans la Somme : Romain Six au 03 22 33 69 13 

Les moines se chauffent au miscanthus

L’Abbaye de Ourscamp, lieu de vie d’une communauté de 25 frères, vient d’inaugurer sa nouvelle chaufferie au miscanthus (les partenaires : Novabiom et Saelen énergie). D’une puissance de 400 kW, elle remplace d’anciennes chaudières fioul pour chauffer quatre bâtiments et trois maisons. L’abbaye fait une économie de combustible de 60 000 euros/an, soit 210 t/an d’émissions de CO2 évitées. A titre de comparaison, ce sont les émissions de CO2 de 120 véhicules neufs diesel (114 g CO2/km, 15 500 km/an) ou de 215 véhicules neufs essence (119 g CO2/km, 8 200 km/an) d’après les références Car Labelling de l’Ademe et les données de l’Insee.
Deux agriculteurs fournissent le miscanthus, contractualisé sur quinze ans. Ce débouché leur permet de diversifier leur activité, de sécuriser une entrée d’argent et d’amortir l’investissement dans la plantation des rhizomes. Monsieur et Madame Brehon ont implanté 3 ha de miscanthus en 2015 sur des parcelles éloignées de la ferme et difficiles d’accès. Les économies en intrants les ont également motivés à produire cette culture à biomasse. Mr Van Moorleghem produit 14 ha de miscanthus. En double activité, il a décidé, il y a quatre ans, d’implanter du miscanthus pour se dégager du temps et pour son intérêt faunistique avec, comme débouchés, le paillage horticole et l’approvisionnement de chaufferies (l’abbaye et une autre propriété privée).

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