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La rentrée laitière en cinq questions

Après plus d’un an de relative accalmie dans la filière et de prix aux producteurs élevés, les différents acteurs s’agitent en cette rentrée.

Les cours mondiaux des produits laitiers sont en chute libre.
Les cours mondiaux des produits laitiers sont en chute libre.
© Costie Pruilh

Le prix du lait est-il en baisse ?
Le prix du lait payé aux éleveurs est élevé (368 euros au premier semestre 2014), mais le cours des produits laitiers est en baisse. Selon les cotations de l’Atla (l’association des transformateurs laitiers), le prix d’une tonne de poudre était de 2 100 euros au 31 août, alors qu’elle se vendait 2 880 début août. Les cours des produits laitiers publiés le 2 septembre par la plate-forme d’enchère néo-zélandaise Global Dairy Trade, qui donne la tendance pour les cours mondiaux, vont dans le même sens, diminuant de 6% entre le 19 août et le 2 septembre. En France, le prix du lait subit avec plusieurs mois de retards et en les atténuant, les remous du marché mondial.
Selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), les contrats signés entre éleveurs et industriels assurent une stabilité du prix payé aux éleveurs jusqu’à fin 2014. Mais les relations commerciales sont toujours tendues dans la filière. et selon les industriels, la grande distribution a déjà appelé ses fournisseurs pour évoquer une baisse des prix...

L’embargo russe fait-il baisser les prix ?
L’embargo russe a privé de marché 257 000 tonnes de fromages, et au total 1,6 % de la collecte européenne, soit rien de moins que le premier débouché de l’UE. Allemands et Néerlandais ont réorienté le lait qui servait à produire des fromages pour la Russie vers des fabrications de poudre et de beurre qui viennent encombrer le marché.
Mais l’embargo a surtout fait office de catalyseur, dans un contexte de production très élevée dans les bassins exportateurs, et de demande internationale qui n’a pas augmenté autant que prévu. Les cotations du Global Dairy Trade ont entamé une chute depuis janvier, qui s’est accélérée en juillet. «L’embargo russe a été le révélateur de la fébrilité des marchés», analysent les chercheurs de l’Institut de l’élevage dans le webzine Tendances de septembre 2014. Mais pour les cours européens, l’annonce de l’embargo correspond au retournement du marché, affirme Gérard Calbrix, économiste à l’Atla.

Les mesures européennes sont-elles efficaces ?
La Commission européenne a rapidement réagi, annonçant des mesures de promotion, de stockage et d’intervention. La promotion pour ouvrir de nouveaux marchés n’aura pas d’effet immédiat. Le versement d’aides au stockage privé de beurre, lait en poudre et certains fromages, et l’intervention publique pour le beurre et la poudre de lait écrémé ne sont pas efficaces, assurent les professionnels : les industriels préfèrent vendre, même à moindre coût, que de stocker, craignant de se retrouver avec de la marchandise sur les bras alors que les cours auront encore baissé. et le prix d’intervention, trop bas, n’est pas encore atteint. Eleveurs et industriels français demandent à la Commission européenne de relever le prix d’intervention et de constituer des stocks publics, mais ils doivent convaincre leurs voisins.

Va-t-on vers une nouvelle crise du lait ?
Les cours mondiaux sont en chute libre, et l’offre devrait encore continuer à augmenter dans les bassins exportateurs : les cheptels se sont étoffés, les fourrages abondants et peu onéreux, et la Nouvelle-Zélande va entrer dans sa période de pleine production. Après avoir atteint des records, les cours tutoient leurs plus faibles niveaux depuis cinq ans. Face à cette baisse des prix, les acheteurs ont intérêt à attendre, pour restreindre la demande... et encore tirer les prix vers le bas.
Mais rien ne dit que cette situation durera : les prix bas peuvent faire revenir des acheteurs qui ont déserté le marché suite aux cours élevés, et la Chine va bien finir par réapparaitre, analyse Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage.
Une baisse des prix peut inciter les éleveurs à lever le pied en Europe du Nord, où les cours sont très volatils, d’autant que plusieurs pays sont sous la menace de pénalités de dépassement de quota importantes que Bruxelles refuse d’annuler. Moscou pourrait également desserrer son embargo pour répondre aux demandes de sa population.

Va-t-on vers une nouvelle régulation de la production après les quotas ?
La Fnpl comme le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, et l’ensemble de la classe politique française, demandent un mécanisme de gestion de crise après la fin des quotas laitiers qui régulent la production mais seront supprimés en avril 2015 pour libéraliser le marché.
L’ancien commissaire européen à l’agriculture, Dacian Ciolos, y était également favorable, mais il n’a pas réussi à imposer sa vision aux pays du Nord, qui veulent profiter des opportunités du marché mondial. Mais si le scénario d’une baisse drastique des cours début 2015 se réalise, il pourrait faire changer les mentalités.

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