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La Russie exporte de plus en plus de grains

Le pays est devenu un acteur incontournable de la production et du commerce de grains. Cela se confirme tous les jours.

Maria Mozgovaya, trader chez Louis Dreyfus Company, a dressé l’état des mieux de la Russie comme acteur devenu essentiel sur le marché de l’export céréales, lors de la journée France Export Céréales du 21 mars à Paris.
Maria Mozgovaya, trader chez Louis Dreyfus Company, a dressé l’état des mieux de la Russie comme acteur devenu essentiel sur le marché de l’export céréales, lors de la journée France Export Céréales du 21 mars à Paris.
© T.M.

Sur un marché mondial du grain en pleine évolution et de plus en plus fréquemment perturbé (aléas politiques, changement climatique), un acteur confirme son rôle de puissance commerciale : la Russie. La tendance vient de loin, mais prend toute sa place et se développe.

Bénéficiant d’un «positionnement géographique avantageux» pour nourrir l’Afrique et le Moyen-Orient, «l’agriculture russe suit une tendance haussière depuis les quinze à vingt dernières années», précise ainsi Maria Mozgovaya, trader chez Louis Dreyfus Company, invitée par France Export Céréales, à présenter la situation de ce pays en termes de matières premières agricoles.

Conséquences : la part des exportations agricoles dans le chiffre total des exportations russes a triplé en dix ans. Pour être plus précis, la croissance des exports de céréales a crû de 270 % sur cette même période. Les exportations de blé ont bondi de 220 % et celles d’orges de 395 %. En 2017-2018, la Russie représentera environ 23 % des exports de blé mondiaux. Il convient de garder à l’esprit que le pays, à l’exception de la campagne 2012-2013 et de celle de 2013-2014 dans une moindre mesure, pèse entre 15 % et 18 % de ces mêmes exportations depuis 2011-2012.

On peut lister encore de nombreux autres facteurs qui confirment l’importance de cet ancien pays des tsars et du socialisme soviétique comme : le pays est exportateur net de blé depuis 2001 ou encore le fait qu’il a atteint le premier rang de ces exportateurs de cette matière en 2015. Au final, «la Russie exportera plus de 47 millions de tonnes de grains pour la campagne 2017-2018», affirme Maria Mozgovaya.

Des exportations dynamiques

Gilles Kindelberger, directeur général de l’exportateur rouennais Senalia, l’avait évoqué en janvier lors de l’assemblée générale de l’entreprise. «La concurrence export devient rude, et la Russie est désormais un acteur important. Plus personne ne peut douter de sa capacité à charger», expliquait-il alors.

Les céréales exportées par la Russie sont essentiellement parties vers l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient, l’Afrique et le Mexique en 2016-2017. En 2017-2018, de nouvelles destinations apparaissent : Ouzbékistan, Inde, nouveaux pays en Afrique (Congo, Mozambique, Ghana, Cameroun) et Venezuela. L’Egypte et la Turquie restent les pays acheteurs leaders en matière de céréales russes.

Globalement, l’experte de chez Louis Dreyfus Company prévoit «une croissance modérée de la production agricole russe d’ici à 2024. Elle devrait croître de 10 à 15 millions de tonnes dans les
dix ans à venir, en fonction de l’importance de la croissance de la production de maïs
».

Et si la consommation domestique devrait rester relativement stable, c’est bien le secteur export qui absorberait ces suppléments de production. Les exportations de blé pourraient passer d’environ un peu plus de 36 millions de tonnes en 2018 à quasiment 45 millions en 2026 ; celles d’orge de 4,5 millions de tonnes à environ 5 millions et celles de maïs de 5,5 millions de tonnes à plus de 7 millions (pour une production qui avoisinerait les 18 millions de tonnes).

Autre élément révélateur du grand export russe : 50,2 % des céréales russes exportées transitent par des ports en eaux profondes pouvant accueillir des gros bateaux. Certains terminaux portuaires évoluent aussi pour augmenter cette capacité à exporter comme à Novorossiisk, en Mer Noire (augmentation des capacités de stockage, augmentation de la vitesse de déchargement des trains fournisseurs et augmentation des cadences de chargement). Louis Dreyfus Company a investi dans la construction et l’acquisition d’un terminal (quai de chargement, stockage, transbordement), à Azov (sud de la Russie).

In fine, les capacités exportatrices de la Russie devraient passer de 51 millions de tonnes en 2017-2018 (46 millions réalisées) à 64 millions en 2026-2027 (pour 58 millions estimées réalisables). De façon générale, il faut retenir que de nouvelles constructions sont en cours ou prévues et que les ports déjà existants cherchent à accroître leurs capacités.

Défi majeur

La Russie fait cependant face à un défi majeur à travers la logistique intérieure. «C’est celui d’un vaste pays dont la moitié de toutes les capacités de stockage de tous types se trouve directement à la ferme et dont 60 % des silos ont été construits il y a plus de trente ans et ne respectent pas les normes actuelles», précise Maria Mozgovaya. La capacité de stockage s’élève au total à 120 millions de tonnes, dont 40 millions en silos, 64 millions en granges ou «stockage sur place» et 15 millions par les entreprises de transformation de céréales.

Le gouvernement russe a mis 52 millions de dollars sur la table pour subventionner le transport de grains par voie ferroviaire. Transporter un million de tonnes coûte 25 dollars pour effectuer 580 kilomètres dans la région Sud et 55 dollars pour effectuer
3 500 kilomètres en provenance d’Omsk en Sibérie.

L’une des difficultés pour réaliser correctement le programme de subventions est la pénurie de wagons. En camion, autre moyen utilisé sur des distances plus courtes, le coût moyen du transport se monte à environ 0,525 dollar par million de tonnes et par kilomètre.

Clients traditionnels de la France et blé russe

C’est l’une des questions cruciales, qui se posent aux acteurs du secteur export français. Sur les zones Maghreb et Afrique subsaharienne, le blé russe progresse. Les experts de France Export Céréales parlent même de «débouché qui se pérennise» pour le blé russe en ce qui concerne la destination Afrique subsaharienne. L’origine russe s’envole sur cette dernière zone depuis trois campagnes.

Deux autres éléments posent questions aux exportateurs français. D’une part, l’origine russe est de plus en plus importante dans les appels d’offres du Gasc (l’institution publique qui gère les importations de blé en Egypte). Lors de la précédente campagne et pour celle en cours, le Gasc a acheté entre 70 % et 80 % de ses blés en origine russe laissant les 20 % restant à, dans l’ordre, la Roumanie, l’Ukraine, la France et l’Union européenne. Et ceci concerne des volumes à la hausse. D’autre part, la montée en puissance des blés russes se ressent aussi au niveau des importations privées de l’Egypte.

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