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Environnement
La Sanef investit pour faciliter la circulation des… animaux

La société gestionnaire des autoroutes du nord de la France (Sanef) a présenté fin de semaine dernière la dernière tranche de travaux de construction d’un pont traversant l’autoroute A1 à hauteur de Senlis (60) pour relier les forêts d’Halatte, d’Ermenonville et de Chantilly. Objectif : faciliter la traversée des animaux sauvages. 

Le tablier de l’écopont mesure 52 mètres de long, 30 de large et sera recouvert d’ici quelques semaines de 50 centimètres de sol sableux et d’une végétalisation.
Le tablier de l’écopont mesure 52 mètres de long, 30 de large et sera recouvert d’ici quelques semaines de 50 centimètres de sol sableux et d’une végétalisation.
© Drone Press pour Sanef

De l’aveu du directeur général du groupe Sanef, Arnaud Quemard, qui supervisait une visite de chantier le 25 novembre dernier, il s’agit d’un ouvrage «exceptionnel». Cet ouvrage en question, c’est un pont destiné à restaurer la continuité entre les massifs forestiers d’Halatte, Ermenonville et Chantilly, lesquels avaient été coupé en deux par la construction à la fin des années 1960 de l’autoroute A1. Les trois massifs, propriétés de l’État et gérés par l’Office national des forêts (ONF), représentent une entité forestière de plus de 10 000 hectares dans laquelle on peut croiser un certain nombre d’espèces végétales et animales. Seulement, des études menées précédemment ont démontré une efficacité insuffisante d’un passage entraînant ainsi une coupure de la population des grands cervidés et de la continuité de l’habitat de Landes.

Pour remédier à cette situation, un projet de création d’une passerelle a été décidé par le groupe Sanef. Les premières discussions remontent à 2004 pour un début de chantier en 2021. La mise en service de l’écopont est prévue à l’été 2023.  Quant au montant du projet, il est d’un peu plus de 7,2 millions d’euros selon le gestionnaire de quelque 1 807 km d’autoroutes, principalement en Normandie, dans le Nord et l’Est de la France.  

 

Une prouesse technique 

Lors de la présentation du futur ouvrage, les attentions se sont majoritairement portées sur la prouesse technique. L’écopont d’Ermenonville est d’abord constitué d’une pile intermédiaire, entre les voies de circulation, servant à «enjamber» l’autoroute A1. L’ouvrage est constitué de 48 poutres préfabriquées, chacune pesant entre 30 et 35 tonnes. 8 pieux d’un mètre de diamètre et d’une longueur qui dépasse parfois les 25 mètres ont été installés sous chacune des culées et de la pile centrale. À elle seule, la mise en place du tablier a engendré 48 convois exceptionnels et une organisation rigoureuse pour ne pas perturber la circulation sur une autoroute qui peut compter jusqu’à 90 000 véhicules par jour, dans chaque sens.

Sous les pieds des visiteurs du chantier de construction de l’écopont d’Ermenonville, les voies de l’autoroute la plus  empruntée de France, dixit la Sanef.

La construction du tablier – 52 mètres de long, 30 de large - a quant à elle mobilisé quelque 600 m3 de béton, et sera recouvert d’ici quelques semaines de 50 centimètres de sol sableux et d’une végétalisation. À cet endroit, détaille Mathieu Dhaybi, le responsable du projet pour la Sanef, «on va recréer un bout de forêt au-dessus de l’autoroute». Afin de réduire l’empreinte carbone du projet, «de nombreuses pièces de l’ouvrage ont été préfabriquées à proximité, à côté du parc Astérix, comme les soffites et les tympans, afin de réduire l’empreinte carbone du projet», explique-t-on chez Sanef. 

 

Des partenaires engagés pour suivre la vie de l’écopont

«Des ouvrages comme celui-là, on en a déjà créé, a souligné Arnaud Quémard, mais c’est la première fois que nous y associons autant de partenaires.» Le 25 novembre, à la Maison forestière du Biat à Mont-l’Évêque, on en comptait un peu plus d’une dizaine : collectivités locales, parc naturel régional Oise-Pays de France, Office national des forêts (ONF), représentants des chasseurs (fédération départementale, Société de vénerie), randonneurs, associations environnementalistes ou encore Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France. Ainsi réunis, ces partenaires se sont engagés, au travers de la signature d’une charte, à participer à la vie de cet ouvrage en fonction de leurs compétences : ainsi à porter de façon concertée, chacun dans leur domaine de compétences, les actions suivantes : protéger, entretenir, suivre et promouvoir. «On va créer un bout d’histoire en voyant les animaux prendre possession des lieux et la nature reprendre ses droits», a dit M. Quémard. 

Au travers de la signature d’une charte, une petite quinzaine de structures privées, publiques ou associatives s’engagent à participer à la vie de cet ouvrage  en fonction de leurs compétences.

Mesure de la fréquentation 

Pour mesurer l’efficacité et la pertinence de l’ouvrage, des caméras thermiques y seront installées. Elles permettront ainsi de saisir les passages d’animaux de jour, comme de nuit. La présence humaine devra y être la moins fréquente possible, d’où l’installation de barrières anti-deux-roues. Sur chaque côté de l’écopont, des panneaux de bois anti-bruit doivent encore être installés dans l’objectif d’isoler le passage des bruits engendrés par la circulation et de la lumière. Lors de la construction de l’autoroute A1, un passage avait bien été décidé et réalisé sur la commune de Plailly – près du Parc Astérix –, mais celui-ci s’est révélé être inefficace. Passant sous les voies de circulation, il n’a jusqu’alors permis que la circulation de promeneurs. Trop de vibrations, un effet tunnel et trop d’ombre expliqueraient que les animaux qui peuplent les forêts de part et d’autre de l’autoroute ne s’y sont jamais habitués. Aujourd’hui, l’approche y différente, à en croire Mathieu Dhaybi : «Le projet doit se fondre dans le paysage.» Le fait que l’écopont se situe dans un périmètre Natura 2000. 

 

Un chantier salué par l’État

La construction de cet écopont est saluée par l’État, représenté le 25 novembre dernier par le secrétaire général de la préfecture de l’Oise, Sébastien Lime : «Je veux saluer la qualité du travail réalisé dans un environnement contraint», a-t-il déclaré, avant de poursuivre : «Une autoroute, c’est une rupture de continuité écologique, mais il faut en prendre acte. Il ne faut pas se voiler la face, une autoroute, c’est aussi utile au territoire. Nous en avons besoin et pour encore longtemps. La forêt, nous y sommes aussi attachés et c’est pour cela qu’il faut que tout cela cohabite.» Et servir pourquoi pas «d’exemple» à la conduite de projets futurs comme un certain… Canal Seine-Nord Europe.

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