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La situation se tend pour le lin fibre

Sans un engagement des producteurs à limiter leurs surfaces d’emblavement et une reprise prochaine de l’activité des teillages françaises liée à la demande, la prochaine campagne de lin s’annonce compliquée.

Si la réduction des surfaces est un mal nécessaire pour la prochaine campagne, reste à savoir qui acceptera d’y participer alors que les semis ont déjà bien démarré.
Si la réduction des surfaces est un mal nécessaire pour la prochaine campagne, reste à savoir qui acceptera d’y participer alors que les semis ont déjà bien démarré.
© CELC

D’ordinaire discret, si ce n’est pour participer à l’effort de promotion du lin fibre, l’interprofession française du lin (Cipalin) s’est fendu d’une longue communication fin de semaine dernière en dressant un «état des lieux objectifs de sa filière suite aux effets du Covid-19». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il règne en son sein une certaine incertitude. Les raisons de ce sentiment ? Une transformation à l’arrêt depuis le 17 mars dernier, des capacités de transformation très fortement paralysée et des marchés en berne.

Le lin ne se vend plus
Sans qu’il s’agisse vraiment d’une surprise, l’ampleur de l’épidémie de coronavirus à travers le monde - elle a débuté en Chine et s’est depuis étendue à 176 autres pays - perturbe fortement la consommation mondiale de produits autres que ceux dits de «première nécessité». «Avec 177 pays et territoires touchés par la maladie et près de 50% de la population mondiale en confinement au 1er avril, les ventes des biens de consommation non prioritaires sont en chute drastique», rapporte le Cipalin. La vente en ligne, bien qu’elle profite à certaines activités, « ne compensera pas cette baisse », d’autant que le lin reste, toujours selon l’interprofession, «une fibre associée à la mode printemps/été dont les ventes se jouent entre mars et mai». Pile poil au moment où de potentiels consommateurs sont contraints de rester chez eux et sans garantie sur une levée prochaine des mesures de confinement.
Pour nombre d’entreprises de filatures, où qu’elles soient installées à travers le monde, le coup est dur : «90% des débouchés du lin sont dans le secteur textile, rappelle ainsi le Cipalin. Les filateurs, principaux clients des teilleurs, se trouvent en difficulté. Si les filateurs chinois ont repris une activité partielle, les filateurs indiens sont à l’arrêt suite aux mesures de confinement décrétées par les autorités et entrées en vigueur en date du 25 mars. En Europe, les filatures polonaises, lituaniennes et italiennes sont soit à l’arrêt soit en activité réduite».

Des entreprises de teillage à l’arrêt
Les conséquences sur l’activité des teillages français ne s’est pas non plus faite attendre et elles sont brutales : «Les 22 entreprises de teillage français ont progressivement suspendu leur activité de transformation entre le 17 et le 20 mars dernier afin de préserver avant tout la santé de leurs salariés», constatait le 2 avril le Cipalin. La veille, «dans les départements liniers (Seine-Maritime, Eure, Calvados, Somme, Oise, Aisne, Nord-Pas de Calais, Seine et Marne), aucun teillage n’avait repris ses activités», poursuit l’organisation interprofessionnelle.
Président de l’Union syndicale des rouisseurs-teilleurs de Lin de France (URSTL), Bertrand Decock conditionne désormais la réouverture des teillages français «aux signaux envoyés par nos clients». C’est grâce à cela, assure-t-il, «que nous pourrons programmer un redémarrage».

Une baisse des surfaces demandée
Du côté des producteurs, on s’attend d’ores et déjà à vivre une campagne particulière alors que les semis 2020 devraient être synonymes d’une hausse de plus de 15% des surfaces emblavées par rapport à 2019, selon le Cipalin. Et ainsi se monter à quelque 135 000 hectares. Alors que ces semis ont déjà bien démarré, l’interprofession consent que seuls quelques «ajustements» peuvent encore être réalisés «pour limiter cette forte croissance des emblavements». Comme l’AGPL l’avait recommandé quelques jours plus tôt, le Cipalin rappelle aux producteurs qui le souhaitent qu’ils ont possibilité de laisser leurs fourrières nues pour ensuite les semer avec d’autres espèces. Une fois semées, «ces fourrières pourraient alors être classées en surface d’intérêt écologique (SIE) et être éligibles aux primes PAC sous certaines conditions». L’inconnue reste de savoir qui parmi les producteurs, et dans quels bassins de production, suivra volontairement cette consigne. Président de l’AGPL, Bertrand Gomart ne nourrissait pas trop d’optimisme sur le sujet, le 2 avril dernier, en s’attendant à «un report de paille 2020 qui sera important». Et d’appeler «chaque liniculteur à s’engager solidairement dans le stockage de ses pailles de lin».

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