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La start-up Agrikolis boucle son premier Tour de France

Avec son Agrikolis Tour, la start-up lilloise, qui propose aux agriculteurs de devenir points relais de colis lourds et encombrants, a réussi son pari : promouvoir les fermes diversifiées.

L’équipe d’Agrikolis, avec ses deux fondateurs (Cédric Guyot et Guillaume Belissent), chez Béatrice Maire (deuxième au premier plan en partant de la gauche), agricultrice à Beuvraignes.
L’équipe d’Agrikolis, avec ses deux fondateurs (Cédric Guyot et Guillaume Belissent), chez Béatrice Maire (deuxième au premier plan en partant de la gauche), agricultrice à Beuvraignes.
© © F. G.


Si le Tour de France s’est achevé dimanche dernier, à Paris, sur les Champs Elysées, le tour de France entrepris par Agrikolis s’est clos, lui, le lendemain, à Behagnies, dans le Pas-de-Calais. Dimanche 29 juillet était donc l’avant-dernière étape de l’Agrikolis Tour. Ce jour-là, Cédric Guyot et Guillaume Belissent, cofondateurs d’Agrikolis, et trois de leurs stagiaires avaient posé leurs «valises» dans la Somme, à Beuvraignes, dans la ferme de Béatrice Maire, Les chocolats du croisé. En tête, une seule idée : promouvoir et mettre en valeur les fermes qui pratiquent la diversification dans toute la France, au travers de rencontres entre agriculteurs et public dans une exploitation, mais aussi de vidéos promotionnelles et d’événements locaux.
La start-up, soutenue par la Région Hauts-de-France, et partenaire de Groupama, s’est donc lancée sur les routes de France, le 16 juillet dernier, avec un programme d’étapes dans vingt-quatre fermes diversifiées de différentes régions de France (tout savoir du parcours sur leur site www.agrikolis.com, ndlr). Des Hauts-de-France, à la Champagne, la Normandie, la Bourgogne, l’Ardèche à l’Aquitaine, etc., ils ont parcouru pas moins de 4 800 km pour mener à bien leur projet. Moins, certes, que les cyclistes du Tour de France, mais quinze jours tout de même intenses, où chaque étape a été l’occasion de découvrir les multiples visages de la diversification dans l’agriculture française.
«Ce furent deux semaines d’apprentissage en formation accélérée, avec de belles rencontres à la clé et la découverte dans chaque ferme d’une histoire passionnante», raconte Guillaume Belissent. Un voyage en tout cas qui, grâce à la communication développée auprès des élus locaux et de la presse, a permis aussi de faire parler d’Agrikolis, d’attirer de nouveaux agriculteurs prêts à s’inscrire sur la plateforme et des porteurs de fonds décidés à soutenir la start-up dans son développement.

Un autre système de livraison
Les deux amis, engagés professionnellement dans la gestion des flux logistiques pour le compte de  différentes entreprises, réfléchissaient depuis deux ans à un autre système de livraison pour les produits lourds et volumineux. Le déclic viendra en 2017, lorsque Cédric Guyot échange avec son voisin, Fabien Verscheure, installé à Argœuvres. Disposant d’un bâtiment libre - à la suite de l’arrêt de la production laitière dans son exploitation - mais aussi de matériel de manutention,  l’agriculteur pourrait développer in situ un service de relais colis à la ferme, imagine Cédric Guyot. De quoi assurer un revenu supplémentaire pour l’agriculteur en recherche de diversification et, pour Cédric Guyot et Guillaume Belissent, de mettre en route leur idée de relais colis près des domiciles des clients, avec une flexibilité pour la livraison. Ne reste plus qu’à inciter les agriculteurs à rejoindre la plateforme, à convaincre les sites internet de commerce, des fabricants et des distributeurs livrant des colis volumineux à entrer dans la danse.
La gestion se fait par une application d’une simplicité biblique d’utilisation. Le client passe sa commande sur un site de commerce, puis choisit, pour sa livraison, à partir de l’application Agrikolis, le point relais le plus proche de chez lui. A l’arrivée du colis à la ferme, l’agriculteur envoie un SMS au client final pour convenir avec lui d’un horaire de livraison. Deux options sont possibles : la réception de la livraison à la ferme ou la réception chez soi assurée par l’agriculteur.

Devenir relais colis
Pour devenir relais colis, l’agriculteur doit posséder un smartphone, un espace de stockage couvert et sécurisé d’au moins 30 m2, et être capable d’assurer la manutention de palettes. Si un contrat est signé entre Agrikolis et l’agriculteur, aucune durée d’engagement n’est imposée. Seules contraintes : souscrire une assurance pour protéger le matériel agricole pendant les livraisons et s’engager à livrer les colis reçus dans les trois jours.
Côté rémunération, celle-ci est calculée sur la base des palettes réceptionnées, stockées et mises à disposition. Une autre rémunération est prévue en cas de livraison à domicile dans un rayon de 10 km maximum. Agrikolis s’engage, par ailleurs, à ce que chaque ferme relais ait l’exclusivité dans les 5 km alentour. «Le revenu mensuel qui peut être dégagé est autour de 150 e», table Cédric Guyot. Une somme modeste qui, si elle intéresse les agriculteurs déjà inscrits, n’est pas la seule motivation. «Outre le revenu supplémentaire, ceux qui s’engagent sont aussi intéressés par le fait de pouvoir recevoir des personnes sur leur exploitation afin de rompre leur isolement. C’est aussi l’occasion pour eux de partager sur leur métier où tout et n’importe quoi se raconte souvent», ajoute-t-il. Des motivations au cœur également de la démarche de la start-up, qui désire redynamiser le monde agricole en créant du lien social entre les agriculteurs et les habitants.
A ce jour, 230 points de relais colis ont été ouverts dans toute la France, dont 90 dans les Hauts-de-France. L’objectif est d’atteindre les 600 d’ici la fin de l’année sur le territoire national. La mise en service d’Agrikolis aura lieu en septembre ou octobre, d’abord dans les Hauts-de-France, puis dans le Grand-Ouest, avant de s’étendre à l’ensemble des points de relais colis dans toute la France, grâce à une levée de fonds que la start-up va lancer à la fin de l’année. Montant recherché ? 500 000 €.
En 2020, le cap sera mis sur l’Europe, d’abord en Espagne, puis au Benelux. «Nous avons une ambition européenne affichée. Nous sommes les premiers à proposer un tel service permettant à la fois de la flexibilité dans les livraisons de colis lourds et volumineux, mais aussi la recréation du lien social entre les agriculteurs et les habitants», précise Cédric Guyot. Les deux fondateurs, qui planchent depuis deux ans sur leur projet, sont dans les starting-blocks. «On est prêts», disent-ils en chœur, reboostés par ce Tour de France original et les appels qui se multiplient pour soutenir leur démarche.

Les chocolats du croisé

«Ils m’ont forcée», dit en riant Béatrice Maire, qui accueillait l’Agrikolis Tour dans sa ferme. Si elle a accepté de les recevoir, ce n’est pas parce qu’elle va rejoindre la plateforme Agrikolis - «je ne me vois pas faire la manutention des colis toute seule», dit ce petit bout de femme - mais parce qu’elle trouve leur idée «intéressante». Intéressante, c’est aussi ce qu’a pensé l’équipe d’Agrikolis de l’activité de diversification de Béatrice Maire.
Son idée ? Après avoir mené  toute seule un commerce de chevaux et poneys, elle a tourné la page après un accident, pour se lancer dans la fabrication de chocolat, fin 2015, plus particulièrement de pâte à tartiner à base de noisettes. Toujours prête à relever les défis, elle a décidé, en septembre dernier, de se lancer dans la fabrication de pâte à tartiner au chocolat à base de féverole. Pourquoi ? Parce qu’on lui avait dit que, hormis en Egypte, la féverole ne se mangeait pas.
Vraiment ? Sa recette de pâte à tartiner au chocolat et féverole lui a valu, en juin dernier, le premier prix du concours de l’innovation alimentaire Challenge Prot’Eat. Son objectif ? Lancer ses produits à grande échelle. Son rêve ? Que sa «Tartimouss» soit vendue à côté du Nutella dans les rayons des supermarchés. «Et pourquoi pas ?», conclut-elle, prête à tout.

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