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Elevage
La table ronde régionale sur l’élevage : un début de dialogue ?

Producteurs, industriels, distributeurs et consommateurs ont été réunis par le préfet autour d’une table ronde.

© AAP
Dans le cadre de leurs actions pour la revalorisation du prix des produits issus de l’élevage, les éleveurs avaient demandé à Jean-François Cordet, préfet de Picardie, d’organiser une table ronde réunissant producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs. Le préfet a répondu positivement à cette demande en invitant le vendredi 15 mars à Amiens, les différents intervenants de la filière à échanger sur la problématique du prix du lait et de la hausse des coûts de production des éleveurs. Une vingtaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles sept représentants des producteurs, les présidents des coopératives VPM et Sodiaal région Nord, des directeurs des magasins Auchan, Carrefour, Casino, Leclerc et Système U de la région, et des représentants des associations de consommateurs.
Confrontation de points de vue
Les producteurs ont bien entendu exposé les difficultés qu’ils rencontrent actuellement et la conjoncture extrêmement défavorable à l’élevage. «Nous subissons des hausses de charge historiques que nous n’arrivons pas à répercuter sur le prix de nos produits», a déploré Dominique Dengreville, vice-président de la Frpl. Les revendications des éleveurs visaient d’une part la distribution pour la revalorisation des prix, et d’autre part, l’administration pour l’application des accords du 3 mai 2011 et la révision de la Loi de modernisation de l’économie (LME) qui régit les relations entre les distributeurs et les industriels.
Les représentants des distributeurs ont expliqué leur politique commerciale qui consiste à pratiquer régulièrement des promotions pour maintenir la consommation dans leurs magasins. «Dès que nous diminuons la pression promotionnelle, la consommation s’effondre» a déclaré l’un des directeurs de magasin. D’une enseigne à l’autre, les pratiques sont légèrement différentes : certaines enseignes sont très centralisées et les directeurs de magasins n’ont pas la main sur la politique promotionnelle. Les distributeurs indépendants ont quant à eux plus de marge de manœuvre. Tous se retrouvent cependant dans la nécessité de pratiquer des promotions et des prix le plus bas possible, ainsi qu’ils l’affirment.
Affaire à suivre
Les représentants des consommateurs ont exprimé leur réserve quant aux promotions qui ne répondent pas systématiquement à une demande. Par ailleurs, ils ont beaucoup insisté sur la qualité des produits qui est visiblement une préoccupation de plus en plus importante pour le consommateur. Mais, ont-ils ajouté, le prix – le plus bas possible – reste l’élément déterminant.
Selon Christophe Buisset, président de la Frsea Picardie, des discussions doivent désormais avoir lieu au niveau national. «Nous souhaitons que l’observatoire des prix et des marges fonctionne parfaitement et donne des indicateurs indiscutables aux acteurs de la filière. Il faut également que cet observatoire soit réactif en cas de crise. Enfin, le contenu de la Loi de modernisation de l’économie doit être revu» a-t-il déclaré. Le préfet a assuré que l’information serait transmise en haut lieu. «Cette table ronde avait pour objectif d’ouvrir le dialogue entre les acteurs de la filière, a-t-il conclu. Ce type de rencontre régionale pourra être reconduit afin de trouver également des solutions en local».
INTERVIEW Christophe Beeuwsaert
Producteur de lait dans l’Oise, secrétaire général de la Fdsea 60
«La course aux prix bas est destructrice pour tous»

Vous étiez présent à la table ronde, quel est votre ressenti à l’issue de la rencontre ? Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?En tant que syndicaliste, il me semble intéressant d’avoir réuni autour de la table tous les acteurs de la filière : producteurs, transformateurs, distributeurs ainsi que les consommateurs. Nous avons réussi à faire comprendre aux distributeurs et aux consommateurs la grave crise que traversent l’élevage et la production laitière. Nous avons distribué une paye de lait de 1984 qui montre bien qu’en près de trente ans, le prix payé aux producteurs n’a pas changé. Ce sont des éléments concrets, incontestables, que les personnes présentes ont bien compris.

Quels sont les points négatifs que vous avez relevés ? On ne s’attendait certes pas à obtenir de revalorisation de prix via les quelques directeurs de magasins présents. Cependant, j’ai été déçu de constater que la politique commerciale des distributeurs consiste uniquement à enchainer les offres promotionnelles pour se démarquer à un moment donné de leurs concurrents. C’est une politique «au coup par coup» qui ne répond pas forcément à la demande des consommateurs. Les grandes chaines de distribution se livrent une concurrence acharnée, destructrice pour les producteurs mais qui n’avantage pas les consommateurs. La course aux prix bas détruit les producteurs mais finira aussi par détruire les distributeurs eux-mêmes. Les distributeurs me paraissent joueurs mais pas vraiment responsables.

Quelle suite sera donnée à cette rencontre ? Notre objectif était avant tout de faire entendre nos revendications et de les faire remonter à Paris. Le préfet s’y est engagé. Nous attendons désormais que des discussions aient lieu au niveau national, échelon décisionnel pour la réouverture des négociations de prix. D’autres régions ont également engagé des actions de ce type. Nous espérons ainsi être entendus. Il nous semble également que les transformateurs ont un rôle crucial à jouer. Lorsqu’un transformateur baisse ses prix pour prendre des parts de marché à la distribution, cela se fait systématiquement au détriment du producteur. La concurrence des transformateurs fait également le jeu de la distribution. La régulation par le marché est indispensable mais des équilibres sont certainement à trouver pour que tous les maillons de la filière y trouvent leur compte.
Propos recueillis par Stéphanie Doligez
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