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L’agro-écologie dans les Hauts-de-France : où en est-on ?

Le 3 avril, à l’initiative de la Draaf, en partenariat avec la Région et les deux Agences de l’eau Artois-Picardie et Seine-Normandie, un séminaire sur l’agro-écologie aura lieu à Saint-Laurent.

Le désherbage mécanique peut être une stratégie envisageable pour réduire l’usage des herbicides.
Le désherbage mécanique peut être une stratégie envisageable pour réduire l’usage des herbicides.
© Florence Guilhem


Les atouts des Hauts-de-France ne manquent pas, soit une diversité de productions, mais aussi de marchés, de filières organisées et réactives. Connue pour ses cultures industrielles nombreuses, la région peut-elle cependant se convertir à l’agro-écologie ? Nul doute pour le directeur de la Draaf, Luc Maurer, même si «l’agro-écologie et les cultures industrielles, c’est compliqué, mais pas impossible», déclare-t-il.
Et de considérer que «l’on a dans la région les ingrédients qui permettent d’avancer». Reste que, pour l’heure, moins de 10 % d’agriculteurs sont engagés sérieusement dans l’agro-écologie, soit un peu moins de 500 exploitations. Il n’y a donc pas de temps à perdre, car «si on tarde à prendre ce virage, on risque d’être doublé par d’autres régions, notamment nos voisins au nord de la frontière», alerte-t-il. D’où la mise en place de toute une série de dispositifs publiques.

Réduction des phytos
Parmi les politiques publiques existantes, la feuille de route Ecophyto, validée en avril 2017, dont l’objectif est de réduire le recours aux produits phytosanitaires de 25 % à l’horizon 2020, puis de 50 % à l’horizon 2025. Des réflexions filière par filière ont été également engagées. Un premier travail a été réalisé avec les filières industrielles légumes et pommes de terre. «On est partis du principe que les industriels étaient “donneurs d’ordre” pour les itinéraires techniques des agriculteurs et que, par ailleurs, les productions ont des IFT (indicateurs de fréquence des traitements phytosanitaires) assez élevés. Mais, au-delà de l’itinéraire souhaité ou imposé par l’industriel, l’agriculteur doit élargir la réflexion à l’ensemble des productions de son exploitation, y compris celles sur lesquelles l’industriel n’est pas concerné», indique Luc Maurer.
Parmi les dispositifs proposés dans la feuille de route Ecophyto, se trouve aussi le réseau des fermes Dephy, qui vise à expérimenter des techniques économes en produits phytosanitaires. Au nombre de 127 dans la région (3 000 à l’échelle nationale), l’idée est de faire connaître les pratiques intéressantes qui s’y font pour que les autres agriculteurs du territoire suivent.
Toujours dans la feuille de route Ecophyto, les groupes 30 000. L’idée est la suivante : un agriculteur engagé dans un groupe Dephy doit permettre d’en entraîner dix, amenant ainsi à 30 000 le nombre d’agriculteurs engagés dans l’agro-écologie à bas niveau de produits phytosanitaires. Environ soixante exploitations sont aujourd’hui engagées dans les six premiers groupes 30 000 reconnus par la commission régionale «agro-écologie». Un nouvel appel à projets va être lancé conjointement par la Draaf et les deux agences de l’eau, le 3 avril, lors du séminaire sur l’agro-écologie dans les Hauts-de-France. «Il faut un accompagnement via du conseil et de l’ingénierie. Aussi notre idée est-elle d’apporter des financements tous ensemble», indique le directeur de la Draaf.
Autre outil clé des politiques publiques : la constitution des groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE). Dix-neuf GIEE sont reconnus à ce jour dans la région, regroupant 247 exploitations. La majorité des projets concernent les systèmes des grandes cultures et des cultures industrielles, dont notamment la réduction des herbicides sur betteraves, la limitation de l’utilisation de l’eau, d’azote et de produits phytosanitaires sur pommes de terre de plant et de consommation, dans une logique de filière. Les pratiques alternatives mises le plus souvent en place sont l’allongement des rotations, les mélanges d’espèces, l’utilisation de variétés rustiques, l’alternance labour et non-labour, le désherbage mécanique, l’utilisation de produits de bio-contrôle, mise en place de méthodes alternatives en élevage, etc.

Politiques régionales
Parmi les plans régionaux en lien avec l’agro-écologie se trouve le PCAE, dont l’autorité de gestion est la Région. Il pointe deux priorités : le soutien à l’élevage et des investissements pour les productions végétales dans l’esprit de l’agro-écologie. Par ailleurs, la Région a lancé, en février dernier, un Plan Bio pour promouvoir l’agriculture biologique dans les Hauts-de-France. Elle s’est engagée à apporter un soutien financier d’un million d’euros par an jusqu’en 2021.
Tous ces dispositifs n’impliquent aucun objectif chiffré. Et pour cause. «On s’est rendu compte que fixer des objectifs chiffrés n’est pas la bonne façon pour faire adhérer les agriculteurs. Ce que l’on cherche, c’est que les agriculteurs progressent et le plus vite possible. On travaille donc plutôt sur les leviers que l’on peut mettre à leur disposition», conlut Luc Maurer, directeur de la Draaf.

Programme

- 9h30 : ouverture et exposé des motifs avec le préfet de Région, la Région Hauts-de-France, les Agences de l’eau Artois-Picardie et Seine-Normandie, puis présentation des témoins
- 10h : table ronde n° 1 : «Agro-écologie : et si on la jouait collectif ?»
- 10h45 : table ronde n° 2 : «Groupes d’agriculteurs et collectivités : une union naturelle à consolider»
- 11h15 : présentation des dispositifs de soutien en faveur des groupes locaux d’agriculteurs
- 12h30 : synthèse et conclusion par le grand témoin Ghislain Gosse d’Agro-transfert
- 12h45 : pause - Buffet repas
- 16h à 16h30 : quatre ateliers :
«Structuration et animation de groupes : méthodes et compétences» ; «Références techniques et transfert de savoir-faire» ; «Logique de filière et approche «système» sur l’exploitation» ; «Collectifs d’agriculteurs et dynamiques partenariales». Synthèse des ateliers et analyse de la journée par les grands témoins, Marie Brizard-Pasquet et Ghislain Gosse. Conclusion et perspectives

Artois Expo Arras, 50, avenue Roger Salengro, à Saint-Laurent-Blangy, Inscriptions : https://seminaireagri.wixsite.com/3avril2018

La greffe de l’agro-écologie a-t-elle pris en France ?

Concept nouveau ? Pas vraiment, plutôt une sorte de remise au goût du jour, puisque le terme d’agro-écologie a été employé pour la première fois dans les années 1920. De quoi s’agit-il ? «L’agro-écologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie, tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement (ex : réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles», peut-on lire sur le site du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation.
Les principes qui régissent l’agro-écologie sont les suivants : l’optimisation et l’équilibre des flux de nutriments (couverts végétaux, légumineuses, mixité du système) ; la recherche de la résilience du système par la diversification, l’autonomie et la résistance aux aléas climatiques ; la préservation des ressources naturelles ; la diminution des intrants ; la contribution au système alimentaire local ; la recherche de la diversité génétique et la promotion des services écologiques tels que la pollinisation, la lutte biologique, le stockage de carbone, etc.
2014 : la France passe à la vitesse supérieure en lançant un plan d’actions global pour l’agro-écologie. Ce plan recouvre différents sujets : formation, accompagnement des agriculteurs, soutiens financiers, réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, développement et animation des projets collectifs, diminution du recours aux antibiotiques vétérinaires, encouragement à l’agriculture biologique, sélection de semences adaptées, enrichissement des sols avec l’initiative «4 pour 1 000», etc.
Où en est-on ? Plus de 82 000 agriculteurs seraient désormais engagés dans toute la France. En 2018, on recense 3 000 exploitations agricoles françaises engagées dans le réseau de fermes pilotes Dephy (action majeure du plan Ecophyto), qui vise à expérimenter des techniques économes en produits phytosanitaires. Autre outil structurant du projet agro-écologique pour la France : les GIEE (groupements d’intérêt économique et environnemental). Ils étaient, au 31 janvier 2018, au nombre de 477 (411 en 2017), regroupant environ 7 500 exploitations et 9 000 agriculteurs dans toute la France.
L’agro-écologie fait incontestablement son chemin dans les pratiques agricoles de notre territoire. Mais pour permettre à l’agro-écologie de se développer pleinement, l’implication de tous les acteurs de l’alimentation - l’Etat, les collectivités locales via la restauration collective, mais aussi l’agro-alimentaire et la distribution - est un impératif, concluait le rapport de Deloitte et France nature environnement, publié le 1er mars dernier.

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