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Lait, céréales, betteraves… des entreprises ont fait le choix de l’avenir

L’agriculture n’est pas laissée à l’écart de grands projets d’investissement. Aux producteurs de s’impliquer collectivement. C’est ce qu’a montré la table ronde organisée à l’assemblée de la Fdsea.

A la table ronde (de gauche à droite) : Christiane Lambert, vice présidente de la Fnsea, Olivier Buiche, directeur de la VPM, Philippe De Brackelaere, directeur adjoint du CVG, Hélène Goudemand, responsable de projet chez Florimond Desprez, Stéphanie Doligez, animatrice.
A la table ronde (de gauche à droite) : Christiane Lambert, vice présidente de la Fnsea, Olivier Buiche, directeur de la VPM, Philippe De Brackelaere, directeur adjoint du CVG, Hélène Goudemand, responsable de projet chez Florimond Desprez, Stéphanie Doligez, animatrice.
© AAP

«Peu de professions peuvent se dire qu’elles ont globalement devant elles un marché en croissance. Nous, les agriculteurs nous avons à produire plus pour les besoins d’une population mondiale en constante augmentation. Et des groupes industriels, des sociétés privées et coopératives, des centres de recherche misent sur notre avenir». C’est par ces propos que Laurent Degenne, président de la Fdsea, a introduit la table ronde organisée à l’issue de l’assemblée générale le 16 janvier dernier à Amiens. Table ronde qui a montré que l’agriculture n’est pas laissée à l’écart des grands projets d’investissement d’avenir. Et que de gros capitaux sont mobilisés pour développer des projets basés sur la valorisation de produits agricoles. Trois intervenants en ont témoigné.

Du tout beurre poudre aux laits infantiles
Le secteur laitier connait un profond bouleversement consécutif à sa libéralisation voulue par la Commission européenne pour accroître sa compétitivité. Le résultat, c’est la volatilité des prix à la production, la concurrence entre les entreprises. Les producteurs sont déstabilisés. Olivier Buiche, directeur de la coopérative laitière VPM a expliqué que son entreprise s’est préparée à ce changement. Car, a-t-il souligné à plusieurs reprises, «la volatilité, c’est inhérent aux lois du marché, on ne peut pas y échapper. Le défi, c’est de s’y adapter». C’est dès 1992, que la VPM a décidé de changer de stratégie. En quelques années, elle est passée du basique tout beurre poudre à la fabrication de produits à valeur ajoutée : d’abord des laits de consommation en bouteille, puis les laits infantiles avec récemment la création de Babydrink pour les laits premier âge. Un site industriel a été développé qui emploie aujourd’hui 350 personnes. Et cette diversification s’est faite dans le cadre de partenariats avec d’autres entreprises, notamment la coopérative laitière Coop Alliance dans l’Aisne. Au total, 120 millions d’euros ont été investis. «Dans chaque difficulté, il faut voir une opportunité», a dit Olivier Buiche, convaincu que la production laitière régionale a des atouts, que ce soit le climat, la disponibilité des producteurs, la proximité de grands bassins de consommation. Tout en rappelant que sur le plan mondial, la consommation de produits laitiers est appelée à une forte croissance, et les produits laitiers français ont une très bonne image dans le monde.

Un gros projet de valorisation de la protéine végétale
La chimie verte, ou autrement dit la valorisation de la biomasse végétale est un domaine prometteur. Encore faut-il ne pas se tromper de cible. Philippe De Brackelaere, directeur adjoint du CVG (Centre de valorisation des glucides), a mis en garde contre certaines illusions. «La chimie verte ne va pas remplacer la pétrochimie comme on pourrait le supposer. On ne va pas substituer aux molécules couramment issues du pétrole et avec des techniques éprouvées de longue date, des molécules issues de matières premières agricoles pour fabriquer par exemple des plastiques. C’est trop compliqué et trop coûteux. C’est pareil pour l’éthanol, les solvants… le pire marché auquel vous pouvez vous attaquer, le plus gros en volume, le plus faible en prix», a-t-il expliqué. En revanche, il existe des perspectives de débouchés plus traditionnels du végétal qui méritent de s’y investir. C’est le cas du projet Improve axé sur la valorisation en alimentation humaine et animale des protéines contenues dans le blé, le maïs, la luzerne, le pois, etc. Il pourrait par exemple permettre de trouver une alternative au soja. C’est gros investissement en recherche développement, 35 millions d’euros. Ce projet est localisé au CVG à Amiens et s’inscrit dans le cadre d’un large partenariat incluant Tereos, Sofiproteol, l’Inra, etc. «Les partenaires ont la possibilité d’influer sur les programmes de recherche en fonction de leurs intérêts», indique Philippe De Brackelaere, ajoutant qu’il est encore temps de prendre le train en marche. «L’important, est d’avoir une filière bien regroupée».

Booster les rendements de la betterave
Le projet Aker, est un autre gros investissement au profit de la filière betterave sucre. Budget : 18,5 millions d’euros. Il mobilise sur une durée de huit ans 80 chercheurs. C’est également et avant tout un projet de filière, associant différents partenaires, les deux principaux étant le sélectionneur Florimond Desprez et l’Institut technique de la betterave (ITB). Comme l’a expliqué, Hélène Goudemand, responsable de projet chez Florimond Desprez, il s’agit grâce à l’amélioration génétique de doubler le rythme de progression des rendements de la betterave, en passant de 2% à 4% par an, et ceci tout en respectant les contraintes environnementales. L’objectif est d’arriver à concurrencer la canne à sucre à l’horizon 2020. Ce qui parait tout à fait réalisable, d’autant que le génome de la betterave est beaucoup plus simple et plus malléable que celui de la canne.

Se fédérer
Point commun de toutes ces initiatives, le recours à des technologies de pointe et le multipartenariat qui permet de supporter la lourdeur des investissements, comme l’a fait observer Christiane Lambert, vice-présidente de la Fnsea, qui participait à cette assemblée.
Nul doute qu’il y aura de l’avenir pour les producteurs. Encore faudra-t-il se fédérer, car les départements, les régions qui bénéficieront des retombées de ces investissements et de cette recherche développement sont ceux qui auront su fédérer les différents intervenants. Comme l’a souligné Philippe de Brackelaere, «avec des projets tels qu’Improve on a réussi à faire s’associer des gens, industriels, chercheurs, qui ne se parlaient pas. Ils vont travailler dans le même sens avec des objectifs différents». Il appartient aussi aux producteurs de s’intégrer dans ces partenariats, à travers leurs organismes coopératifs ou autres, afin de recueillir à leur niveau les fruits de tous ces investissements. Le train est là, il ne faut pas le laisser passer.

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