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Laurence Clabaut, diagnostiquée trop tard

D’ici la fin du mois, Laurence Clabaut va ouvrir la section France Lyme dans la Somme. Retour sur son chemin de croix.

Laurence Clabaut : «Tout le monde peut être touché par cette maladie.»
Laurence Clabaut : «Tout le monde peut être touché par cette maladie.»
© F. G.



Sentir son corps perclus de douleurs de façon permanente et ses capacités intellectuelles fondre comme neige au soleil, ne plus être en capacité de faire quoi que ce soit : tels sont les symptômes qu’a supportés Laurence Clabaut, exposée à la maladie de Lyme. Compagne d’agriculteur, à Hébuterne, dans le Pas-de-Calais, Laurence a toujours évolué dans le milieu équestre. Une passion qui l’a conduite à participer à des concours sportifs et des randonnées de façon régulière, jusqu’à ce qu’elle soit atteinte de la maladie de Lyme, la dépossédant de toute son énergie.
A la suite d’un accident de voiture en 2007, qui aura pour conséquence un arrêt de travail de treize mois, elle éprouve des douleurs articulaires en permanence, sans raison apparente. Les différentes analyses qu’on lui prescrit ne font rien ressortir. Il faudra dix ans avant que le diagnostic ne soit établi. Dans cet intervalle, elle aura connu une errance médicale douloureuse, la perte de son travail, une dépression, une désocialisation accélérée, une perte de poids, la fin de toute pratique sportive, et des commentaires indélicats de certains médecins attribuant ses douleurs permanentes à des problèmes psychologiques. «J’ai vraiment cru que je devenais cinglée. Les docteurs me disaient que c’était dans ma tête. J’ai même pensé un moment en finir tellement je souffrais», raconte-t-elle.

La bonne prise en charge
Quand a-t-elle été exposée à cette maladie vectorielle aux tiques ? Elle ne sait pas, mais «sans doute depuis longtemps. On pense que c’est l’accident de voiture que j’ai eu qui a réveillé la bactérie, suite à la baisse de mon système de défenses immunitaires», explique cette fille de docteur. La polymédication qu’elle pratique la soulage un peu. Mais les examens répétés qu’elle poursuit, de toute nature, ne parviennent pas à définir ce dont elle peut souffrir jusqu’à ce qu’une nouvelle entorse en 2017 la conduise à la maison médicale de Mailly-Maillet, où exerce Jérôme Collgros, médecin, ostéopathe, et membre de la Fédération française des maladies vectorielles aux tiques (FFMVT), qui se bat pour une meilleure reconnaissance des droits des malades.
La description de ses douleurs incite le médecin à la soumettre à un questionnaire sur les symptômes de la maladie de Lyme. Bingo : le test se révèle positif. Aussitôt, il l’envoie faire deux tests : Elisa et Western Blot, à Beauvais. Elle est aussi contrôlée sur seize critères de co-infections. Un mois après, les résultats sont connus. Tout est négatif, mais ses anticorps de maladies infantiles sont diminués de moitié. Un nouvel examen est prescrit : une sérologie sur les lymphocytes du système immunitaire. Le couperet tombe : son système est en immunodépression. Traduction : la maladie de Lyme est bien présente. Le traitement adéquat va pouvoir lui être administré.

En rémission
Mise sous traitement antibiotique durant un mois, elle déclenche une réaction de Herx. Rien d’anormal, en fait. «Les antibiotiques étaient bien ciblés mais, en mourant, les bactéries développent leurs effets», explique-t-elle. Après une pause, elle est de nouveau traitée à partir de traitements chimiques antibiotiques ciblés par rapport à la Boréliose (ou Lyme), couplés à une détoxification du corps en permanence. Sa santé est enfin en voie d’amélioration, même si elle est toujours très fatiguée. Et, depuis juillet 2018, elle est reconnue par la Sécurité sociale comme la première des Hauts-de-France prise en charge à 100 % SPPT (syndrome persistant et polymorphe après une piqûre supposée de tique).
Guérie, elle ne le sera jamais. «J’ai trop de bactéries dans mon corps, planquées dans des tissus inaccessibles. J’ai été diagnostiquée trop tard et j’ai échappé de peu à l’encéphalite», confie-t-elle. Ce qu’elle peut espérer aujourd’hui, c’est que son système immunitaire se renforce de telle sorte à ce que les bactéries infectieuses soient remises en sommeil.
Reconnue ALD Lyme chronique, elle a décidé de se battre, parce que «si le monde agricole et le monde rural sont particulièrement exposés, tout le monde peut être touché par cette maladie. Les tiques sont le principal vecteur, mais ils ne sont pas les seuls. Les insectes hématophages, les taons, les moustiques, les puces ou encore les araignées peuvent la transmettre», détaille-t-elle. Laisser les autres en errance médicale, comme ce qu’elle a connu, c’est hors de question. Aussi a-t-elle décidé d’ouvrir la section France Lyme dans la Somme, à Hébuterne, pour que tout un chacun puisse s’informer sur les maladies vectorielles aux tiques, aller vers les bonnes personnes et les bons traitements afin d’être soigné à temps.

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