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Cynophilie
Le berger de Picardie fait toujours honneur à sa région d’origine

Robuste, endurant, généreux : le berger de Picardie est un spécimen devenu assez rare, mais il tient bon, grâce à des éleveurs amoureux de la race, comme Louisette Beauvisage, à Conty.



L’allure rustique du berger de Picardie, avec son poil dur, recouvrant un corps charpenté mais tout en légèreté, son œil vif et éveillé, et surtout sa gentillesse, ont fait fondre le cœur de Louisette Beauvisage dès son enfance. «Je suis originaire de Quend et, chaque année, un monsieur venait en vacances avec un berger de Picardie. Je suis tombée amoureuse de la race», raconte-t-elle.
Depuis vingt-neuf ans, elle élève ce chien emblématique de la région, à Conty. Tous les produits de son élevage portent l’affixe «de Stephieci», pour «Stéphanie, Sophie et Cécile», noms des trois filles de Louisette. Ce lieu d’élevage est en réalité sa maison. «Avec mon mari, nous vivons chez nos chiens», s’amuse-t-elle. Ici, pas de chenil. Nescio, son mâle de deux ans et demi, et les cinq femelles, ne sont jamais loin de leurs maîtres. «Le berger de Picardie est très fidèle, assure-t-elle. Voire même pot de colle !» Elle les considère comme son anti-stress. «Ils sentent quand on ne va pas bien et restent proches de nous dans ces moments-là.» Ce sont également de bons chiens de famille. «Les enfants et petits-enfants ont presque tous appris à marcher en se cramponnant à eux.»
Plus qu’un chien de compagnie, le berger de Picardie s’avère un excellent gardien de troupeau. «Certains l’utilisent toujours pour travailler avec des moutons, des chèvres ou des bovins.» Sa particularité : sa taille (de 60 à 66 cm au garrot) lui offre une vision d’ensemble sur le troupeau, et, contrairement à son homologue Border collie, il ne se couche jamais, et n’opère pas derrière le troupeau, mais sur les côtés. Il est également utilisé car «Il est très apprécié pour sa robustesse et son incroyable endurance.»
Malgré toutes ces qualités, la race compte très peu d’effectifs. «L’année dernière, il y a eu cent-cinquante-trois naissances dans toute la France», précise Louisette. La cause ? «Le chiot n’est pas une petite boule de poils, comme une peluche. Il peut paraître moins attendrissant que certaines races», tente d’expliquer l’éleveuse. Il faut dire, surtout, que notre berger local a bien failli disparaître après les deux guerres mondiales. «Il servait de relais dans les lignes, pour faire passer des messages et des objets de contrebande. Il paraît qu’il faisait de l’ombre au berger allemand, car plus efficace. Les soldats ennemis l’ont donc abattu massivement…» Le prix est aussi un aspect à prendre en compte. Comptez 1 400 € pour un chiot. Ce prix comprend
20 % de TVA, la saillie, sans compter les frais d’entretien : vétérinaire, croquettes (300 g/jour)… «Tout a augmenté !»

Faire perdurer la race
Le faible effectif pousse donc Louisette à parcourir des centaines de kilomètres pour faire saillir ses femelles : Picardie, Belgique, Bretagne… «Nous changeons de mâle régulièrement pour éviter la consanguinité. C’est le seul moyen de faire perdurer la race.» Pour autant, pas d’intensification de l’élevage. «Les femelles ne font jamais plus d’une portée par an, et jamais après sept ans.» Bien-être de l’animal avant tout. Les choix de Louisette en termes de génétique, eux, sont efficaces, puisque les protégés de la professionnelle cumulent les titres : champion du monde, d’Europe, international d’exposition, de France, du Luxembourg, de Belgique… En témoignent les nombreuses plaques et coupes qui font la décoration du salon. Cette passion pour les concours est coûteuse. «Le déplacement et les frais annexes sont chers, et on ne ramène qu’une coupe à la maison. Mais cela fait la renommée de notre élevage.»
Une renommée internationale même. «Nous avons vendu des chiens en Belgique, en Solvénie, en Pologne, au Danemark, aux États-Unis, en Espagne, en Suisse, au Luxembourg… Parfois pour le travail sur troupeau, parfois juste en chien de compagnie.» L’ambassadeur idéal pour honorer le travail de mémoire de l’ex-région Picardie.

 

À l’origine, chien de ferme et de contrebande

Les ancêtres du berger de Picardie seraient les fidèles compagnons des celtes, qui ont débarqué dans le Nord de la France aux alentours du VIe siècle avant notre ère. Un tableau peint au VIIIe siècle représenterait cette race. Des chiens ressemblant en tout point au berger picard figurent également sur des tapisseries, sculptures en bois et autres gravures remontant de la période du Moyen-Âge. Aussi appelé Bergers Pikhaars, il s’agissait à l’origine d’un chien de petite ferme utilisé pour garder la basse-cour, les poules, les chèvres et éventuellement les vaches. Il participait aussi activement à la contrebande de tabac et mercerie qui transitait entre la France et la Belgique.
À part ces représentations artistiques ancestrales, on ne dispose d’aucune autre information antérieure à 1899, lorsque la race est apparue pour la première fois dans une exposition canine française. Le succès n’a pas été au rendez-vous, à cause de son style jugé trop rustique. Ce chien de berger n’était donc plus le bienvenu dans ce type d’événement canin. Mais des passionnés ont persisté à présenter leurs compagnons et décidèrent de les inscrire dans les concours dédiés aux chiens de garde et de défense. Le standard officiel du berger picard finit par être approuvé en 1922 par la Société centrale canine. Les deux guerres mondiales, qui ravagèrent le Nord de la France, ont cependant failli avoir raison de l’extinction de la race… Heureusement, des amoureux du berger de Picardie se sont lancés en quête des spécimens encore présents dans les fermes, qui auraient réussi à survivre à la catastrophe planétaire, et commencèrent à repeupler la région de ces valeureux canidés.

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