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Agroalimentaire
Le blocage de la sucrerie d'Escaudoeuvres parti pour durer ?

Depuis l’annonce de la fermeture prochaine de l’usine nordiste par le groupe Tereos le 8 mars, ses salariés occupent le site et empêchent tout mouvement de marchandise. Visite ministérielle, rassemblement de soutien et marche citoyenne sont prévus dans les prochains jours.

Depuis que le groupe Tereos a annoncé son intention de fermer le site sucrier d’Escaudoeuvres, les salariés se mobilisent contre ce projet.
© V.F.

En période de campagne, c’est de la fumée blanche que l’on est habitué à voir s’échapper de la sucrerie d’Escaudoeuvres, propriété du groupe coopératif Tereos. Or, depuis que ce dernier a annoncé son intention de fermer l’usine – c’était le 8 mars -, la couleur de la fumée a changé : depuis cette date et le campement des salariés sur le parking, le panache de fumée est noir, alimenté par des pneus et des palettes. Après avoir reçu le soutien d’élus locaux et régionaux dès le 8 mars, le lendemain, d’autres élus – syndicaux cette fois – sont venus témoigner de leur soutien aux salariés d’Escaudoeuvres.

Une méthode et un calendrier dénoncés

Selon les salariés de l’usine Tereos d’Escaudoeuvres (59), il y aurait en ce moment entre 40 et 45 000 tonnes de sucre à l’intérieur prêtes à être expédiées, mais pour eux, pas question de les laisser sortir. C’est le moyen de pression qu’ils comptent utiliser contre la direction de Tereos depuis que cette dernière leur a annoncé le projet de fermeture. A quelques jours du démarrage des semis de betteraves de la campagne, pas question non plus de laisser les agriculteurs-coopérateurs de Tereos venir récupérer leur commande de semences.

Le 9 mars, au côté des salariés de l’usine d’Escaudoeuvres, Ghislain Dubois encourageait ses collègues à « ne pas se laisser faire ». Salarié dans la branche maintenance de l’usine de Chevrières (60), délégué syndical central CGT et à ce titre secrétaire du Comité social et économique (CSE) central de Tereos, Ghislain Dubois a d’abord dénoncé la méthode et le calendrier choisi par le groupe sucrier pour faire son annonce : « Jamais ils n’auraient osé faire ça en septembre ou en octobre, pendant la campagne. Ils savaient très bien que l’usine aurait stoppé son activité ». « Cette annonce de fermeture, c’est un coup de massue pour tout le monde. Elle a été faite pendant une réunion à laquelle cela ne figurait pas à l’ordre du jour ».

Réunion du CSE vendredi 17 mars

En ce qui concerne les raisons avancées par Tereos pour justifier sa décision, l’élu CGT est loin de les partager. L’interdiction des néonicotinoïdes ? « Elle a bon dos », dénonce ainsi M. Dubois. L’estimation d’une durée de campagne réduite entre 28 et 45 jours ? « On peut faire autrement, s’emporte le syndicaliste. C’est une coopérative ou pas ? Il n’y a qu’à amener ici des betteraves d’autres bassins de production selon une répartition équitable. Il ne suffit pas de regarder les emblavements à 20 kilomètres à la ronde. » Quant au prix du sucre, « il n’a jamais été aussi haut qu’en ce moment ». En attendant des discussions avec la direction de Tereos – une rencontre information/consultation du CSEA est prévue ce vendredi 17 mars - « il est hors de question qu’on laisse sortir quoi que ce soit de cette usine. Le sucre qui est à l’intérieur, c’est vous qui l’avez produit », a lancé Ghislain Dubois.

Rassemblement et marche de soutien

Si le mouvement devait s’inscrire dans la durée, Maryse Treton qui représente la fédération CGT de l’agroalimentaire promet que les salariés d’autres usines seront présents : « Les sucriers, c’est une famille. L’ensemble des camarades de sucreries seront là, de la CGT, mais pas seulement. L’objectif est clair, la sucrerie d’Escaudoeuvres ne doit pas fermer ». Fin de semaine, les élus locaux – ville d’Escaudoeuvres et Communauté d’agglomération de Cambrai – ont annoncé l’organisation d’un rassemblement de soutien aux salariés de la sucrerie le dimanche 12 mars, à 11h, devant l’entrée du site industriel.

Le dimanche 19 mars, date à laquelle devait se dérouler la Corrida du sucre pour fêter les 150 ans de la sucrerie – l’événement a depuis été annulé -, c’est une marche de soutien qui sera organisée. L’objectif, annoncent le maire Thierry Bouteman et le président de la CAC, Nicolas Siegler, est de « manifester notre attachement à cette activité structurante et historique de notre ville et de notre territoire. »

Visite ministérielle

Selon la préfecture du Nord, ce lundi 13 mars, le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure doit se rendre à Caudry (59), sur le site du l’usine Buitoni (groupe Nestlé) pour rencontrer les salariés, la direction et les organisations syndicales du site, dont la mise à l’arrêt temporaire de la production a été annoncée le 2 mars dernier. Puis, le ministre se rendra à Escaudœuvres, sur le site de l’entreprise Tereos pour échanger avec la direction et les organisations syndicales.

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