Fourrages
Le bulletin des matières sèches maïs de la Somme
Les conseillers de la Chambre d’Agriculture et d’Avenir conseil élevage réalisent comme chaque année le suivi de l’évolution de la matière sèche du maïs ensilage.
Les conseillers de la Chambre d’Agriculture et d’Avenir conseil élevage réalisent comme chaque année le suivi de l’évolution de la matière sèche du maïs ensilage.

Les maïs récoltés le vendredi 29 août ont pris 4 points de MS, pour atteindre une moyenne départementale de 29,4 % MS. Lors de la préparation des échantillons de maïs, la pluie a fait son apparition, sur le secteur du Ponthieu Vimeu, certains résultats peuvent être impactés par la pluie.
Les chantiers d’ensilage ont débuté la semaine dernière sur le secteur de Vers-sur-Selle, Harbonnière, Camps-en-Amiénois et globalement sur les maïs semés début avril. La majorité des prélèvements nous amènent à une maturité optimale autour du 15-20 septembre. Nous observons un décalage entre la maturité du grain et la plante ce qui augmente la MS plante entière. Il est important de se déplacer au champ afin d’observer la maturité de l’épi. L’ensilage de maïs est le fourrage de l’année à ne pas rater, voici quelques conseils pour réussir sa conservation.
Tasser pour enfermer le moins d’air possible dans le silo :
L’objectif après récolte est d’obtenir un milieu anaérobie (absence d’oxygène), avec un PH inférieur à 4 pour favoriser les fermentations lactiques. C’est pourquoi, il est important de chasser le maximum d’air du silo par un tassement efficace.
À 30 % de MS, il y a 1 m3 d’air à chasser par tonne de MS. En condition optimum, en 3 à 4 heures il n’y a plus d’oxygène dans le silo et les bonnes fermentations démarrent. À plus de 35 % de MS, l’air enfermé représente 3 m3 par tonne de MS, chaque m3 de silo est donc plus difficile à tasser.
Les ensileuses sont aujourd’hui puissantes et rapides et le tracteur tasseur n’a souvent plus le temps d’effectuer un travail correct, surtout en cas de taux de MS élevé. Dans ce cas, il faut revoir la cohérence du chantier et prévoir la confection simultanée de deux silos avec deux tracteurs tasseurs.
Étaler en couches fines bien tassées et adapter la hauteur pour permettre une avancée satisfaisante du front d’attaque. Couvrir hermétiquement avec une bâche fine de 40-50 microns qui assure un bon contact avec le fourrage et élimine les poches d’air en surface. Une seconde bâche de qualité (100 microns et plus) protège le silo des pluies, du soleil et des ravageurs.
Dans la mesure du possible, commencez à ensiler les parcelles les plus avancées en maturité au début du chantier.
Choix des conservateurs pour ensilages de maïs afin d’optimiser la fermentation et la stabilité des silos
L’ensilage de maïs constitue une base essentielle dans l’alimentation des troupeaux. Mais sa réussite dépend d’une fermentation rapide et d’une bonne stabilité au cours du stockage et de la reprise. Pour assurer ce processus, la question d’ajouter un conservateur peut se poser.
Deux objectifs principaux sont alors recherchés :
1. Accélérer l’abaissement du pH pour bloquer l’activité des micro-organismes indésirables.
2. Améliorer la stabilité aérobie du silo après ouverture, afin de limiter l’échauffement et les pertes liées aux levures et moisissures.
Quels conservateurs choisir ?
Le choix dépend de plusieurs paramètres tels que, la teneur en matière sèche à la récolte (humide ou trop sec), les conditions de stockage (largeur du silo, reprise…), les objectifs de l’éleveur (sécuriser la fermentation, améliorer la stabilité, limiter les pertes).
1) Les additifs microbiens
Ils sont constitués de souches de bactéries lactiques sélectionnées. On distingue deux grands groupes :
• Bactéries homofermentaires (ex. Lactobacillus plantarum). Leur action consiste à transformer rapidement les sucres solubles du maïs en acide lactique, qui abaisse rapidement le pH. Cela stabilise l’ensilage et réduit le risque de prolifération des entérobactéries ou de clostridies. Leur effet est particulièrement recherché dans des maïs riches en sucres et récoltés avec une teneur en matière sèche optimale (33–35 % MS).
• Bactéries hétérofermentaires (ex. Lactobacillus buchneri). Celles-ci produisent, en plus de l’acide lactique, de l’acide acétique qui est un inhibiteur naturel des levures et moisissures responsables des échauffements lors de la reprise du silo. Ces inoculants sont recommandés dans les situations à risque d’instabilité aérobie : silos de grande largeur, reprises lentes, distribution estivale.
Certains produits associent les deux types de souches pour combiner acidification rapide et meilleure conservation à l’ouverture.
2) Les additifs chimiques
Les conservateurs chimiques regroupent plusieurs molécules, majoritairement des acides organiques.
• Acide formique : utilisé depuis longtemps, il bloque efficacement les fermentations indésirables mais son emploi est plus délicat pour des raisons de manipulation (corrosif).
• Acide propionique et ses sels : très efficace contre les levures et moisissures, il améliore nettement la stabilité aérobie.
• Acide benzoïque ou sorbique : parfois utilisés en association pour renforcer l’effet antifongique.
Ces additifs sont surtout conseillés quand la teneur en matière sèche est élevée (> 35 % MS), et que le tassement est plus difficile, ce qui implique un risque de développement de champignons plus important.
Effets mesurés et intérêts économiques
De nombreux essais ont mis en évidence des bénéfices concrets :
• Réduction des pertes de matière sèche de 3 à 5 %
• Meilleure préservation de l’amidon et des protéines
• Une meilleure stabilité à l’ouverture, avec moins d’échauffements et de refus
• Hausse de l’ingestion et de la production laitière dans certains cas
• Diminution des refus et amélioration de l’appétence.
D’un point de vue économique, l’investissement dans un conservateur (souvent 1.5 à 3 €/t d’ensilage) peut être largement compensé par la réduction des pertes et la valorisation plus complète du fourrage récolté.
Modalités d’utilisation
L’efficacité d’un conservateur repose sur son application correcte :
• Moment d’incorporation : toujours au moment de la récolte, pour coloniser rapidement le fourrage, mais l’acide propionique peut également être pulvériser sur le front d’attaque à chaque reprise.
• Mode d’application : la majorité des produits sont administrés sous forme liquide via un dispositif de pulvérisation monté sur l’ensileuse. L’homogénéité est essentielle, il faut donc vérifier le débit.
• Dosage : il doit être scrupuleusement respecté, car un sous-dosage réduit l’efficacité et un surdosage augmente inutilement le coût.
• Attention à l’eau utilisée…
En aucun cas, un conservateur va améliorer un ensilage de maïs de mauvaise qualité, il évitera cependant qu’il ne se dégrade plus. Il est donc important de respecter les bons processus de récolte du chantier d’ensilage au préalable (récolte à la bonne maturité, longueur de coupe, tassement soigné, bâchage étanche).

