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Le maire, ce fantassin de la République

Maire de Ferrières et président de l’association des maires de la Somme, Jean-Claude Billot inaugure notre série à la rencontre des maires ruraux à l’approche des élections municipales. Il nous livre son point de vue sur l’évolution de la fonction et ses combats.

Élu depuis 1977, Jean-Claude BIllot ne se représente pas en 2020, sans regrets.
Élu depuis 1977, Jean-Claude BIllot ne se représente pas en 2020, sans regrets.
© D. R.



A l’ouest d’Amiens, dans le canton d’Ailly-sur-Somme, la commune de Ferrières et ses 477 habitants auront d’ici quelques semaines un nouveau maire. élu conseiller municipal depuis 1977 et maire depuis 1980, Jean-Claude Billot ne repart pas pour un autre mandat... comme un peu moins d’un maire sur deux dans le département.
«Il y a encore quelques semaines, c’était plus de 50 % de défection. Aujourd’hui, c’est un peu moins, mais cela reste troublant», expliquait en ce début de semaine celui qui est également président de l’association des maires de la Somme (AMF 80). Plusieurs explications à cela, la première étant l’âge des élus engagés : «Pour des gens nés dans la période d’après-guerre qui, comme moi, ont entre 70 et 75 ans, il est temps d’arrêter pour ne pas finir le mandat à presque 80 ans», admet M. Billot. D’autre part, «plusieurs maires nous confient ne pas avoir trouvé ce qu’ils pensaient trouver au cours de leur mandat. L’expérience ne s’est pas forcément passée comme ils l’avaient imaginée». Avec 772 communes, le département de la Somme est le troisième de France en nombre, derrière ceux du Pas-de-Calais et de l’Aisne.

Une tête, des oreilles et des bras
Au bout de sept mandats, Jean-Claude Billot porte de toute évidence un regard affuté sur l’évolution de la fonction magistrale et de sa perception par les citoyens : «Il n’y a plus de respect, pour rien ni pour personne. Les gens pensent que c’est facile d’être maire, mais ils n’imaginent pas le travail que cela représente. Il y a un gros travail à faire au sein de commissions, à l’association des maires de France. Il faut se former, être en veille. Trouver des solutions pour des gens qui ont des difficultés fait partie du boulot de maire.» La formule n’est pas nouvelle, mais l’élu local l’affectionne particulièrement : «Le maire, c’est le fantassin de la République. Quand les gens ne sont pas contents de l’action de l’état, c’est au maire qu’ils en parlent en premier. Quand on est élu, il ne faut pas s’attendre à être félicité ou à s’enrichir. On est plutôt là pour se faire engueuler... La satisfaction que l’on a, c’est de voir les projets que l’on a se mettre en place après quelques mois ou quelques années.»

Une fonction plus complexe
Les lois sur la décentralisation (1982-1983) ont d’abord considérablement changé la donne, en particulier pour les petites communes : «Dans les années 1970, quand nous voulions faire quelque chose, il suffisait de demander au préfet et nous avions un conseil. Il suffisait ensuite de suivre la marche qu’on nous proposait. On travaillait avec du papier. Le ou la secrétaire de mairie travaillait 10 heures par semaine et cela était suffisant. Aujourd’hui, ce sont des cadres B qui travaillent 35 heures par semaine. Tout s’est complexifié avec l’informatique.» Puis, il y a eu la loi portant sur la création des intercommunalités : «Cette loi a dépouillé les maires de leurs attributions, regrette encore M. Billot. Les compétences qui étaient intéressantes ont glissé vers l’intercommunalité. Au final, on n’a gardé que les ennuis.» S’il constate une différence dans la manière d’assurer la fonction au sein des territoires ruraux et urbains, pas question pour autant d’opposer les collectivités entre elles. La fracture supposée entre ces deux types de territoires serait, selon M. Billot, «exagérée». «Avec la mise en place des intercommunalités, il y a quand même pas mal de choses qui ont pu être mises en place pour les habitants des communes rurales», assure-t-il.
En termes de responsabilité, là encore, la charge s’est alourdie pour le maire avec le temps : «Le maire a de plus en plus de responsabilités et cela peut l’emmener jusque devant les tribunaux ou à engager ses deniers personnels...» La formation est, quant à elle, quasi-obligatoire pour administrer une commune de la même manière qu’on le ferait pour une entreprise : «On gère du personnel. On établit un budget qui doit être à l’équilibre. Il faut de plus en plus de compétences juridiques, dans la gestion et savoir faire preuve de pédagogie. Être maire est devenu un métier pour lequel on n’est pas formé à l’avance.» S’il est sensible, le sujet de la fiscalité locale est incontournable et son augmentation... inéluctable. «Nos concitoyens sont de plus en plus exigeants tandis que nos ressources sont de plus en plus limitées. Il n’y a pourtant pas de secret. Pour faire la même chose au cours d’une année que l’année précédente, nous avons besoin de plus de moyens.»

Le chantier de la mobilité
En abandonnant la fonction majorale, Jean-Claude Billot ne met pas un terme à tout engagement. Tout en assurant que sa succession est préparée depuis quelque temps, ce qui permettra «une forme de continuité», il devrait ainsi figurer sur la liste emmenée par l’un de ses adjoints et dit ne pas craindre qu’une autre liste soit constituée. «Le vieux lion s’en va, cela créé forcément des convoitises, mais je n’ai pas de regret.» Pas même une déception ?
«Celle de ne pas avoir pu faire grand chose pour empêcher la disparition de certains services publics dans les communes rurales, comme la Poste ou les Trésoreries publiques, admet M. Billot. C’est regrettable qu’il faille prendre la voiture pour aller faire un certain nombre de démarches dans le centre des grandes villes. La mobilité dans les territoires ruraux sera sûrement l’un des grands sujets des prochaines années.»



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