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Élevage
Le méteil, un fourrage intéressant pour sécuriser ses stocks fourragers

Dans le cadre du Programme de maintien de l’agriculture en zones humides (PMAZH), la Chambre d’agriculture accompagne les éleveurs dans la recherche d’autonomie fourragère et protéique.

Parmi les leviers, le méteil offre une solution intéressante pour renforcer l’autonomie fourragère et protéique. Sa culture souple et sa bonne valeur alimentaire en font un levier pertinent, surtout en période de tension sur les stocks, avec un bon rendement et une sécurité à la récolte.

Le méteil est une association d’une ou plusieurs céréales (blé, triticale, avoine, seigle, orge) avec une ou plusieurs légumineuses annuelles (vesce, féverole, pois fourrager, etc.).

 

Les bonnes questions à se poser

Le succès d’un méteil repose sur des choix réfléchis et adaptés aux besoins spécifiques de son exploitation. Le choix des espèces, leur densité de semis ainsi que la date d’implantation ne doivent rien au hasard, ils doivent être définis en fonction des objectifs de l’éleveur et des conditions de la parcelle.

Pour construire un mélange cohérent et performant, il est essentiel de commencer par se poser les bonnes questions :

• Quel type de fourrage recherchez-vous ? Volume important ou forte valeur alimentaire ?

• À quelle période de l’année ce fourrage sera-t-il utilisé ? Printemps, été, complément hivernal ?

• Pour quels animaux ? Vaches laitières, taries, jeunes bovins ?

• Quel mode de récolte envisagez-vous ? Ensilage, enrubannage, récolte en grain ?

• Quelle est la nature de votre sol ? Argileux, limoneux, séchant ?

• Comment ce méteil s’intègre-t-il dans votre rotation ? Avant une culture de printemps ? Après un précédent céréale ?

Ces éléments vont orienter le choix des espèces à associer, la densité de semis et la date de semis pour atteindre l’équilibre souhaité entre rendement, qualité et adaptation au système d’élevage.
 

Choisir son objectif

Si votre priorité est la qualité du fourrage, en particulier la teneur en protéines et la digestibilité, il est conseillé de viser une récolte précoce, avant l’épiaison des céréales. Cela limite la montée en lignine et préserve la valeur alimentaire.

Si vous cherchez à maximiser le rendement, vous pouvez repousser la récolte jusqu’au stade laiteux-pâteux des céréales. Attention toutefois, au-delà de ce stade, les valeurs alimentaires diminuent rapidement.

Équilibre et complémentarité

Un méteil réussi repose sur :

• Des espèces aux fonctions complémentaires : les céréales pour l’énergie et les légumineuses pour les protéines.

• Au moins une espèce tutrice (comme le seigle ou le triticale) pour soutenir les légumineuses et éviter le risque de verse.

• Des précocités comparables pour que toutes les espèces arrivent à maturité au même moment.

• Des hauteurs de végétation proches pour éviter que certaines plantes ne soient étouffées.

Un mélange bien construit, adapté à vos objectifs et à votre contexte, est la clé pour tirer le meilleur parti de votre méteil : un fourrage équilibré, productif et intégré à votre système.

Des méteils prometteurs !

En 2024/2025, dans le cadre du PMAZH et dans une volonté d’apporter des résultats concrets aux éleveurs, la Chambre d’agriculture de la Somme a suivi, au sein de la Moyenne Vallée de la Somme, deux mélanges de méteils :

- Méteil 1 : seigle, vesce et trèfle, avec une proportion de 70 % de céréales et 30 % de légumineuses.

- Méteil 2 : triticale, avoine, vesce et trèfle, avec une proportion de 80 % de céréales et 20 % de légumineuses.

Ces mélanges ont été implantées avec le même itinéraire technique et en conditions réelles.

Les conditions météorologiques, températures douces et pluies régulières, ont favorisé une levée homogène, une bonne couverture du sol et un bon développement des légumineuses. Résultat : un équilibre intéressant entre rendement et qualité du fourrage.

Dans les deux cas, l’objectif était de produire un fourrage précoce, à forte valeur alimentaire, bien adapté aux besoins des vaches laitières en production.

Les clés de la réussite à la récolte

Nos observations sur la récolte 2025 de méteils soulignent l'importance du timing et de l'équilibre des espèces pour une performance optimale.

Le méteil 1, récolté le 24 avril en début d'épiaison, a été dominé par le seigle, plus précoce, avec 88 % de céréales pour seulement 10 % de légumineuses. Bien que le rendement fût intéressant (6,2 t MS/ha), une récolte plus précoce (mi-avril) aurait permis de mieux valoriser la richesse nutritive du fourrage avant la montée en lignine de la céréale.

Le méteil 2 illustre parfaitement la stratégie gagnante : récolté le 28 avril, avant épiaison des céréales, il a permis une meilleure synergie entre les espèces. Les légumineuses, dont la précocité était plus alignée avec les céréales, ont pu s'exprimer pleinement, atteignant 23 % du mélange (pour 75 % de céréales). Résultat : un rendement remarquable de 7,9 t MS/ha, associé à une diversité des espèces qui renforce l'intérêt agronomique du fourrage.

Ces données confirment que choisir des variétés de légumineuses dont la précocité correspond à celle de la céréale et ajuster la date de récolte, sont des leviers essentiels pour maximiser la valeur et le rendement de vos méteils.

Pour notre essai, une production de biomasse élevée affiche un profil nutritionnel favorable, mais ce n’est pas toujours le cas. Les valeurs alimentaires présentées ci-dessous sont en vert, des analyses du fourrage fermenté sont prévus dès l’ouverture de l’enrubannage.

On constate que le méteil 2 est le choix le plus performant et le plus intéressant pour l'alimentation des vaches laitières. Sa combinaison de rendement élevé, de digestibilité supérieure et de forte concentration en énergie et en protéines digestibles le rend idéal pour soutenir des niveaux élevés de production laitière et optimiser les performances des animaux. Il permettra de réduire la dépendance aux concentrés énergétiques et protéiques.

Le méteil 1, bien qu'offrant des valeurs nutritionnelles acceptables, est moins dense en énergie, en protéines digestibles et plus riche en fibres. Il pourrait être utilisé pour des élèves, ou nécessiterait une supplémentation plus conséquente pour répondre aux exigences des vaches à forte production laitière.

En bref, pour maximiser la production laitière et l'efficacité alimentaire, le méteil 2 est clairement à privilégier.

En tenant compte de nos résultats, l’introduction de ces méteils dans une ration vache laitière à base d’ensilage de maïs, de pulpes surpréssées, tourteaux de colza et de soja peut permettre un gain dans la ration de 0,10 €/VL/jour.

En effet, la substitution d’une partie du maïs ensilage par le méteil, permet une économie de correcteur azoté, et donc un gain économique. Sur douze mois, pour un troupeau de 70 vaches, cela représente 2 500 € d’économie. Conduit en dérobé, le méteil permet également de libérer de la surface pour des cultures de vente.

Conclusion

Le méteil s’impose comme un levier intéressant pour sécuriser les stocks fourragers tout en renforçant l’autonomie protéique des exploitations. En cas de conditions météorologiques défavorables, le méteil peut toutefois impacter la culture du maïs. Cependant, il est facile à intégrer dans les rotations, adaptable selon les objectifs et riche en valeur alimentaire, il permet de diversifier les sources de fourrage tout en réduisant les achats de concentrés.
 

Pour aller plus loin avec la Chambre d’agriculture de la Somme :

- Conseil “Ration” et “Performance économique” en bovin lait

(Contact = Claire Leroy – 06 86 37 56 68 ou Anthony Chemin – 06 20 03 76 53), bovin viande (Élisée Thulliez – 06 77 64 05 58) et ovins (Arnaud Cuviller – 07 86 99 49 06)

- Formation “Analyser la rentabilité de son élevage laitier” le Mardi 1er Juillet 2025 à Abbeville 
(Contact = Claire Leroy – 06 86 37 56 68)

- Si vous êtes éleveur(se) sur le secteur Moyenne Vallée de la Somme et affluents ou Plaine Maritime Picarde, vous pouvez bénéficier d’un accompagnement pris en charge par les partenaires du Plan de maintien de l’agriculture en zone humide, PMAZH.

 

Erreurs à éviter dans le mélange

Certaines erreurs peuvent compromettre la réussite du méteil.
Il est déconseillé d’utiliser des variétés barbues, car elles peuvent être agressives pour le palais et le tube digestif des animaux, entraînant une baisse de l’ingestion. Il faut également éviter les variétés sensibles à la verse, qui fragilisent la tenue du couvert, ainsi que celles vulnérables au gel en cas de semis d’automne. Pour des semis de printemps, les variétés de type hiver ou trop tardives sont peu adaptées. Enfin, il est préférable d’éviter les protéagineux à faible développement végétatif, qui risquent d’être étouffés par les céréales du mélange.

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