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Le myriophylle hétérophylle, cauchemar de la Somme

Depuis 2014, le Département de la Somme se bat contre l’invasion du myriophylle hétérophylle dans le fleuve Somme. L’algue est une menace pour l’équilibre écologique et les activités nautiques. 

Le faucardeur, sorte de taille haie hydrolique, coupe la plante à une profondeur  de 2 m. 630 000 m² seront ainsi traités cette année. 
Le faucardeur, sorte de taille haie hydrolique, coupe la plante à une profondeur de 2 m. 630 000 m² seront ainsi traités cette année.
© Département de la Somme

Avec ses longues tiges à fines feuilles, le myriophylle hétérophylle fait sensation dans un aquarium. Mais dans les cours d’eau français, son invasion est un véritable désastre. La plante prolifère dans le monde entier en eau douce avec faible courant. Elle développe des tiges de 3 m de long poussant jusqu’à 30 à 40 cm hors de l’eau. 

Dans la Somme, le myriophylle hétérophylle a été observé pour la première fois en 2014, à Contre. En 2015, l’espèce a été identifiée dans une portion de la Somme canalisée, dans les communes de Bourdon et de Flixecourt, ainsi que dans un étang attenant. Elle a par la suite été observée sur des tronçons du canal traversant les communes d’Abbeville, de Picquigny, d’Ailly-sur-Somme, de Corbie et de Froissy. «Aujourd’hui, certains secteurs de la Somme sont complètement envahis. Sa densité gêne considérablement la navigation, ainsi que la pratique des sports nautiques et de la pêche. Elle est aussi une menace pour l’équilibre écologique», atteste Gautier Desenclos, chef du service exploitation maintenance de l’agence fluviale et maritime du département de la Somme. 

Voilà sept ans que le Département, qui gère l’entretien du canal de la Somme (116 km, de Saint-Valery-sur-Somme à Sormont près de Péronne), a donc engagé un plan d’action contre la prolifération de cette plante envahissante. Depuis les premières campagnes de lutte, près de 184 ha ont été traités par le Conseil départemental, pour un montant total de près de 1,5 M€. Jusqu’ici, les équipes n’ont pas trouvé la solution miracle qui permettrait de l’éradiquer. «Nos actions permettent cependant de la contenir. C’est indispensable pour maintenir les activités sur le fleuve et d’éviter les problèmes d’écoulement en période de crue, et donc les inondations», précise Gautier Desenclos. 

 

À l’aide de faucardeurs 

Leurs outils : deux bateaux faucardeurs, sorte de taille haie hydroliques, qui coupent la plante à une profondeur de 2 m. En plus de l’ancien prototype, un tout nouveau modèle, muni d’un équipement spécialisé pour lutter contre le myriophylle hétérophylle, a été acheté cette année. «En pleine période de croissance, la plante peut pousser de 30 cm chaque semaine. Dans certains secteurs traités au printemps, nous avons dû recommencer six semaines plus tard.» En mai, les biefs de Froissy, de Méricourt-sur-Somme et Sailly-Laurette, du barrage d’Étinehem à la limite de la commune de Chipilly, ont été faucardés. Puis les équipes se sont attaquées aux biefs de Corbie, Montières et la Breilloire. 630 000 m² seront ainsi fauchardés cette année. Après chaque coupe, la plante est évacuée par camion (cf. encadré). 

La stratégie de lutte comporte également le hersage, qui consiste à déraciner et arracher la plante à l’aide d’une herse fixée sur une pelle hydraulique manœuvrable depuis un ponton flottant, et qui gratte le fond fluvial ; et à l’arrachage manuel sur les pieds de berge du canal, qui permet de limiter la reprise de la colonisation. «Cette année, nous avons pu nous passer de hersage, cinq fois plus coûteux que le faucardage. Avec les pluies printanières, le niveau de l’eau est assez élevé et le courant est important par endroit. La plante parvient moins à s’accrocher», note Gautier Desenclos. 

 

Des études toujours menées

Si le spécialiste sait que la plante n’a pas fini de lui donner du fil à retorde, il reste optimiste. «Un partenariat avec l’Université de Lorraine et les Voies navigables de France est en cours. En plus d’étudier l’espèce, ses comportements et sa colonisation, il devrait permettre d’obtenir un outil précis qui adaptera les moyens de lutte selon les secteurs.»

 

Une valorisation agricole ?

Une fois le myriophylle hétérophylle arraché ou coupé, celui-ci est évacué puis stocké, et sert à la reprise de berge. «Une fois la plante hors de l’eau, il n’y a plus aucune chance de reprise de pousse ou de dissémination», assure Gautier Desenclos. Des travaux sont également menés avec des groupes d’agriculteurs et la Chambre d’agriculture de la Somme pour étudier son pouvoir méthanogène, afin d’alimenter des méthaniseurs, ou d’être composté pour permettre un apport organique aux terres.
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