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Le Plan de prévention des risques naturels des Bas-Champs est-il justifié ?

Le 7 octobre dernier, la préfecture de la Somme organisait une réunion d’information au casino de Cayeux-sur-Mer sur le Plan de prévention des risques naturels des Bas-Champs, en cours d’élaboration.

Construction des épis, hiver 2013.
Construction des épis, hiver 2013.
© AAP

Le compte à rebours a commencé. A la fin de cette année débuteront la consultation et l’enquête publique sur le Plan de prévention des risques naturels (Pprn) des Bas-Champs, au sud de la Baie de Somme, avant son approbation à la fin du premier trimestre 2016. Son but ? Définir les aléas, autrement dit les phénomènes naturels potentiellement dangereux, ici l’aléa de submersion marine et celui du recul du trait de côte, susceptibles de mettre en danger les personnes, les biens, le patrimoine et les activités sur le littoral samarien.
Cette procédure ne date pas d’hier, puisque le Pprn des Bas-Champs a été prescrit le 8 février 2007 sur les communes de Brutelles, Cayeux-sur-Mer, Lanchères, Pendé, Woignarue, et une partie d’Ault et de Saint-Valéry-sur-Somme. Sauf, qu’entre-temps, Xynthia est passée par là, avec ses 29 habitants de la Faute-sur-Mer (Vendée), mortes en 2010, piégées par l’eau dans leur habitation, dans des maisons qui n’auraient jamais dû être construites à cet endroit-là. L’Etat, depuis, a durci les conditions d’urbanisation sur le littoral, déclenchant l’ire des habitants et des élus de nombreuses communes sur le littoral français.
«Ce Plan, qui répond à une doctrine nationale est porteur de contraintes, reconnaît Nicole Klein, préfète de la région Picardie et de la Somme. C’est le prix de la maîtrise des risques et des coûts que génèrerait demain pour la collectivité une situation non anticipée. Mais c’est aussi un atout pour ne pas subir.» Un atout que les élus et les habitants concernés par ce Plan ne reprennent pas vraiment à leur compte.

Trop de protection
Aussi, sans pour autant rejeter le principe d’un Pprn, habitants, associations, élus, artisans et agriculteurs ont manifesté sur le boulevard longeant la plage de Cayeux-sur-Mer, le 7 octobre dernier, avant de se rendre à la réunion publique, pour montrer leurs préoccupations. Car, si la nouvelle étude, présentée par les services de la préfecture et Patrice Walter, l’expert en risques littoraux du cabinet Creocean (cabinet en charge de l’étude scientifique sur les aléas, les enjeux et les risques littoraux dans les Bas-Champs), prend en compte les réserves émises par le commissaire enquêteur lors de l’enquête publique de 2011, ainsi que la nouvelle réglementation, elle ne met pas un terme aux inquiétudes de la population.
D’une part, parce que le niveau de référence défini pour le trait de côte est désormais à situer à 7,5 mètres NGF plutôt qu’à 5,58 mètres NGF, comme arrêté précédemment par convention. D’ailleurs, même à cette cote de 5,58 mètres NGF, le cordon de galets placé entre Ault et Cayeux, «on y estime une brèche possible sur 650 mètres», dixit l’expert. Autre faille dans le dispositif de défense contre la mer des Bas-Champs : la digue de la Gaîté, située entre Cayeux et le Hourdel, et constituée de terre, pourrait être emportée par l’eau lors d’une submersion. Ce que met en doute le maire de Cayeux-sur-Mer, qui s’interroge sur la probabilité d’une brèche de 600 mètres sur la digue des Mollières.
D’autre part, parce que les vingt-quatre derniers épis construits en front de mer à Cayeux ne seront pris en compte que dans cinq ans, une fois leur efficacité avérée. En fonction des résultats obtenus, il pourra alors être envisagé de réviser le Pprn. Ce que contestent nombre d’agriculteurs, convaincus, eux, de l’efficacité des ouvrages en place, notamment du système hydraulique des polders.
Aussi pour les uns comme pour les autres, ce Plan n’est pas justifié. Car, en restreignant ou en interdisant les nouvelles constructions en dessous d’une certaine altimétrie et sur le littoral, le Pprn empêchera tout développement économique de la zone. Et tous de dire qu’ils connaissent le risque d’inondations. D’ailleurs, ajoutent-ils, ils ont appris à vivre avec, et ce, depuis des décennies. Puis de s’interroger à voix haute sur qui cherche à protéger en premier l’Etat ? Lui-même ou la population ?
Une question que le sous-préfet, Jean-Claude Geney, à «évacuer», dès le début de la réunion, en rappelant que le but est d’apporter à la population «un certain nom­bre d’éléments d’information et d’échanger dans un climat serein. Il n’y a rien à cacher». Avant de promettre de ne pas tomber «dans l’excès du principe de précaution». Le débat n’est pas près d’être clos.

REACTION

Régis Brunet, président cantonal de Saint-Valéry-sur-Somme

«Qu’on nous laisse vivre»


Il n’y a rien de positif pour nous dans ce Pprn des Bas-Champ. Avec une altimétrie, qui est passée de 5,58 m NGF à 7,5 m NGF, on n’a plus le droit de construire, de s’agrandir, ou de mettre aux normes nos bâtiments. Depuis la prescription du Pprn en 2007, tous les permis de construire déposés ont été retoqués. On se demande comment on va faire.
Des simulations sont faites à cent ans. On ne peut pas avoir sérieusement, une vision à cent ans, sans avoir de vision intermédiaire. On ne voit vraiment pas la raison de nous faire un scénario catastrophe. On est nés ici, on connaît les risques. Puis, où n’y a-t-il pas de risques ? Nulle part. Alors, les services de l’Etat feraient mieux de dépenser l’argent ailleurs que dans des simulations. Quoi qu’il en soit, on réfléchit à attaquer la modélisation présentée, car on ne la trouve pas réaliste.
La Ddtm nous a promis d’avoir une attention particulière sur ce dossier pour notre profession. Des études au cas par cas seront faites. Si tel n’est pas le cas, cela va mal se passer. Qu’on nous laisse vivre et nous développer un peu.

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