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Le retour de l’élevage dans le Santerre pour une meilleure fertilité des sols

Fût un temps, les moutons pâturaient sur les terres de la ferme familiale de Nicolas Thirard. Après quatorze années de grandes cultures bio, il a décidé du retour 

des ovins en plaine, pour une meilleure cohérence du système, et pour améliorer la fertilité des sols. Agro-Transfert ressources et territoires donnait rendez-vous 

autour d’un profil de sol pour en discuter ce 20 mars.

  

Le profil de sol permet de poser un diagnostic qualitatif de la parcelle.
Le profil de sol permet de poser un diagnostic qualitatif de la parcelle.
© A. P.

Il y a quelques dizaines d’années encore, le paysage de la vallée de l’Omignon, dans le Vermandois, était ponctué de petites taches blanches. Il s’agissait de moutons. Alors pour Nicolas Thirard, agriculteur bio installé à Devise, être à nouveau éleveur ovin est un retour aux sources. «Chez moi, ça s’est fini dans la douleur, avec la perte du troupeau pour cause de fièvre catarrhale. Mais cette année, j’ai décidé de réinvestir dans un troupeau de soixante-dix bêtes, parce que ça s’intègre bien dans mon système : apport organique, épandage automatique, valorisation et gestion des couverts, travail du sol par le piétinement, sans tassement…» L’objectif est que le troupeau reste en plaine toute l’année. Ce 20 mars, Agro-Transfert ressources et territoires donnait rendez-vous autour d’un profil de sol sur ses terres, dans le cadre du projet VivLéBio, qui a pour but de produire des références pour les systèmes légumiers bio et durables, entre autres sur la fertilité du sol.

La parcelle concernée est un précédent blé, cultivée en endives l’année d’avant, et sera plantée en pommes de terre dans quelques semaines. Ce blé a été semé sans labour. «Dans le blé, je sème toujours du trèfle en sous-couvert au printemps. Mais c’est la première fois que ça a mal levé, à cause de la sécheresse», précise Nicolas Thirard. Depuis la récolte, aucun travail du sol n’a été réalisé, mais les moutons y ont pâturé il y a un mois. Côté fertilisation, la parcelle a bénéficié d’un épandage de fientes de poules et d’écumes. «Il s’agit d’un sol de couverture : un limon sur calcaire très profond», précise Olivier Suc, pédologue à la Chambre d’agriculture de la Somme. Ce sol présente des avantages certains, car très fertile, facile à travailler, et propice au bon développement des plantes. Mais il faut savoir le soigner. «C’est aussi un sol fragile, qui a tendance à former une croûte sous l'effet de la pluie. Il n’est pas carbonaté, donc nécessite un entretien de ce côté.» Un apport de craie conséquent a d'ailleurs été effectué il y a quatre ans. 

Olivier Suc fait ensuite parler la fosse pédologique, creusée à 1,50 m de profondeur. Le premier horizon, de 0 à 40 cm est l’horizon de surface (LE). «On remarque sa couleur plus foncée, signe de richesse supérieure en matières organiques.» Les 30 cm suivants sont l’horizon BT, qui présente des particules argileuses. À 70 cm de profondeur, nous voilà en présence d’un horizon S, formé par l'altération des minéraux primaires. Enfin, à 1 m, il s’agit de l’horizon C, qui présente une altération du limon. «On remarque des galeries de vers à 140 cm. C’est signe d’un enrichissement organique important», note Olivier Suc. 

Un sol qui fonctionne bien

Olivier Ancelin, aussi pédologue à la Chambre d’agriculture de la Somme, a recours au profil cultural, pour caractériser la fertilité de ce sol. Et globalement, il peut dire que c’est un sol qui fonctionne plutôt bien. «On note un enracinement dense à 15 ou 20 cm, signe d’absence de compactage ou de tassement.» Les stigmates d’un ancien labour sont cependant visibles à 23 cm. «On voit que l’enracinement est plus compliqué. Il y a moins de porosité.» Faut-il avoir recours à un travail mécanique du sol pour y remédier ? «Un travail du sol à 20 cm après les pommes de terre sera certainement nécessaire. Mais sinon, tout dépend de la météo. Si le printemps est un peu pluvieux, il n’y aura pas forcément besoin.» Le passage d’un décompacteur tous les deux ou trois ans peut réaliser un travail correct. Attention cependant à cette technique qui peut faire des dégâts. «Après un mauvais décompactage, on peut voir apparaitre des “V“ de fissuration.» Sa réussite repose sur la teneur en eau du sol, qui ne doit être «ni trop humide, ni trop sec».

L’agriculteur, lui, mise beaucoup sur ses moutons pour améliorer davantage la qualité de son sol. Les couverts, déjà bien utilisés, seront davantage diversifiés pour    apporter un fourrage suffisant, et devraient aussi être bénéfique à la terre. 

Fertilité en légumes plein champ

Selon Agro-Transfert, il existe peu de recul sur l'évolution de la fertilité des rotations biologiques comportant des légumes de plein champ. Pourtant ces cultures présentent des caractéristiques qui risquent de dégrader cette fertilité : «elles ont des besoins élevés en phosphore et en potassium, et ces éléments sont en grande partie exportés de la parcelle au moment de la récolte». Une enquête menée auprès d’exploitation productrices a permis de faire le point sur l'évolution potentielle des stocks de P et de K. Il en ressort plusieurs leviers pour gérer la fertilité en potassium et phosphore des parcelles. La réalisation régulière d’analyses de sol et de bilans d’exportations des cultures est importante. Des apports par les engrais et amendements organiques (selon la composition de ces engrais) sont nécessaires. L’intégration de plantes et couverts d’interculture à grandes capacités d’exploration racinaire peuvent capter le P et le K en profondeur et le remobiliser. Pour obtenir des balances équilibrées, le phosphore et le potassium sont à raisonner au même titre que l’azote. Enfin, une vigilance particulière devra être apportée à l’intégration de luzerne et de légumes dans la rotation, car ce sont des cultures fortement exportatrices.

Entretenir le stock de carbone du sol

Pour Agro-Transfert, l’entretien du stock de carbone est aussi déterminant pour la fertilité à long terme du sol. Or, le déstockage de carbone est fréquent dans les systèmes de légumes de plein champ. «La fréquence élevée de cultures racinaires, qui restituent peu de carbone au sol, explique en partie le déstockage de carbone estimé.» Plusieurs leviers sont identifiés pour cela. Connaître son sol et sa dynamique de minéralisation est une première étape indispensable pour fixer ses objectifs d'entretien du stock de carbone organique. L'entretien du stock de carbone consiste à restituer du carbone au sol, via les engrais organiques, les résidus de cultures et les couverts. Ensuite, la part de carbone restituée au sol augmente avec l'introduction dans la rotation de cultures à forte restitution de carbone, comme le maïs et la luzerne. La restitution des pailles est également significative, mais en moins mesure. Les engrais organiques au ratio carbone/azote (C/N) élevés apportent également de plus grandes quantités de C au sol. «Attention toutefois à la faim d’azote qui peut en découler pour la culture suivante.» Enfin, la capacité du couvert d’interculture à entretenir le stock de matière organique du sol est directement corrélée à leur biomasse, mais aussi et à leur C/N : plus le ratio C/N est faible, plus le carbone contenu dans les résidus sera assimilé dans l'humus stable du sol. Cela justifie l'implantation de légumineuses en interculture, dont les C/N sont plus faibles que les graminées.
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