Coopération
Le sucrier Cristal Union consolide ses chiffres
Après une année 2023-2024 record, le groupe coopératif Cristal Union affiche cette année des résultats en recul, dans un marché du sucre assez instable. Il parvient cependant à se désendetter et à poursuivre ses investissements pour accélérer sa transition écologique.
Après une année 2023-2024 record, le groupe coopératif Cristal Union affiche cette année des résultats en recul, dans un marché du sucre assez instable. Il parvient cependant à se désendetter et à poursuivre ses investissements pour accélérer sa transition écologique.

Lors de la dernière campagne 2024-2025, Cristal Union a réalisé le «3e meilleur résultat de son histoire», a indiqué son président, Olivier de Bohan, lors d’une conférence de presse le 10 juin. Autrement dit, le groupe coopératif a su résister aux nombreuses chausse-trappes politiques, économiques et sanitaires qui ont jalonné son exercice. Le chiffre d’affaires, arrêté au 31 janvier 2025, enregistre une baisse de 3,8 % à 2,65 milliards d’euros (Md€) contre 2,8 Md€ en 2024. Notamment en cause, une chute «sévère» des cours du sucre qui sont passés de 800 €/tonne en début de février 2024 à 550 €/tonne en janvier dernier. «Nous sommes dans une fin de cycle quinquennal», a ajouté Xavier Astolfi, directeur général, qui a constaté parallèlement une hausse des coûts de production «de l’ordre de +30 % dans notre secteur». Ces éléments ont pesé sur l’Ebitda du groupe, affichant 287 millions d’euros (M€) chute de 33 % (contre 432 M€) en un an et sur le résultat net du groupe. Celui-ci est passé de 307 M€ (2023-2024) à 117 M€, soit une baisse de 62 %. C’est ce qui explique aussi que les betteraviers ont été moins bien rémunérés cette année (41,44 €/tonne à 16°) que l’an dernier (51,42 €/tonne). Mais dans le même temps, le taux de marge est resté stable à 13 %, ce qui «a permis à Cristal Union de poursuivre son désendettement et ses investissements», a souligné Xavier Astolfi. La dette de la coopérative a été presque divisée par deux en un an (-48 %), passant de 602 M€ à 315 M€. Elle était de 802 M€ à la fin de l’exercice 2023.
Caisse de péréquation
Côté investissements, Cristal Union poursuit sa politique de décarbonation d’amont en aval. Sur ses unités de production (sucreries), «nous sommes en avance de sept ans sur la trajectoire validée par le collectif international SBTI*», a insisté Stan Bouchard, directeur général adjoint du groupe. Après avoir réduit de 15 %
ses émissions de CO2 et de 8 % sa consommation d'énergie entre 2010 et 2020, le deuxième groupe sucrier français reste très bien calé dans ses objectifs de réduire de -35 % ses émissions de CO2 d’ici 2030. Lors du dernier exercice, il a investi 107 M€ dans ses sites pour leur modernisation et la réduction de l’empreinte carbone. De plus, «dès cette année, toutes nos sucreries seront autonomes en eau et plus aucune d’entre elles ne puisera dans les milieux naturels», a ajouté Stan Bouchard, ce qui équivaut à une économie globale de 10 millions de mètres cubes d’eau. «Nous avons le même objectif pour nos distilleries pour 2030», a renchéri Olivier de Bohan, ce qui équivaudra à économiser entre 2 et 3 millions de m3 supplémentaires.
Cependant, les dirigeants de Cristal Union ont anticipé des lendemains qui pourraient être plus difficiles à l’image d’un début d’année quelque peu chaotique. Les prix européens et mondiaux du sucre et des alcools (éthanol, alcools industriels…) ne sont pas au beau fixe. Au sein de l’Union européenne, les fermetures de site se multiplient en Autriche, en République tchèque, en Espagne et en France (Souppes**), notamment en raison d’un surplus de production de 4 à 10 millions de tonnes à l’échelle mondiale. C’est pourquoi le groupe coopératif s’est doté l’an dernier d’une caisse de péréquation. Abondée de 50 M€ en 2023-2024, elle a reçu une dotation supplémentaire d’un même montant lors du dernier exercice. Ces 100 M€ sont une «attente forte des coopérateurs pour stabiliser leurs revenus», a indiqué Olivier de Bohan. Cet «outil de lissage et de stabilité» selon l’expression de Xavier Astolfi, pourrait être déclenché cette année car les dirigeants s’attendent à une rémunération moindre lors de la prochaine campagne : «Entre 30 et 35 €/tonne», a avancé le président. Le versement de l’intégralité de la somme permettrait de rémunérer chaque coopération d’environ
7 €/tonne de plus que le prix du marché.
* Le Science Based Targets initiative (Initiative des objectifs fondés sur la science), est une organisation internationale qui aide les entreprises et institutions financières à définir des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre alignés sur les dernières données scientifiques du climat.
** Il ne reste que 83 sucreries en Europe contre 150 environ au début des années 2000.