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L’Échappée, un film qui casse l’image «fleur bleue» du bio

Après avoir été diffusé sur la chaîne régionale Weo fin d’année dernière, le film-documentaire «L’Échappée» de l’amiénois Pierre Boutillier était projeté le 18 janvier au cinéma Ciné Saint-Leu ; l’occasion de revenir sur la conversion à l’agriculture bio d’une exploitation du Ponthieu. 

Le dernier film de Pierre Boutillier qui porte le titre de L’Échappée raconte l’histoire d’une famille d’agriculteurs, les Vicart installés à Cramont, dans leur parcours de conversion à l’agriculture bio.
Le dernier film de Pierre Boutillier qui porte le titre de L’Échappée raconte l’histoire d’une famille d’agriculteurs, les Vicart installés à Cramont, dans leur parcours de conversion à l’agriculture bio.
© Siècle Production

Fils d’agriculteur, Pierre Boutillier aurait pu l’être lui-même, avant de choisir une toute autre voie : celle de la réalisation de films et de documentaires. Sa motivation ? «Faire des films pour faire se rencontrer les gens qui ne seraient pas rencontrés autrement», expliquait-il à Amiens le 18 janvier dernier. Dans son dernier film qui porte le titre de L’Échappée, il raconte l’histoire d’une famille d’agriculteurs, les Vicart installés à Cramont, dans leur parcours de conversion à l’agriculture bio. Pourquoi s’intéresse-t-il cette fois à l’agriculture ? Réponse de Pierre Boutillier : «Parce que les agriculteurs sont des gens qui s’expriment peu, qu’on ne voit pas beaucoup.» La motivation comme la démarche de Xavier Vicart n’y sont sans doute pas non plus étrangères. 

 

Confiance et échanges

C’est en effet après qu’on lui ait diagnostiqué un lymphome que l’agriculteur a décidé de changer ses méthodes. Face caméra, M. Vicart raconte pudiquement la maladie : «Je saignais du nez, je crachais du sang mais je n’y prêtais pas vraiment attention…» Conscient des risques liés à l’utilisation de certains produits phytosanitaires, il explique avoir toujours voulu éloigner ses salariés de ces travaux, pour en garder seul la responsabilité. Le pulvérisateur que l’on aperçoit à l’écran sert désormais à épandre du thé de compost, car le Gaec Vicart a aussi recours à la biodynamie. «Xavier a l’avantage d’avoir été agriculteur conventionnel avant de passer en bio, explique Pierre Boutillier. Il a aussi un grain de folie, une poésie, qui m’ont séduit». Xavier Vicart est aussi quelqu’un de très occupé sur sa ferme d’environ 200 ha. La preuve ? Son absence lors de la projection à Amiens. «Ils (l’agriculteur et sa famille, ndlr) courent tout le temps», décrit M. Boutillier. Avant de poser ses caméras chez les Vicart, le réalisateur raconte dans le débat qui suit la projection (52 minutes) comment il a gagné la confiance des agriculteurs pour les suivre pendant un an. «Pour recueillir la parole, je n’ai pas le choix, mais tout s’est fait facilement.» 

 

Aléas et risques

Au travers de plans du quotidien, il raconte tout : les réussites, mais aussi les doutes, les difficultés à recruter de la main d’œuvre par exemple pour un système qui en demande plus qu’en agriculture conventionnelle. Au moment d’évoquer sa démarche de conversion, Xavier Vicart raconte ainsi pourquoi il a acheté un cheptel d’une quarantaine de vaches : «Mine de rien, en ramenant des salariés comme des animaux sur une ferme, on rompt l’isolement.» L’un de ses fils, qui s’est installé pendant que l’autre a créé une boulangerie adossée à la ferme, poursuit : «On a à faire face à tout un tas d’aléas et une grosse part de risques.» En tous plans, le film soulève donc un certain nombre de questions, loin de l’image «fleur bleue» et idyllique de l’agriculture bio. Après avoir rencontré un certain succès et suscité l’émotion lors de la projection au Ciné Saint-Leu avec Bio en Hauts-de-France, le réalisateur envisage un programme de diffusion au sein des lycées, en partenariat avec L’Acap – pôle régional image. Et Pierre Boutillier de l’assurer : «Si on n’encourage pas l’agriculture bio, ce sera compliqué de la pérenniser.»

 

 

«C’était pas simple mon fils», Yvan Perreton raconte l’agriculture de son enfance

C’est une odyssée et presque à une quête à laquelle Yvan Perreton nous invite : celle d’une famille ancrée sur le territoire depuis presque 400 ans dans les Monts du Lyonnais. Celle d’une famille de laboureurs et de cultivateurs qui, au fil du temps, n’a pas perdu la passion de son métier, qui est attachée à sa terre et à son patrimoine qu’elle a façonnés avec amour. De peur de perdre son père agriculteur, Michel, d’une septicémie, Yvan Perreton va l’interroger, en bon historien et paléographe. Il va recueillir son témoignage pour mieux comprendre les valeurs qui l’ont fait tenir. À travers cet ouvrage, le lecteur suit les pas de la famille à travers les siècles, mais aussi ceux de Michel qui narre sa vie à la ferme, son accident de chasse dont il a miraculeusement réchappé (deux côtes broyées, un poumon à nu et des plombs dans le foie…), ses études agricoles, son service militaire, son séjour en Algérie, sa volonté de faire bouger l’agriculture en la modernisant. Il s’essaie à la pomme de terre, à l’ensilage, à la mécanisation… L’investissement n’est pas seulement financier. Il est aussi humain et politique au sens de la gestion de la cité. Michel Perreton entre donc au conseil municipal de Palogneux, en 1959 à l’âge de 23 ans et s’implique dans la vie locale… Au point qu’il deviendra maire de la commune de 1983 à 2008. Entre-temps, il aura obtenu son permis de conduire, acheté sa première voiture, racheté la ferme de son voisin puis celle de son père. Il se sera engagé dans la Mutualité sociale agricole… Un investissement au sens large du terme. Quand le lecteur referme l’ouvrage, il ne peut s’empêcher de s’interroger sur certaines permanences liées directement ou indirectement au métier : l’engagement, le célibat, la nécessaire adaptation aux choix sociétaux, climatiques, le pincement au cœur quand on transmet l’exploitation.... À travers cet ouvrage écrit très simplement (et ce n’est pas péjoratif, bien au contraire), Yvan Perreton reste fidèle à l’histoire paternelle et à l’histoire d’une agriculture toujours en questionnement, toujours en mouvement et irrémédiablement indispensable. Un ouvrage vrai.
«C’était pas simple mon fils» - Yvan Perreton- Éditions du Panthéon – 152 pages – 14,90
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