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Les anas de lin pourraient trouver un débouché dans l'isolation des bâtiments

Un artisan de Dargnies a crée un nouveau matériau isolant à base d'anas, de bois et de chaux.

L'Isolinbois est placé entre les structures de bois où il remplace le torchis habituel.
L'Isolinbois est placé entre les structures de bois où il remplace le torchis habituel.
© AAP

Après plus de vingt-cinq ans passés dans une entreprise de fabrication de fenêtre, Sylvain Quennehen s’est reconverti en 2005 dans la rénovation immobilière. Il possède sa propre entreprise "Sylv'Aménagement" à Dargnies, commune proche de Gamaches. "Plutôt sensibilisé au respect de l'environnement, pour moi la performance énergétique est un élément fondamental de la rénovation. C'est donc tout naturellement que j'ai utilisé des matériaux d'isolation dits" éco matériaux". Dans mon ancienne entreprise j'avais constaté que des déchets de bois partaient en Belgique pour revenir chez nous sous forme de panneaux collés. Pourquoi ne pas les utiliser sur place? De fil en aiguille, il m'est venu l'idée de fabriquer un matériau isolant avec ce bois et des anas de lin, un sous produit du teillage que l'on trouve facilement dans notre région".

Maisons traditionnelles
Sylvain Quennehen s'est donc mis à l'ouvrage. Depuis 2008, il a procédé à différents essais en associant des anas de lin, de la chaux hydraulique et du bois. La chaux, un produit naturel issue du calcaire chauffé, est connue depuis l'Antiquité comme liant. Les anas et le bois ont un pouvoir isolant. Le résultat de cette combinaison, baptisée "Isolinbois" est un matériau isolant qui en terme performance est, selon l'artisan, équivalent au chanvre. Il est surtout utilisé en substitution du torchis sur les maisons à colombages de bois, et dans le cadre de la préservation du patrimoine rural picard. Les anas proviennent de la coopérative linière de Martainneville (Calira) et le bois de l'entreprise VKR à Feuquières
Sylvain Quennehen travaille essentiellement sur les maisons traditionnelles à colombages, les longères picardes. L'Isolinbois est placé entre les structures de bois où il remplace le torchis habituel. Il est recouvert ensuite soit d'argile, soit de clins, ou bien d'ardoises ou de tuiles. "S'il protège bien de la chaleur en été, le torchis préserve moins du froid en hiver. Inconvénient que ne présente pas l'Isolinbois", explique son créateur. Les chantiers sont réalisés en binôme avec un charpentier de Pierrepont-sur-Avre.

Trois réalisations
Sylvain Quennehen a testé ce mode d'isolation sur sa propre maison. Et il l'a fait soumettre à différents tests au Codem (centre d'expérimentation et de développement technique des agro-matériaux) grâce à une subvention du Conseil régional. "Aujourd'hui, nous en sommes à notre troisième réalisation, une grange réhabilité en bureau à Dargnies, et deux maisons d'habitation, l'une à Cappy, l'autre à Sainte-Segrée".
Pour l'instant, faute de moyens financiers, il n'a pu faire breveter l'Isolinbois et ce matériau n'entre pas dans la liste des produits permettant de bénéficier d'avantages fiscaux. Dans le cadre du développement durable, l'artisan utilise des isolants comme la ouate de cellulose, le lin, la fibre de bois et pose des bardages de bois non traités.

Des métiers en pleine mutation

Sylvain Quennehen est membre de plusieurs organismes, notamment le Codem Picardie, Maisons paysannes de France, le réseau Eco Artisan et l'éco coopérative d'artisans Ecab 80. "Tous ces engagements ont en commun le souci de se grouper pour faire faire face aux énormes défis des années à venir tant sur le plan économique qu'environnemental. Il ne s'agit plus seulement de maîtriser l'aspect technique du bâtiment, nos métiers sont en pleine mutation", explique-t-il. "Au sein d'Eco Artisan, les travaux de rénovation sont abordés de manière globale. Un logiciel permet de réaliser le bilan thermique et de simuler différents scénarios de travaux afin de définir les vraies priorités économiques et environnementales. Mais il faut aussi conseiller son client sur les aides financières existantes, sans parler du poids de la règlementation qui s'alourdit un peu plus chaque année. Tout ceci illustre bien la difficulté pour nos petites entreprises de tout savoir et de tout faire. La seule solution pour survivre, c'est le groupement. C'est pourquoi j'ai adhéré à l'Ecab 80, une coopérative d'artisans, ouverte à tous les corps de métier du bâtiment. Cela me permet de voir l'avenir plus sereinement".

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