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Les betteraviers voient de plus en plus jaune

Les organisations représentatives des producteurs de betteraves s’activent tous azimut pour tenter de répondre de manière efficace et pragmatique à la progression de la jaunisse virale causée par le puceron vert. Et en appellent à l’État.

La crainte de voir la filière betterave péricliter en raison de la jaunisse virale s’affiche jusque dans les champs.
La crainte de voir la filière betterave péricliter en raison de la jaunisse virale s’affiche jusque dans les champs.
© CGB




Malgré des appels répétés auprès des pouvoirs publics, la filière betteraves reste sous la menace d’une jaunisse virale qui continue de gagner les plaines dans différentes régions de France... et les Hauts-de-France ne font pas exception. Si le département de la Somme semble pour le moment moins impacté que d’autres, les producteurs sont tout de même inquiets. Dans une lettre ouverte datée du 20 juillet, le président de la CGB 80, Dominique Fievez en appelle directement au nouveau ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie : «L’heure est grave, monsieur le ministre, pour une grande partie de la plaine betteravière. De semaine en semaine, nous voyons inexorablement nos parcelles pâlir puis virer au jaune, même si la situation de la Somme est moins préoccupante que celle de nos collègues du Sud de Paris ou d’Ile de France.» Quelques jours plus tôt, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand écrivait à un ministre de l’Agriculture décidément très sollicité pour lui faire part des «préjudices sur l’économie et l’emploi» que pourraient provoquer la jaunisse virale «sur un territoire déjà en proie aux conséquences du Covid-19».

Situation d’urgence
Milieu de semaine dernière, c’est en Île de France que le ministre de l’Agriculture et le préfet de Seine-et-Marne ont été reçus par la CGB. Le but de cette rencontre ? Interpeller (encore) le ministre sur l’urgence de la situation et trouver des solutions à court et moyen terme. Secrétaire général de la CGB et président de l’interprofession (AIBS), Jean-Philippe Garnot a pu expliquer la situation dramatique que connaissent de nombreux betteraviers en appelant le ministre à une mobilisation forte et immédiate pour accompagner la filière dans la mise en œuvre de solutions techniques et financières : «Nous avons besoin d’une protection efficace en enrobage de semences, nous avons besoin de moyens supplémentaires pour accélérer la recherche, nous déplorons de devoir revenir à la pulvérisation. Ne nous laissez pas dans cette impasse, il en va de la pérennité d’une filière d’excellence qui n’a jamais cessé d’investir dans l’amélioration de ses pratiques», a t-il défendu.

Du temps pour trouver des solutions
À cette même occasion, le syndicat betteravier a lancé une campagne de sensibilisation «#LaBetteraveEnPéril» avec un message imprimé sur des bâches à poser dans des parcelles touchées. Dans le département de la Somme, les premières bâches devaient apparaître au cours des derniers jours. Mais déjà sur les réseaux sociaux et le site de la CGB, la mobilisation a bien démarré avec de nombreux messages reprenant le hastag #LaBetteraveEnPeril. La CGB et l’ensemble de la filière assurent encore aujourd’hui être «fortement mobilisés pour trouver de nouveaux moyens pour protéger les betteraves contre la jaunisse : biocontrôle, génétique, plantes de service...». Néanmoins, ont souligné les différentes organisations, développer ces nouvelles méthodes demande du temps et la situation est urgente. Pour la CGB, il faudrait en effet «cinq ans pour avoir des solutions viables». En attendant, que faire, si ce n’est subir ? Pour le syndicat betteravier, le salut pourrait venir d’un retour à une protection de la betterave par l’enrobage des semences, une indemnisation des betteraviers qui seront les plus touchés en 2020 ou, encore, un soutien à la recherche génétique. En attendant une sortie de crise, la profession betteravière donne un chiffre qui fait froid dans le dos : les pertes engendrées par la jaunisse pourraient se chiffrer à 100 millions d’euros minimum pour les seuls producteurs ; auxquels il faudrait ajouter une menace sur des bassins de production, la pérennité d’outils industriels fragiles et leurs emplois.

 

Une progression suivie à la loupe

Où et comment la jaunisse touche les parcelles de betteraves de la Somme ? Pour en avoir une idée plus précise, direction la délégation samarienne de l’Institut technique de la betterave (ITB). Milieu de semaine, Yohann Debeauvais expliquait suivre l’évolution de la maladie «depuis le début du mois de juin». L’état des lieux actuel présente quelques parcelles impactées à plus de 40 % de surface, «mais ce n’est heureusement pas la majorité». Une chose dont on est sûr, c’est qu’il existe bien une différence significative d’infestation entre le nord (moins touché, avec un taux d’infestation inférieur à 1 %) et le sud-est du département (plus touché avec un taux d’infestation compris entre 1 et 5 %). Dans le Vimeu, plusieurs parcelles présenteraient en revanche des taux d’infestation supérieurs à 10 %. En termes d’impact sur le rendement, à partir de prélèvements effectués courant du mois de juin, la perte de productivité entre une zone de feuillage vert et une zone touchée par la jaunisse serait de 25 %. Mais d’autres références plus anciennes rappellent que l’impact peut atteindre jusqu’à 40 % de rendement en moins, selon l’ITB de la Somme. «Pour l’heure, l’évolution est faible», poursuit Yohann Debeauvais, en restant prudent d’autant que la pluie pourrait extérioriser la maladie et donc la rendre plus visible. Courant de la semaine prochaine, de nouveaux prélèvements devraient être réalisés, permettant ainsi d’affiner les pertes de rendements tant redoutées.




Point de vue de Dominique Fievez, président de la CGB80

«Mr le Ministre, le péril jaune menace"


Bien évidemment, je veux parler ici de la jaunisse virale de la betterave. Mais l’heure est grave, monsieur le ministre pour une grande partie de la plaine betteravière. De semaine en semaine, nous voyons inexorablement nos parcelles pâlir puis virer au jaune même si la situation de la Somme est moins préoccupante que celle de nos collègues du Sud de Paris ou d’Île de France. L’impasse technique dans laquelle nous sommes aujourd’hui, alors que nous avions largement alerter sur les risques en amont de l’interdiction des néonicotinoïdes, ne peut pas durer. Si nous voulons éviter l’affaiblissement de cette filière, amont comme aval, et l’impact économique sur nos territoires ruraux, l’État doit absolument apporter des réponses rapides et efficaces pour protéger nos betteraves dès 2021. Mais les annonces devront se faire avant la fin de l’été car c’est maintenant que se font les choix d’assolements.
Pas d’interdiction sans solution, nous répète régulièrement nos gouvernants. Force est de constater que ce n’est pas le cas, c’est pourquoi, nous demandons une dérogation pour l’utilisation d’insecticide dans l’enrobage des semences, un programme accéléré pour obtenir une betterave, via la génétique, résistante à cette maladie. Pour bon nombre de planteurs, le préjudice financier sera important, nous demandons également l’indemnisation de ces producteurs. C’est de la responsabilité de l’État !
Monsieur Denormandie, vous avez déclaré vouloir soutenir l’agriculture française et notre autonomie alimentaire. Donnez-nous les moyens de produire cette plante, qu’un certain empereur, il y a plus de deux siècles, a eu l’opiniâtreté d’introduire dans notre pays. Poursuivons cette grandeur de la France !

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