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Les céréaliers entre expectatives et certitudes

Compétitivité, transition écologique, image des céréaliers, innovations, territoires… Le congrès de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), qui s’est déroulé le 1er juin, a dressé quelques pistes stratégiques pour les prochaines années. Pas question pour les céréaliers, encore dans l’expectative, de succomber au faux-nez de la décroissance. 

L’AGPB s’inquiète des conséquences du Green Deal dont la perte de 30 % de productivité céréalière.
L’AGPB s’inquiète des conséquences du Green Deal dont la perte de 30 % de productivité céréalière.
© Alix Penichou

Inaugurant le congrès en visioconférence, Éric Thirouin, président de l’AGPB, a bien résumé l’état d’esprit des céréaliers qui sont aujourd’hui «tiraillés entre les incertitudes climatiques, économiques, sociétales et politiques (…)»,
ces derniers se traduisant par des «cadres réglementaires qui répriment plus qu’ils n’accompagnent», a-t-il dit en substance. Sans être l’année de tous les dangers, l’année 2021 sera cependant «décisive» pour les céréaliers avec la fin des négociations sur la Pac, le Plan stratégique national, le lancement du Varenne de l’eau, l’application du Plan de relance, et la loi Egalim2. «Tous ces thèmes posent la question du choix du mode d’agriculture. Mode de croissance ou de décroissance», a-t-il questionné. «Nous avons choisi la croissance», a répondu le président de l’AGPB qui s’appuie sur des certitudes : «Avec le changement climatique, nous allons devoir accentuer nos actions sur la transition écologique. La croissance de la démographie planétaire nous oblige à nourrir la planète d’autant que les céréales constituent l’alimentation de base», a-t-il souligné.

 

Projet «Culturibles»

Pourtant, la politique européenne, à l’image du Green Deal, semble remettre en cause les capacités de production des céréaliers dans la mesure où elle prévoit une augmentation des terres en jachère et une réduction des intrants. Jean-François Isambert, vice-président de l’AGPB, s’inquiète de cette situation qui «pourrait entraîner une réduction de 30 % de la production céréalière», a-t-il indiqué. Parce que les céréaliers ne veulent pas se laisser enfermer dans cet exercice de décroissance, l’AGPB a élaboré, avec trois autres associations spécialisées de la FNSEA (Fop, AGPM et CGB), le projet «Culturibles». Sur la base de 156 facteurs analysés à la loupe pendant deux ans, il présente une projection du secteur céréalier sur les dix prochaines années, avec quatre scénarios possibles. Si  les deux premiers (“scénario sans racine” et “localiculture paysanne”)  conduisent à une diminution importante de la production et des emplois,  les derniers (“agricultures sous contrat” et “agricultures plurielles”) permettent de maintenir la production, et de  répondre, en très grande partie, aux objectifs  environnementaux fixés  par l’Europe et la France. «Notre objectif est, dans une approche non dogmatique, d’anticiper pour ne pas subir», a résumé Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB.

 

Compétitivité

Ce travail prospectif tient également compte de la préservation de la biodiversité. L’AGPB a d’ailleurs signé une convention pour trois ans avec l’Office français de la biodiversité et publié, en novembre dernier, un guide de recommandations pour favoriser la biodiversité dans les champs cultivés. «Mais plus vert, c’est plus cher. Le coût de protection de l’environnement doit être assumé par la société et le consommateur en aidant les agriculteurs dans la transition agroécologique», a martelé Benoît Piétrement, secrétaire général adjoint de l’AGPB. C’est d’ailleurs ce qu’ont rappelé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. «La transition nécessite d’investir, mais ces investissements ne sont jamais pris en charge à 100 % par l’État, donc l’investissement n’est possible que par la consolidation du revenu», a précisé le premier quand la seconde a affirmé la nécessité de «reconnaître les progrès réalisés» et celle de «ne pas opposer la compétitivité économique et la compétitivité environnementale». Car «c’est bien la compétitivité qui va nous permettre d’atteindre la transition», a conclu Éric Thirouin.

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