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Biodiversité
Les chauves-souris, des amies de l’agriculture pourtant peu connues

Pyrale du maïs, altise du colza et carpocapse des pommes et des poires font partie du régime alimentaire des chauves-souris. Ces mammifères protégés présentent un réel intérêt pour l’agriculture. Pour mieux les faire connaître, et pour recenser les populations, une enquête est menée auprès des agriculteurs.

Hélène Cotté, agricultrice et apicultrice à Glisy, a toujours eu des chauves-souris chez elle. Cette année, des Murins du groupe moustaches logent derrière ses volets. «J’ai changé de maison, mais à chaque fois, je me suis rendue compte qu’il y avait des chauves-souris. Je connaissais peu leur intérêt pour l’agriculture. Quand on s’y intéresse, on se rend compte de leur importance», confie-t-elle. L’agricultrice est une des premières à avoir répondu à l’enquête «des chauves-souris dans mon bâti», que mènent les Chambres d'agriculture des Hauts-de-France, Picardie Nature, le CPIE Villes de l'Artois et la Coordination mammalogique du Nord de la France (CMNF). 

«Nous menons un plan régional en faveur des chauves-souris, et l’une des actions est agricole. Le but est de mieux les faire connaître et de les recenser», explique Vicky Louis, chargée de mission chez Picardie Nature. Le mammifère volant présente des intérêts pour l’agriculture grâce à son régime alimentaire varié, composé en majorité d'anthropodes (insectes et araignées). «Elles sont des prédateurs de certains ravageurs de cultures, comme la pyrale du maïs, le hanneton commun, l’altise du colza, la carpocapse des pommes et des poires, la noctuelle de la tomate ou encore la drosophile du cerisier», précise Maryse, conseillère en agroenvironnement à la Chambre d’agriculture de la Somme. En faveur de l’élevage et des humains, elle se nourrit aussi d’insectes problématiques, comme la mouche piquante et le moustique. 

 

- 34 % en dix ans

Trente-six espèces de chauves-souris sont connues en France, dont vingt-deux en Hauts-de-France. «Parmi elles, certaines comme la Pipistrelle commune, la Sérotine commune, le Murin à oreilles échancrées et la Pipistrelle de Kuhl peuvent gîter dans les bâtiments agricoles», précise Vicky Louis. Toutes ces espèces sont protégées par la réglementation. «En dix ans, en France, la population a diminué de 34 %.» Les manipuler, les chasser et modifier leurs gîtes est donc interdit. Quelles menaces pèsent sur elles ? «Les facteurs peuvent être multiples.» La disparition de leurs gîtes et de leur territoire de chasse, la fragmentation du paysage (absence de haies, routes…), le déclin des insectes, les collisions routières et éoliennes en sont les principaux. 

Deux saisons sont particulièrement sensibles pour les chauves-souris. Elles doivent survivre à l’hiver pendant laquelle elles entrent en hibernation. «Comme les insectes sont rares, elles se placent en état de léthargie pour économiser au maximum leur énergie. Leur dérangement peut leur être fatal.» L’été est ensuite un moment crucial pour le maintien des effectifs. «C’est le moment où les femelles donnent naissance à leur unique petit. Un gros dérangement peut conduire à l’abandon du petit s’il n’est pas encore volant ou trop lourd pour être porté par la mère.»

 

Repérer le guano

Comment repérer leur présence ? Pour Hélène Cotté, c’est le guano qui le lui a indiqué. Ces excréments de la taille d’un grain de riz ressemblent à des fèces de rongeurs mais ont un aspect brillant et sont friables, car composés de restes de carapaces d’insectes. «Elles se faufilent sous le volet par une fente de moins de deux centimètres», montre-t-elle. «Souvent, en journée, elles sont très peu visibles car bien cachées. Mais on peut les voir à la tombée de la nuit ou lorsqu’elles rentrent au lever du jour», ajoute Vicky Louis. 

Nuit de la chauve-souris cherche ferme d’accueil

Depuis vingt-sept ans, la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM) organise, chaque année, la Nuit internationale de la chauve-souris, afin de faire découvrir à un large public la biologie, le mode de vie, les menaces mais aussi les actions de protection mises en place pour préserver les chiroptères. Pour satisfaire tous les curieux, des animations sont organisées du 20 juin au 20 septembre 2023, avec un week-end phare : le dernier du mois d’août. Cette année, Picardie Nature et la Chambre d’agriculture de la Somme aimeraient marquer le coût au sein d’une ferme. «Le Vimeu serait parfait, parce que cette zone présente une forte potentialité, mais nous avons peu de connaissances à cet endroit», note Maryse Magniez, de la Chambre d’agriculture de la Somme. Avis aux amateurs. 
La nuit de la chauve-souris sera aussi organisée dans le département du Nord-Pas-de-Calais, notamment dans le Pas-de-Calais avec un événement type bilan de moisson.

Contacts : Maryse Magniez : 06 35 57 01 07 ; m.magniez@somme.chambagri.fr
Sophie Grassien : 06 85 22 88 27 - sophie.grassien@agriculture-npdc.fr

Favoriser leur présence

Plusieurs actions sont possibles pour favoriser la présence des chauves-souris. Si elles sont déjà présentes dans un bâtiment, la première chose à faire est de maintenir les accès et les conditions déjà en place. Mieux vaut limiter leur dérangement au maximum. Maintenir et planter des haies composées d’essences locales et des bandes enherbées leur offrira des corridors de déplacement et leur servira de garde-manger. Les arbres têtards et les vieux arbres sont aussi des gîtes potentiels. Une mare peut leur offrir de quoi boire et manger. Les insecticides, évidemment, ne leur sont pas favorables. Enfin, la réduction du travail du sol leur est propice. Une étude du Museum national d’histoire naturelle aurait démontré que l’activité de la chauve-souris est plus importante dans les parcelles en non-labour que dans celles labourées. 
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