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Filière oeufs
Les éleveurs Cocorette en route vers la constitution d’une OP

Sécuriser les contrats pour pérenniser le métier d’éleveur de poules pondeuses. Tel serait le principal but d’une organisation de producteurs livreurs d’œufs Cocorette. Ce 13 juin, la FDSEA de la Somme organisait une première réunion dans le département pour appréhender le sujet. 

Pour David Léger, éleveur à Esteville (76), à l’initiative du projet d’organisation de producteurs, «la priorité est la sécurisation des contrats».
Pour David Léger, éleveur à Esteville (76), à l’initiative du projet d’organisation de producteurs, «la priorité est la sécurisation des contrats».
© L’Union agricole

«Individuellement, les contrats qui nous lient à Cocorette ne valent rien. Si l’un ne le respecte pas, l’autre peut le dénoncer. Mais le producteur est coincé : qui voudra de ses œufs alors qu’il a entamé une procédure judiciaire ?», prévient David Léger, éleveur à Esteville (76). Ce 13 juin, à l’invitation de la FDSEA de la Somme, les producteurs livreurs d’œufs Cocorette étaient conviés à une réunion d’information au sujet de la création d’une organisation de producteurs (OP), «pour sécuriser nos contrats avant tout», pointe l’agriculteur de Seine-Maritime, à l’initiative du projet. 

Il faut dire que la filière fait face à une crise depuis la sortie du confinement, avec une offre plus importante que la demande, et une explosion des prix des aliments des poules pour les éleveurs. Résultat chez Cocorette : 5 M€ de résultats négatifs l’année dernière, et - 13 M€ cette année. En découle des relations entre l’entreprise et ses 220 producteurs particulièrement dégradées, un manque de communication certain, et des décisions unilatérales parfois différentes d’un producteur à l’autre. Bertrand Roucou, installé à Cavillon, a décidé de prendre son destin en main après la réception d’un «courrier de remerciement» de Cocorette. «Il nous faut nous organiser pour travailler avec nos organismes de conditionnement, et ainsi appréhender la production et la commercialisation. Si on veut que nos œufs nous soient mieux payés, nous devons nous impliquer dans leur commercialisation

Pour Denis Bully, président de la FDSEA 80, cette OP est une opportunité à saisir. «Nous devons nous organiser face à une filière qui risque d’avoir besoin de restructuration. Le groupe coopératif Noriap, actionnaire majoritaire de l’entreprise, est plutôt favorable à cette constitution. La porte est ouverte, il serait dommage de ne pas y aller.» Un argument que soutient Luc Vermersch, vice-président de Noriap. «Nous avons l’objectif commun de sortir de l’ornière. Vous proposez une structuration, et Cocorette en a besoin. Ensemble, il faudra que nous parvenions à nous adapter au marché.»

François Magnier, le directeur, pointait tout de même les contraintes : «une OP a tout un tas d’intérêts, mais aussi de règles qu’il faut poser sur la table avant d’opérer.» La finalité, elle, est établie : «aucun producteur seul face à son acheteur, surtout quand cela ne va pas. Pour défendre chacun au mieux, nous devrons construire une relation de confiance avec Cocorette» Cette constitution implique une lourdeur administrative inévitable. «Nous devrons garantir une vie statutaire, et une vie démocratique régulière.» Des questions de fond sont à se poser. Quelle harmonisation des contrats ? Quelles missions de l’OP ? Purement administratives ?
Ou se tournera-t-elle aussi vers le suivi d’élevage, l’achat d’intrants… ? «Certaines compétences pourront être transférées dans cette OP, d’autres pourraient être créées, car elles n’existent ni chez les producteurs, ni chez Cocorette.»

 

Gérer l’urgence

Cette lourdeur administrative devait prendre plusieurs mois, mais la désignation d’un groupe de travail immédiat – cinq producteurs de la Somme se sont portés volontaires ce 13 juin – doit permettre de répondre à l’urgence. «On ne sera pas encore reconnu OP en janvier 2023, lors des discutions avec les GMS dans le cadre de la loi Egalim 2, mais on peut avancer sur le sujet pour faire entendre notre voix», soutient David Léger. Luc Vermersch, chez Noriap, acquiesce : «on n’est pas obligé d’attendre la reconnaissance d’une OP pour discuter».

Prochaine étape : la programmation d’une réunion des représentants nouvellement désignés de chaque région de producteurs, pour avancer sur la constitution de l’OP. «Celle-ci ne pourra fonctionner que si un nombre conséquent – voire la totalité – des producteurs s’y engagent», rappellent les motivés.

 

Clarifier la vente directe

Une des missions de l’organisation de producteurs d’œufs pourrait être la clarification de l’activité de vente directe d’une partie de la production, à laquelle presque tous ont recours. «Aujourd’hui, nous ne bénéficions que d’une autorisation orale. Mais sur mon contrat, il est bien stipulé que c’est un motif de résiliation», soulève une éleveuse de la Somme. Pour l’acheteur, cette pratique présente un problème de régularité des volumes livrés. «Le problème survient souvent en juillet et en août. Avec les vacances, les producteurs vendent beaucoup moins chez eux et livrent tous leurs œufs à l’entreprise. Mais la France entière est en vacances, alors le centre de tri déborde», prévient Claude Dumoulin, ex-directeur de la Sicadap (Société d’intérêt collectif agricole des aviculteurs de Picardie, qui commercialisait en partie sous la marque Matines).

 

Le plan de résilience «alimentation animale», un dossier à saisir

Parmi les dossiers sur lesquels l’organisation de producteurs pourrait se pencher, une éleveuse présente ce
13 juin a soumis celui de la mesure «alimentation animale» du plan de résilience économique et sociale. Pour rappel, celle-ci a pour objectif «d’absorber (pendant une durée de quatre mois du 16 mars 2022 au 15 juillet 2022) une partie des hausses des coûts de l’alimentation animale dues aux perturbations engendrées par la guerre en Ukraine, en attendant que la répercussion amont-aval de cette hausse soit effective, conformément aux nouvelles dispositions de la loi Egalim 2», a avancé le gouvernement. Mais l’aide serait reversée à Cocorette, qui en ferait bénéficier ses producteurs livreurs. «Cela signifie que les éleveurs dont les contrats ne sont pas respectés n’auront rien. Il faut insister pour qu’ils puissent en toucher une partie.»
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