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Comptes de l’agriculture
Les éleveurs s’en sortent mieux que les céréaliers

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié, le 16 décembre, le compte prévisionnel de l’agriculture pour l’année 2025. Selon ses premières estimations, la production agricole augmenterait de 3,7 % en euros courants* : la hausse des volumes s'accompagnerait d'une légère hausse des prix. Mais chacun des acteurs économiques reconnaît que cette hausse est en trompe-l’œil.

Parmi les hausses de prix figurent celle des gros bovins (+ 25,4 %).
Parmi les hausses de prix figurent celle des gros bovins (+ 25,4 %).
© A. P.

Après deux années de baisse (-7,5 % en 2024 et -1,5 % en 2023), la production agricole reprendrait quelques couleurs en affichant une croissance de +3,7 % selon les statisticiens de l’Insee. Ces derniers expliquent ce rebond par la bonne tenue des productions animales (toutes catégories confondues) qui affichent une augmentation «de 9,2 %, sous l’effet d’une hausse marquée des prix (+8,5 %) associée à une stabilité des volumes (+0,6 %)», indique le document de l’Insee**. Cependant, les disparités restent importantes dans ces productions avec une très forte hausse du prix des gros bovins (+25,4 %) et «la flambée de ceux des œufs (+40  %)».

A contrario, les prix de la volaille et du lait restent stables et ceux du porc «poursuivent leur reflux», souligne l’Insee. Ils reculent de 7,8 % après avoir perdu -8,6 % en 2024. D’une manière globale, si l’on compare ces chiffres à ceux de 2019, les prix des productions animales ont crû de +46,2 %.

Mais ce chiffre est à pondérer avec la hausse des coûts de production qui, selon les secteurs d’activité, ont augmenté entre 27 % à 47 % dans le même laps de temps. Il faut aussi tenir compte des mauvaises récoltes fourragères (-24,8 %) qui ont fait bondir le prix du foin (+16,1 %). Par ailleurs, l’Insee constate la poursuite de la décapitalisation. Le cheptel s’érode chez les gros bovins (-2,2 %), les veaux (-4,5 %) et les ovins-caprins (-4,6 %). En plus du non-renouvellement des générations, les épizooties (FCO, MHE…) ont réduit une partie des effectifs, souligne l’Insee.

«Décrochage massif»

Les statisticiens pointent également une production végétale en hausse globale de +3,5 %, avec d’importantes différences selon les catégories.

Après une année 2024 particulièrement compliquée (-16,8 %), les productions céréalières retrouvent quelques couleurs avec une récolte globale en hausse de +16,3 % en volume, en particulier en blé tendre (+30 %) en protéagineux (+18,9 %) et en oléagineux (+9,5 %). A contrario, les conditions climatiques (pics de chaleur et stress hydrique) ont été peu favorables pour la culture de maïs (-9,7 %), de sorgho, de tournesol et de soja, note l’étude de l’Insee. Ces chiffres ont fait réagir les producteurs de grandes cultures (hors pommes de terre et betteraves)*** : Ils illustrent «pour la seconde année consécutive un décrochage massif de la filière céréalière avec les revenus les plus bas, toutes filières agricoles confondues», ont-ils indiqué dans un communiqué. «Ces exercices négatifs cumulés (…)  illustrent la perte de compétitivité et de souveraineté alimentaire française : près de 900 000 hectares de céréales à paille et 550 000 hectares de maïs ont été perdus en dix ans», ajoutent-ils.

Inquiétude des agriculteurs

Côté viticulture, la production bondirait globalement de 7,7 %, après une chute de 28,8 % l’an dernier. Le champagne afficherait une hausse de 15,2 % et les vins sous appellation +8,8 %. En revanche, la canicule estivale et les campagnes d’arrachage ont eu raison des autres vins qui reculeraient de 6,5 %. Enfin, la production de fruits (-2,3 %) et de légumes (+0,8 %) resterait peu ou prou égales à celle de l’an passé. À noter toutefois une forte augmentation de la production d’abricots (+23,8 %) de pommes de terre (+10 ,1 %) et de concombres (+10,0 %) et un recul plus sensible des pêches (-8,3 %), des pommes (-4,4 %) et des courgettes (-9,8 %), rapportent les statisticiens.

Commentant ces résultats, Chambres d’agriculture France a indiqué dans un communiqué que «le rebond du résultat ne suffira pas à résorber l’inquiétude des agriculteurs. (Ce rebond) ne doit pas masquer la dégradation de certains indicateurs qui constitue une source de grande préoccupation», a ajouté l’organisme consulaire. Il cite le bilan du commerce extérieur agroalimentaire français qui devrait être négatif cette année, pour la première fois depuis 1978, ainsi que les résultats économiques 2024 des exploitations très négatifs, avec des pertes de valeurs à venir sur les céréales et la viticulture.

* Ces chiffres s’entendent hors subvention

** Disponible sur www.insee.fr

*** AGPB (blé), AGPM (maïs), FOP (oléoprotéagineux)

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