Aller au contenu principal

Les grandes cultures négocient leur intégration à l’ecoscheme

Les discussions pour faire entrer les grandes cultures dans le dispositif d’aides européennes «ecoscheme» du premier pilier de la Pac se poursuivent. À la clé, des aides à l’hectare supplémentaires, mais peut être aussi un engagement dans une démarche de certification environnementale. 

La filière grandes cultures craint d’être exclue du dispositif ecoscheme même si les négociations se poursuivent. 
La filière grandes cultures craint d’être exclue du dispositif ecoscheme même si les négociations se poursuivent.
© Pixabay

Nouvel outil de la future Pac pour la rendre plus «verte», l’ecoscheme pourrait bien priver les céréaliers de France d’une part des aides à l’hectare qu’ils perçoivent jusqu’à présent s’ils ne s’engagent pas dans un virage : celui du changement de leurs pratiques, mais surtout  la démonstration que cela est à leur portée. Ce risque, c’est celui qu’a brandi Éric Thirouin, le président de l’AGPB, lors d’une réunion décentralisée dans les Hauts-de-France, le
4 février dernier où il était aussi question du plan pollinisateurs, de la réautorisation temporaire des NNI pour la betterave et ses conséquences sur les rotations, la négociation (en cours) de la future Pac ou encore le futur des grandes cultures. Plus particulièrement en ce qui concerne la Pac, force est de constater que les deux précédentes réformes, «les grandes cultures ont été les victimes des réajustements françaises dans la distribution des aides», a rappelé M. Thirouin. Et d’ajouter que «ces réformes ont été destructrices pour les grandes cultures et l’élevage laitier de plaine». À l’aube d’une nouvelle mouture pour la Pac intégrant le dispositif ecoscheme, la filière grandes cultures craint d’en être exclue, même si les négociations avec l’État français se poursuivent pour qu’il en soit autrement. Alors qu’en 2020, les aides du 1er pilier comprenant le DPB, le paiement vert, le paiement redistributif et les aides couplées portent le montant d’aide pour un hectare de grandes cultures à 225 €, celui-ci pourrait «descendre» à 152 € par hectare en 2027 sans le dispositif ecoscheme. En revanche, si les grandes cultures étaient déclarées éligibles, l’aide à l’hectare atteindrait 227 €, dont 75 € liés à l’ecoscheme. 

 

Être certifié pour gagner plus

L’engagement dans une démarche de certification environnementale changerait-il la donne ? C’est en tous cas ce qu’estime l’AGPB. Selon l’organisation syndicale, une certification HVE de niveau 2 devrait en effet suffire à automatiser l’accès d’exploitations de grandes cultures à l’ecoscheme, et leur permettrait ainsi de bénéficier des 75 € par hectare d’aides liées. Quid enfin des exploitations certifiées HVE de niveau 3 ? «Avec ce niveau de certification, on passe à autre chose, indique Éric Thirouin. C’est le marché qui doit valoriser la certification HVE 3, même s’il y a une pression forte du ministère de la Transition écologique et de certaines ONG pour en faire un critère d’accès à l’ecoscheme.» 

Pour certains agriculteurs, à l’image de Marie-Françoise Lepers, «il ne faut pas de contraintes supplémentaires s’il n’y a pas de rémunération à hauteur des charges». En ce qui concerne la charge que représente justement la démarche de certification environnementale, Éric Thirouin veut rassurer : «Le coût d’une certification HVE est compris entre 450 et 500 , mais le coût peut baisser autour de 200-300 pour trois ans par exploitation si on le fait en groupe par le biais d’une coopérative, par exemple.» Pour le président de l’AGPB, ce coût de certification doit aussi être mis en compétition avec la perspective de perdre les 75 € par hectare de l’ecoscheme. «Ce n’est pas zéro, c’est vrai, admet M. Thirouin. Mais cela en vaut la peine.» 

 

Montrer les efforts et mieux valoriser

Au-delà de la volonté de ne pas passer à côté de l’ecoscheme, s’engager dans une démarche de certification aurait aussi un autre sens : «C’est la preuve que l’on fait des efforts pour changer nos pratiques et que nous y arrivons. Grâce à cela, on peut aller voir l’aval pour demander une meilleure valorisation. On devient alors pro-actif pour aller chercher de la valeur ajoutée.» Pour le président de l’AGPB, confronté comme d’autres responsables professionnels d’autres filières, la question de la plus-value liée à la certification revient inévitablement comme un boomerang. Sa réponse est invariable : «Si l’on veut de la valeur ajoutée, il faut de la différenciation.» Parmi les autres pistes évoquées pour «capter» cette valeur ajoutée, la filière des grandes cultures pourrait également être tentée de s’intéresser aux crédits carbone ; en s’inspirant des expériences déjà engagées par le secteur… de l’élevage. 

 

Les céréales, poids lourd de l’économie agricole des Hauts-de-France 

Rien de tel que quelques chiffres pour conforter l’idée selon laquelle les céréales restent une production agricole qui compte dans la région Hauts-de-France. En 2019, selon les données fournies par la FRSEA, on y a effectivement produit quelque 9 millions de tonnes – dont 7,1 tonnes de blé -, avec un rendement de 92 quintaux par hectare sur une surface d’un million d’hectares. Cela fait donc des Hauts-de-France la première région productrice de blé. Cette activité engendre un revenu d’1,3 milliard d’euros rien que pour la branche agricole. On estime par ailleurs que 80 % des exploitations produisent des céréales et que celles-ci couvrent 50 % des SAU. L’année 2020 restera toutefois «atypique» en différents points de vue avec d’abord des rendements très hétérogènes allant du simple au triple. La raison ? Des conditions climatiques particulières, entre pluie lors des semis et sécheresse au printemps.  Le résultat ? Une moyenne de rendement se situant à 87 quintaux par hectare -, avec des écarts allant du simple au triple.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Chaque année, environ 10 % des fermes du département de la Somme font  l’objet d’un contrôle administratif, ce qui apparait relativement faible selon  l’administration départementale.
«Trop» de contrôles chez les agriculteurs ? La DDTM répond

Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme du 19 mars dernier, l’administration départementale…

Présentation des Prim'holstein.
Les vaches Prim’holstein, les stars de la Foire agricole de Montdidier

Le lundi 1er avril avait lieu la traditionnelle Foire agricole de Montdidier, avec de nombreux exposants. Parmi les…

Gros rendement pour la campagne 2023-2024 de collecte des pneus

Au cours de l’hiver, pendant trente jours, 370 exploitations agricoles de la Somme ont participé à la collecte des pneus…

dégâts sanglier approche affût 1er avril
Le tir du sanglier ré-autorisé à partir du 1er avril

La préfecture de la Somme a décidé de prolonger la période de chasse du sanglier dans la Somme sous conditions en modifiant l’…

Quatre kilomètres de haies pour protéger un captage d’eau

En s’associant à un partenaire privé, Christophe Desmis, un agriculteur du Santerre, fait le pari de planter quatre kilomètres…

Le retard pris dans les semis inquiète la CGB comme l’Institut technique de la betterave (ITB) avec un risque «jaunisse»  fort cette année.
Des premiers semis de betteraves sous un ciel nuageux

C’est toujours dans l’attente d’un contingentement des volumes de sucre importé d’Ukraine et de l’autorisation de certaines…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde