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Syndicalisme
Les Hauts-de-France au congrès de la FNSEA, ce qu’ils ont dit

Les spécificités des difficultés et des craintes des Hauts-de-France ont été mises en lumière à l’occasion du 76èmecongrès de la FNSEA à Besançon.

La délégation des Hauts-de-France qui a participé au 76ème congrès de la FNSEA, dans le Doubs.
© X.N.

Ils étaient une cinquantaine d’agriculteurs à quitter leurs fermes des-Hauts-de-France pour rejoindre le 76ème congrès. Une découverte pour certains, un retour à une vieille habitude pour d’autres. Parmi les habitudes vite reprises, celle de l’exercice contraint de défendre un sujet ou une thématique en un minimum de temps. A cet exercice de huis clos, les élus ont pris le parti de poser une intervention générale conjoncturelle portée par Laurent Degenne, président de la FRSEA, complétée par les représentants départementaux sur des points ou des accents spécifiques.

« Produire, produire bien mais produire »

Laurent Degenne a tenté de remettre au centre des débats syndicaux la vocation et la capacité de production de l’agriculture française : « Qui aurait pu imaginer qu’une guerre puisse éclater si proche de nos frontières ? Et avec elle, des situations humaines dramatiques et tant d’interrogations sur l’approvisionnement énergétique et alimentaire. La FNSEA le martèle depuis longtemps : la souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique au niveau géopolitique. On visualise désormais concrètement ce que cela veut dire. Il est donc plus que jamais nécessaire de produire, produire bien, dans le respect des règles sociales et environnementales, mais produire ! La stratégie de décroissance avancée par la Commission européenne pour la prochaine PAC n’est pas tenable. Par exemple, le retour à la jachère en Hauts de France représenterait plus de 900 millions de repas perdus. Ajoutez à cela 350 millions de repas perdus à cause des ZNT riverains. C’est inacceptable ! ». Et de citer les allègements nécessaires et pratiques : sur les ZNT, une prise en compte des éléments permettant de réduire les distances (buses antidérive, murs, haies et une compensation économique des surfaces perdues). Sur les SIE et les jachères, des allègements pour 2022, mais surtout pour la future PAC. Concernant les filières polyculture / élevage, une formule plus souple du ratio prairie pour permettre aux systèmes d’évoluer, y compris dans leur diversité alimentaire, et la révision du taux de chargement à 1,4 UGB / ha qui conditionne les aides couplées bovines ainsi que l’intégration des coproduits dans le calcul de la SFP. Et d’abonder les demandes portées par la FNSEA visant à soulager les trésoreries, notamment le déclenchement des clauses de renégociations permettant d’intégrer la répercussion de toutes ces hausses de charges et le relèvement du seuil d’exonération totale des plus-values à hauteur de 350 000€ de chiffre d’affaires.

Il a conclu par une note d’optimisme : « on est peut-être un des rares secteurs où notre fonction première qui est nourrir le monde va de pair avec la production de services environnementaux. En dépit du marasme actuel, j’ai la faiblesse de croire qu’un retour au bon sens va finir par arriver », a-t-il déclaré.

Faire le ménage et garder l’utile

Présidente de l’USA02, Charlotte Vassant est revenue sur le sujet des agriculteurs inondés depuis plus d’un an pour lesquels il n’y a toujours pas de dispositif de soutien « correct ». Elle a demandé la création d’un fonds dédiés, avec un accès aux budgets Gemapi, ainsi que des décisions sur l’entretien des cours d’eau. Sur la conjoncture, elle a demandé l’alignement des aides de minimis à 200 k€ comme toutes les PME. Laurent Verhaeghe, président de la FDSEA59 a voulu défendre les fondamentaux du statut du fermage, et notamment certains points particuliers : la transmission du bail aux conjoints ou descendants, le maintien en cas de vente de valeurs distinctes entre terres libres et terre occupées – soulignant dans le même temps l’encombrement des Tribunaux paritaires des baux ruraux (TPBR) pour casser des baux et procéder à des ventes libres -, en gardant comme point de mire une future loi foncière qui pourrait également porté sur le statut de l’agriculteur et la prise en compte de la valeur de l’entreprise. Président de la FDSEA de l’Oise, Régis Desrumaux, a relaté l’histoire de Vincent Veschuere, installé en 2009 avec la construction autorisée sous dérogation d’un bâtiment, avant qu’un collectif d’habitants n’attaque en justice, et obtienne des réparations. Régis Desrumaux s’inquiète des effets de jurisprudence et demande un positionnement clair de l’État et des élus. En attendant, il a invité chacun à soutenir l’éleveur Isarien qui a lancé une cagnotte en ligne pour surmonter ces difficultés.

Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA62 a insisté sur la nécessité de rouvrir les négociations commerciales, citant l’exemple du groupe Auchan, qui après deux rendez-vous de travail sur le sujet, a choisi de ne rien communiquer sur la répartition des marges : « Les agriculteurs doivent montrer patte blanche et la grande distribution est toujours aussi peu transparente. Une urgence qui concerne toutes les filières, avec une crainte exacerbée sur les fermes d’élevage », a-t-elle dénoncé. 

Enfin, Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme, s’est pour sa part exprimé sur l’attente d’un changement de positionnement du réseau syndical face à la réglementation. « Nous devons utiliser la conjoncture actuelle pour sortir du carcan ou les administrations nous ont acculés au fil des années, et faire le ménage de ce qui n’a aucune utilité ou sens environnemental, et qui génère un coût ou une limite aux capacités de production ». Tous ces chantiers, ajoutés aux questions soulevées par d’autres départements, montrent qu’il y a du pain sur la planche.

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