Aller au contenu principal

Céréales
Les leviers préconisés par Ternoveo face à un marché des céréales déprimé

Malgré une moisson 2025 abondante et de qualité, les prix des céréales restent au plus bas. Pour soutenir ses clients, le leader du négoce dans les Hauts-de-France investit dans ses infrastructures et renforce ses leviers de compétitivité.

Au sein de l’entreprise de négoce Ternoveo – elle revendique la place de 1er négoce dans les Hauts-de-France et 2e au niveau national – la moisson 2025 a été l’occasion de mettre en œuvre une nouvelle organisation qui repose désormais sur six régions commerciales. C’est également à cette occasion que de nouvelles installations ont été mises en service, à l’image du silo d’Eppeville où des travaux ont permis la construction d’un stockage de 80 000 tonnes. «Bien situé», selon Frédéric Boynard, directeur de Ternoveo, le site d’Eppeville permet de stocker des céréales à partir de la moisson et dans les mois qui suivent pour approvisionner localement quelques entreprises de transformation. D’une manière générale, rappelle M. Boynard, et cela vaut aussi pour les autres sites exploités par l’entreprise de négoce, «bien choisir nos implantations est un enjeu de compétitivité. Le but est d’acheminer à moindre coût les céréales vers les lieux où elles seront travaillées, puis valorisées».

Rendement et qualité au rendez-vous…

Avec un rendement moyen qui devrait se fixer entre 85 et 88 quintaux par hectare, la moisson des céréales chez Ternoveo s’affiche plutôt «bonne», même si quelques décrochages sont constatés en fonction des types de sols. Précoce et rapide, elle a débuté le 23 juin avec les orges, puis s’est poursuivie avec le blé à partir du 1er juillet. Une vingtaine de jours plus tard, 85 % des volumes étaient collectés. Les dernières parcelles ont été récoltées autour du 15 août.

Côté qualité, «elle est au rendez-vous», estimait Frédéric Boynard la semaine dernière. «Globalement, on a une qualité qui nous permet d’accéder au marché export, via Dunkerque.» Pour Ternoveo, lorsque la qualité est au rendez-vous, environ 50 % de la collecte de céréales prend la direction du port de Dunkerque pour être expédiée hors-France ; «ce qui n’était pas le cas l’an dernier…», se souvient le directeur de l’entreprise de négoce.

… mais marché en berne

Si qualité et quantité sont au rendez-vous, ce n’est en revanche pas le cas pour les prix. En berne. «C’est vrai, admet Frédéric Boynard. Les prix ne sont pas au rendez-vous et cela dure depuis plusieurs mois avec des céréales qui s’affichent à 170 € par tonne.» Plusieurs phénomènes expliqueraient cette morosité. Pour le directeur de Ternoveo, la première est une demande faible dans les pays habituellement gros consommateurs de céréales (Afrique du nord, Chine…). La seconde explication est un contexte diplomatique «tendu» avec un certain nombre de pays, dont l’Algérie, et enfin, de bonnes récoltes de céréales dans les pays de l’hémisphère nord. Pour trouver de nouveaux débouchés, Ternoveo – mais pas seulement lui – est contraint de mettre encore plus le paquet sur le travail du grain. Pour ses clients, bonne moisson ne rime pas forcément avec bonne rentabilité. «Heureusement, pendant l’hiver 2024-2025, nous avons proposé une offre à nos clients comportant un prix de campagne de 200 €/t pour 20 % de leur volume», rappelle Frédéric Boynard. Et de reconnaître néanmoins que cela ne suffira pas pour un certain nombre d’agriculteurs : «Avec ces niveaux de prix et de rendements, une ferme qui n’a pas de gros investissements sur les bras peut couvrir les charges. Pour une exploitation qui est plus endettée, cela risque d’être plus compliqué…»

«On voudrait aller plus vite»

Si Ternoveo n’a que peu de prise sur le marché, voire pas du tout hormis le levier de la qualité, l’entreprise de négoce doit miser sur d’autres leviers pour améliorer la compétitivité de ses clients agriculteurs : «La vie du sol est quelque chose que l’on regarde de près pour maintenir, voire augmenter le potentiel de production. On ne peut pas faire grand-chose à la place de l’agriculteur pour optimiser ses charges fixes, mais en revanche, on peut l’aider à optimiser sa production», explique M. Boynard. D’où un autre levier, le conseil et le suivi des cultures, avec l’agriculteur : «L’idée est de les amener à faire le meilleur rendement possible en raisonnant les interventions.»

Le dernier levier, qui tient autant à l’entreprise de négoce qu’à ses clients, est la sélection variétale : «La semence est quelque chose que l’on travaille depuis plusieurs années, assure le directeur de Ternoveo. Il y a 15-20 ans, on conseillait des variétés en fonction de leur productivité. Aujourd’hui, même si cela reste un critère important, on regarde de plus en plus d’autres critères comme la tolérance aux bioagresseurs, au changement climatique…» Le frein, selon Frédéric Boynard, «c’est que l’on voudrait que les choses aillent plus vite».

 

 

Le maïs coûtera moins cher à sécher cette année

S’il est encore trop tôt en ce milieu du mois de septembre pour estimer le rendement de la récolte du maïs grain, un point rassure Frédéric Boynard : les coûts de séchage qui devraient être moins conséquents que lors de campagnes précédentes. Pour Ternoveo, le maïs représente une collecte comprise entre 80 et 1000 000 tonnes. Côté rendement, «comme pour les céréales, on s’attend à un rendement hétérogène, en fonction des types de sol et de la pluviométrie». La culture du maïs pour Ternoveo reste «importante à nos yeux», assure M. Boynard, notamment parce l’entreprise de négoce a développé un débouché amidonnier qui lui assure une valorisation «supérieure à ce que nos concurrent peuvent proposer». Bien équipée en matériel de stockage pour une meilleure valorisation des grains, l’entreprise de négoce ne devrait toutefois pas trop devoir s’en servir au cours de cette campagne : «On s’attend à des maturités plus précoces et donc des taux d’humidité plus bas, ce qui va limiter les besoins de séchage», estime le directeur de Ternoveo.

Production française en baisse

Dans une note du 16 septembre, les services statistiques du ministère de l’agriculture (Agreste) ont nettement revu à la baisse leur prévision de production française de maïs grain 2025 entre les mois d’août et de septembre. Ils tablent sur un volume de 13,36 Mt, contre 13,669 Mt précédemment. La raison : les épisodes de canicule et de sécheresse survenus durant l’été 2025. Les régions de l’Occitanie, des Pays-de-la-Loire et d’Auvergne-Rhône-Alpes ont particulièrement souffert. Petit bémol, la productivité est attendue en légère hausse en région Île-de-France par rapport à l’an passé. En 2024, la moisson était proche des 14,5 Mt, compte tenu de conditions plus humides. Le niveau de production attendu est, pour le moment, conforme à la moyenne quinquennale (+0,1 %). Les projections en tournesol ont, elles aussi, varié de manière significative d’un mois sur l’autre. Elles passent de 1,581 Mt à 1,496 Mt. Il s’agirait d’une légère progression par rapport à l’an dernier (+1,2 %), année de fortes pluies au moment des coupes, mais en recul de 15,6 % par rapport à la moyenne établie sur 2020-2024.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Plaine en Fête 2025 Saint-Valéry-Sur-Somme Edouard Brunet
Plaine en Fête 2025 s'annonce « énorme »

À seulement dix jours de Plaine en Fête, qui se tiendra les 30 et 31 août à Saint-Valéry-sur-Somme, l’équipe d’organisation…

Ce week-end, Plaine en fête pose ses valises à Saint-Valery-sur-Somme

Les samedi 30 et dimanche 31 août, Plaine en Fête sera le rendez-vous agricole majeur en cette rentrée dans le département de…

Edouard Brunet : «Nous avons fait en sorte que chacun s’y retrouve et ne manque de rien»

Agriculteur à Cayeux-sur-mer, figure des Jeunes Agriculteurs de la Somme, Edouard Brunet est président du comité d’…

pommes de terre récolte UNPT record
Vers une production record de pommes de terre en France ?

La production française de pommes de terre devrait atteindre 8,5 millions de tonnes en 2025, un record depuis plus de dix ans…

Dimanche, Johan Boudinel et son équipe vont envoyer du steak sur Plaine en Fête

À elle seule, la prestation proposée par Johan Boudinel et ses équipiers pour le déjeuner de dimanche s’annonce comme un…

Sandrine Rousseau LFI universités d'été rentabilité des agriculteurs
Rentabilité des agriculteurs : Sandrine Rousseau n’en a toujours rien à péter

Invitée aux universités d’été de La France Insoumise, la députée écologiste Sandrine Rousseau a de nouveau créé la polémique…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde