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Innovation
Les ministres à la rencontre de la mouche d’Innovafeed

Ce 21 avril, les ministres de l’Économie, Bruno Le Maire, et de la Transition écologique, Christophe Béchu, assistaient à l’inauguration de l’extension du site Innovafeed de Nesle. Ils pointaient un «modèle exemplaire de réindustrialisation verte».

«On pensait juste venir voir des gens qui élèvent des mouches. En fait, ils produisent une alimentation durable pour nourrir des animaux, qui nourrissent des Hommes. En somme, ils transforment la planète», image Christophe Béchu, ministre de de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Ce 21 avril matin, avec son collègue Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souverainté alimentaire, ils participaient à l’inauguration de l’extension du site Innovafeed de Nesle.

Les élus ont été enchantés par le système qui y est en place. «Les fondateurs et les trois-cents personnes qui y travaillent prouvent que deux défis majeurs peuvent être relevés ensemble : l’écologie et l’économie», pointe Christophe Béchu. Le site de production a vu le jour en 2020 sur ces terres picardes, après un premier site pilote à Gouzeaucourt (59). On y élève la mouche soldat noire (Hermetia Illucens), dont les larves sont transformées à destination de l’alimentation animale et végétale. La gamme comprend des protéines d’insectes destinées à l’aquaculture, des huiles d’insectes pour les porcs et les volailles, pour les animaux domestiques, et des engrais issus des déjections d’insectes.

Notre innovation est essentielle pour l’agriculture de demain.

Avec ce process, les co-fondateurs, Aude Guo, Bastien Oggeri et Clément Ray, entendent répondre à un enjeu environnemental majeur. «Nous sommes une solution face au déficit en protéines qui devrait atteindre, pour la seule aquaculture, plus de 40 millions de tonnes d’ici à 2030, et celui de la lutte contre le changement climatique puisque l’agro-industrie représente, à date, jusqu’à 30 % des émissions de CO2 mondiales.» Clément Ray précise : «30 % de la pêche est à destination de la pisciculture. Des tonnes de soja importés issus de la déforestation sont à destination de nos animaux d’élevage. Notre innovation est essentielle pour l’agriculture de demain

Le site lui-même se veut vertueux, puisque les larves sont alimentées via les coproduits de l’amidonnier voisin Tereos, avec un transport direct par pipeline, et le chauffage des locaux est assuré par l’énergie fatale du second voisin, la centrale biomasse Kogeban.  «Nos partenaires industriels économisent l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de plus de dix-mille foyers français.»

 

Nesle, plus gros site mondial

Avec l’extension – un investissement de 25 M€ –, le site de Nesle marque «un cap dans la phase d’industrialisation et de mise à l’échelle de cette technologie propriétaire». Il s’agirait du plus gros site de production d’insectes au monde. Innovafeed deviendrait le leader de la production d’insectes, d’autant qu’un troisième site de production entrera en fonctionnement cette année aux Etats-Unis, dans l’Illinois.

Pourquoi la concurrence, bien qu’existante, est-elle si faible dans le milieu ? «L’élevage à l’échelle industrielle est très délicat. Il nécessite une technologie de pointe.» Dans la Somme, la «Tech for Impact» comprend dix-mille capteurs assurant le suivi en temps réel des conditions d'élevage (température, humidité, luminosité) des insectes, elle assure la récupération de vingt-mille œufs d’insectes par seconde, et collecte des données exploitées par une IA pour prédire les opérations de production et ainsi mieux les maîtriser. «Le résultat est là : les animaux croissent plus vite, mieux, et ont un meilleur goût», assure Aude Guo. Selon Innovafeed, avec moins de 7,5 % de cette protéine dans l'aliment, la croissance des crevettes est améliorée de plus de 25 % et leur mortalité réduite de plus de 20 %.

 

Le projet de loi Industrie verte vantée

«L’élan de la France viendra du génie. Mais le génie ne suffit pas. Il faut un contexte favorable pour lui permettre de se concrétiser», annonçait Bruno Le Maire ce 21 avril. Par «contexte favorable», le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souverainté alimentaire entend «projet de loi Industrie verte». Christophe Béchu, ministre de de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, appuie : «Il y a une nécessité écologique d’industrialiser le pays pour limiter l’impact carbone négatif qu’impliquent nos importations.» Cette loi comporte plusieurs points essentiels. Elle offrirait une aide financière à tout projet d’industrie verte. «Il s’agirait de subventions mais aussi de crédits d’impôt à la production», précise Bruno Le Maire. Elle permettrait d’accélérer les ouvertures d’usine. «Il nous faut passer de dix-huit mois en moyenne à neuf mois en moyenne pour convaincre les acteurs de projets de s’installer chez nous.» La préférence européenne, soit des bonus pour l’achat des produits européens, deviendrait la règle. La commande publique se ferait en priorité pour des acteurs français. Enfin, la formation serait un axe essentiel. «Les femmes ne représentent que 20 % des ingénieurs. Il nous faut atteindre la parité dans ce domaine.» Objectif : «faire de la France la première nation décarbonnée.»

 

Le pouvoir d’achat sur la table

En discutant avec les salariés d’Innovafeed, Bruno Le Maire dit avoir senti des «salariés heureux de travailler ici», mais aussi des «citoyens inquiets pour leur pouvoir d’achat, avec le prix du caddie qui ne cesse d’augmenter». Ce pouvoir d’achat, assure-t-il, reste «notre premier sujet de préoccupation». C’est dans ce cadre que le ministre a demandé une réouverture des négociations commerciales. «Quand le prix du blé augmente, les prix des denrées alimentaires dans les rayons augmentent aussitôt. Mais lorsque ce premier baisse, il m’est insupportable de constater que le prix du paquet de pâtes met trois mois à redescendre.» Bruno Le Maire tenait aussi à rappeler les outils dont bénéficient les employeurs pour aider leurs salariées : «Des primes défiscalisées sont possibles. Un maximum d’employés doivent aussi avoir accès aux heures supplémentaires défiscalisées.»

 

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