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Les opportunités de l’augmentation du prix des crédits carbone

Le prix des crédits carbone s’est envolé en 2021 sur le marché international, dopé par la demande de la finance et des entreprises. Une augmentation qui pourrait rendre plus compétitifs les crédits français et européens, alors que les compagnies aériennes vont se voir encouragées à compenser 50 % de leurs émissions sur le sol communautaire.

La dynamique constatée sur le marché des crédits carbone est amplifiée par le développement de start-up de la finance carbone, ainsi que par la demande des entreprises du pétrole, de l’aérien ou de l’agroalimentaire, dont les engagements sur la neutralité se multiplient.
La dynamique constatée sur le marché des crédits carbone est amplifiée par le développement de start-up de la finance carbone, ainsi que par la demande des entreprises du pétrole, de l’aérien ou de l’agroalimentaire, dont les engagements sur la neutralité se multiplient.
© Pixabay

Difficile d’avoir des chiffres précis, mais tous s’accordent sur la tendance. Après avoir baissé en 2019, les prix du carbone sont repartis fortement à la hausse en 2021. Au niveau mondial, d’après un rapport publié en novembre par l’association américaine Forest Trends, près de 300 Mt de carbone auraient été échangées sur le marché volontaire au prix moyen de 3,4 $/t, pour une enveloppe totale de près d’un milliard de dollars. Un «record» financier, selon l’ONG. «Des crédits qui s’échangeaient entre 1 $ et 7 $/t avant l’été 2021 s’échangent désormais entre 5 $ et 15 $/t», confirme Gilles Dufrasne, au sein de l’ONG bruxelloise Carbon Market Watch, tout en soulignant les incertitudes sur le maintien de cette dynamique. Elle s’expliquerait, selon lui, non pas par une hausse subite du coût des projets, mais par l’enthousiasme des établissements financiers. Un intérêt croissant qui ne serait pas étranger à l’initiative lancée en 2020 avec des grands noms de la banque par l’ancien gouverneur de la banque centrale du Royaume-Uni Mark Carney en amont de la Cop26 pour «amplifier les marchés carbones volontaires».

Le phénomène serait également amplifié par le développement de start-up de la finance carbone, ainsi que par la demande des entreprises du pétrole, de l’aérien ou de l’agroalimentaire, dont les engagements sur la neutralité se multiplient. Mais celles-ci se fournissent pour l’heure majoritairement en Asie, d’où provient près d’un tiers des crédits générés en 2021 selon Forest Trends. Et l’agriculture demeure un secteur discret sur le marché, avec seulement 3,4 Mt de crédits générés, là où les forêts ont fourni 115 Mt de crédit pour l’année écoulée.

 

Les vrais crédits et les autres

Toujours selon l’ONG Forest Trends, environ 150 Mt sur les 300 échangées en 2021 ont bénéficié de l’une des principales certifications, dont 125 Mt sous le Verified Carbon Standard (VCS) de Verra et 8 Mt sous le Mécanisme de développement propre de Kyoto. Autant de cadres qui ne garantissent pas forcément de réels bénéfices pour le climat, prévient Gilles Dufrasne.

«Beaucoup de ces crédits ne représentent pas de vraies économies de CO2, avec des scénarios de référence qui ne sont pas crédibles et qui surestiment les réductions», déplore-t-il. Principale solution selon lui : examiner les crédits au cas par cas et miser sur «les projets à petite échelle, qui apportent de vrais bénéfices en matière de biodiversité ou de pauvreté». Alors que les règles des marchés volontaires du carbone ont enfin été mises en place par la Cop26, le label bas carbone et les projets français sembleraient plutôt bien positionnés sur au moins quelques-uns de ces critères. Principal écueil d’une partie des crédits du secteur agricole selon Gilles Dufrasne : le risque de voir le carbone destocké en cas de changement de pratique. «Le stockage de carbone dans les sols est très difficile à mesurer, et il y a un vrai risque de non-permanence que n’ont pas les projets qui misent sur des réductions d’engrais, par exemple.»

 

1 Mt à trouver sur le marché européen

Cependant, pour l’heure, seul un tiers des crédits du premier appel à projets de France Carbon Agri a trouvé preneur. Mais l’appétit des acheteurs pourrait revenir en début d’année. Car en application de la loi climat, le cabinet de Barbara Pompili prévoit d’imposer au secteur aérien de compenser au moins 50 % des émissions de ses vols domestiques sur le territoire européen dès 2024.

Cet objectif chiffré viendrait clarifier les termes de la loi promulguée fin août, qui prévoit seulement que les projets européens «sont privilégiés». «Dans les autres pays membres, les coûts des projets ne sont pas beaucoup plus bas, ce qui pourrait encourager les compagnies à compenser plutôt en France», espère l’entourage de Barbara Pompili. Au total, selon les estimations du ministère, la mesure pourrait entraîner une demande pour près d’un million de tonnes de crédits européens sur 2 Mt d’émissions à compenser.

Avec un paiement de 30 €/t pour les agriculteurs, tel que proposé actuellement par France Carbon Agri, cette compensation représenterait un revenu de plus de 30 millions d’euros annuels pour le monde agricole. Le texte réglementaire à paraître en janvier pourrait même accorder une prime de 20 à 30 % de crédits aux projets bas carbone possédant une forte dimension biodiversité. 

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