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Les plantes aromatiques embaument la plaine samarienne

Qui croit encore que les plantes aromatiques ne poussent pas dans la Somme ? Plusieurs producteurs se sont lancés dans cette production récemment, dont Cassia Touchais, qui commercialisera ses premières tisanes en juin. 

Depuis l’enfance, les plantes aromatiques parfument le quotidien de Cassia Touchais. «Mon arrière-grand-mère, puis ma grand-mère, les utilisaient pour parfumer leurs armoires, ou dans leur cuisine.» Avec sa formation d’ingénieur agronome, la Brésilienne d’origine a pu approfondir les multiples bienfaits de ces fleurs. «La botanique m’a toujours passionnée. Un stage dans un hôpital brésilien spécialisé en aromathérapie et en phytothérapie m’a particulièrement marqué», confie-t-elle. Un projet de production sur sa terre natale ne verra finalement pas le jour, puisque Cassia s’installe en France, pays de son mari, lui aussi ingénieur agronome. 
«Nous avons vécu en région parisienne, près de Versailles. L’accès au foncier était inimaginable. Mais j’ai toujours eu ce projet dans un coin de ma tête. C’est un bébé éléphant !», rit-elle. La recherche agronomique est captivante, mais complexe et abstraite. «J’avais envie de concret. De mettre les mains dans la terre. Il y a quatre ans, alors que nous étions installés à Amiens, j’ai saisi l’opportunité d’un terrain de 400 m2 aux Hortillonnages pour en faire ma parcelle test.» En plus de la satisfaction d’une production du plant à la récolte, puis à la transformation et au produit fini, les plantes aromatiques offrent «une explosion de sens». «C’est magnifique, les parfums envahissent les narines, certaines sont douces, d’autres plus rudes…» 
Cette année, la productrice a décidé de sauter le pas pour faire de sa passion une activité à part entière. Elle habite désormais à Mailly-Maillet, au Pays du Coquelicot, où un terrain lui permet de développer les cultures, en plus de celles en place aux Hortillonages. Camomille, verveine, origan, calendula, sauge, romarin, thym, hysope… Une quarantaine d’espèces, aux variétés multiples, s’épanouissent dans ses terres. Après la récolte, elles sont séchées, pour être commercialisées sous forme de tisanes. Cassia souhaite ensuite diversifier les transformations, avec des produits cosmétiques, de bien-être, et ménagers. Toutes ces techniques ont été apprises grâce à une formation dans la Drôme, berceau de la production. Sa première vente aura lieu à la fête des roses de
Gerberoy (60), ce 5 juin. 

Un désherbage minutieux 

Les plantes aromatiques ont beau être séduisantes, elles nécessitent une bonne dose d’huile de coude. «Tout le week-end de Pâques a été consacré au désherbage», assure-t-elle. Cette étape est cruciale, pour limiter la concurrence des mauvaises herbes. «La Camomille, par exemple, n’aime pas le ray-grass.» Il ne faudrait pas non plus que des graines d’adventices contaminent les plantes. «Je veux assurer aux clients un produit pur, de qualité.» Cassia sait déjà qu’elle devra faire des choix pour que l’activité soit viable à long terme. «Il faut un plan d’action car chaque plante a son itinéraire technique. Il faudra se concentrer sur quelques espèces uniquement.» 
L’adaptation au terroir sera un des critères de sélection, et sa propre sensibilité jouera. «La verveine, par exemple, me tient particulièrement à cœur.» Celle-ci est indiquée dans le soulagement des crampes et des spasmes d’estomac, ainsi que dans la réduction de troubles digestifs, du sommeil, du stress et de l’anxiété… Mais comme beaucoup de plantes, aucune étude scientifique d’envergure corroborant les vertus médicinales n’a été réalisée. «Les plantes aromatiques sont passionnantes, mais encore peu connues. La filière et ses marchés restent flous.» Les soins par les plantes sont de plus en plus plébiscités, mais peu de consommateurs ont aujourd’hui conscience des coûts de production. «Pour fixer les prix, il faut trouver l’équilibre entre une juste rémunération du travail, et l’accessibilité des produits

 

Les cicadelles, bêtes noires de la lavande

Les betteraviers redoutent les pucerons. Les producteurs de lavande et lavandin, eux, redoutent les cicadelles. «Dans la Somme, nous sommes épargnés, peut-être du fait de la production est limitée. Mais cela reste une crainte.» Il faut dire que dans le Sud-Est (Alpes de Haute-Provence, Vaucluse, Drôme), où 95 % des 15 000 ha de lavandins sont cultivés, des champs entiers subissent un dépérissement à phytoplasme du Stolbur. Il s’agit d’un microorganisme pathogène dont est vecteur la cicadelle : une bactérie sans paroi qui a besoin d’un hôte pour survivre. Il colonise les tissus criblés des lavandes et lavandins mais également d’autres plantes cultivées : la vigne (maladie du bois noir), la betterave sucrière (syndrome des basses richesses), la tomate, le poivron, le tabac... On peut également le retrouver sur des plantes autour des parcelles : le thym, le liseron et de nombreuses adventices. À terme, il provoque la mort de la plante. 
 

 

Une filière en expansion 

En France, la filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) englobe la culture et la cueillette régulière de plus de trois-cents espèces de plantes à parfum, commercialisées et plus de mille produits. «En 2019, la surface occupée par les PPAM est de 58 551 ha pour 5 692 producteurs. Cette surface ne cesse d’augmenter depuis les années 2000, avec une croissance supérieure à 18 % au cours des cinq dernières années», présente FranceAgriMer.
Les plantes à parfum représentent les premières surfaces du secteur (32 694 ha en 2019) avec trois espèces prédominantes : le lavandin et la lavande (27 946 ha) ainsi que la sauge sclarée (3 400 ha). Elles se composent d’exploitations aux profils multiples, allant de la culture industrielle à des très petites exploitations en zones défavorisées. C’est ce secteur des plantes à parfum qui a eu la plus forte croissance en surface, estimée à plus de 33 % depuis 2015. Les plantes aromatiques, elles, sont cultivées sur 6 184 ha. Les principales espèces sont le persil, la coriandre, le thym, le fenouil et la menthe... Ce secteur a eu une forte croissance estimée à plus de 26 % depuis 2015. Après le Label rouge obtenu sur les herbes de Provence, une IGP thym de Provence est arrivée sur le marché. Le secteur des plantes médicinales comprend le plus grand nombre d’espèces (plus de 150 espèces sont différenciées dans la Pac 2019 dont le pavot œillette, la camomille, le chardon marie, la mélisse...). 19 673 ha étaient cultivés en 2019 (+ 15 % par rapport à 2018).Les marchés sont très diversifiés : santé, beauté et bien-être, homéopathie, compléments alimentaires, gemmothérapie, huiles essentielles, infusions, arômes, fragrances, frais, agroalimentaire, GMS…
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