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Agriculture bio
Les pois et haricots d’industrie bio pousseront-ils davantage en région ?

Comment conforter la production et la commercialisation de légumes verts bio en région ? Tel était un des thèmes abordés lors des rencontres grandes cultures bio, ce 7 février, à Abaincourt-Pressoir. 

Depuis 2018, il se cultive de plus en plus de légumes verts bio à destination de l’industrie sur les terres françaises. «Nous comptons aujourd’hui 4 500 ha cultivés, pour 40 600 t de légumes bio récoltés, principalement des haricots et des pois, puis des carottes, des brocolis et des choux fleurs», présente Brigitte Hopquin, d’Unilet (l'interprofession française des légumes en conserve et surgelés) lors des rencontres grandes cultures bio, ce 7 février, à Abaincourt-Pressoir. C’est deux fois plus de surfaces en cinq ans, et 65 % de volumes en plus. Bien que loin derrière les principales régions de production que sont la Bretagne et les Pays-de-la Loire, les Hauts-de-France progressent. 

Mais face à cette conjoncture inflationniste, les produits bio sont boudés des ménages. «Le prix d’un sachet de légumes surgelés bio est 46 % plus cher qu’un sachet de légumes conventionnels», explique Brigitte Hopquin. Résultat : le marché, qui était passé de 122 M€ à 199 M€ entre 2018 et 2021 a chuté de 8,4 % en 2022. Pourtant, ces légumes pour la plupart surgelés, et à environ 20 % en conserve, tirent leur épingle du jeu. 

 

Des industriels tiennent bon

Premier argument : la production locale n’est pas encore suffisante pour limiter l’importation de légumes étrangers. «91 % des légumes bio industriels sont d’origine France, et ce volume de produits importés recule chaque année. Mais en Hauts-de-France, l’import reste plus élevé que la moyenne nationale, avec 42 % en 2021. Cela concerne surtout les carottes et les oignons.» Deuxième argument : des industriels bien implantés dans la région, avec notamment Bonduelle, Ardo, Agreefriz… Et tout récemment, l’implantation de l’usine de surgélation Trinature, à Blaringhem (59). Cette dernière est née en 2019, de la réunion de trois entreprises devant un marché de la surgélation en plein essor : FRDP à Avignon (Vaucluse), Agrifreez située à Esquelbecq (59) et enfin la société Crop’s à Wielsbeke (Belgique).  «L’arrivée d’un nouvel acteur est toujours un bon signe», commente Anne-Sophie Kouassi, cheffe du service technique d’Unilet. 

Dès son entrée en activité, l’usine a fait connaître ses besoins en légumes bio. «Nous traitons 50 000 t
de légumes frais, avec un objectif de 30 % de bio. Aujourd’hui, le bio représente 15 % de notre production
», précise Thomas Raoul, représentant du service agronomique de la société FRDP  (France recherche et développement). La gamme comprend une vingtaine de légumes. Comment l’industriel vit-il la «crise du bio» ? «C’est toujours un sport de deviner les besoins de nos clients, mais nous avons la chance d’avoir un produit surgelé qui se conserve.» Selon Thomas Raoul, certains marchés restent porteurs. «La grande distribution souffre. Mais nos ventes vers la transformation, pour le babyfood par exemple, sont en croissance.» Les surfaces sont maintenues pour 2023, voire étendues pour certaines productions. 

 

S’organiser pour négocier les prix

Pour les producteurs, le nerf de la guerre reste la rémunération. «Les prix doivent augmenter, sans quoi, nous ne nous en sortirons pas», alerte Jérôme Pierson, responsable production à la coopérative Norabio. Pour Gilles Delannoy, président de l'organisation de producteurs (OP) Agoris qui livre l’usine de surgelés Ardo de Violaines, l’affaire est corsée. «L’année dernière à la même époque, il n’y avait pas encore de contrat entre l’OP et l’industriel. Cette année, comme on était inquiet des prix, on s’est présenté avec des chiffres détaillés. On a été entendu, et on a obtenu une revalorisation de 40 % du prix du contrat “pois vert“ conventionnel pour la récolte 2023. Pour le bio, ça a été vite fait. Ils n’ont pas le commerce. Pas de revalorisation de prix, juste un maintien de surfaces…»

Pour l’agriculteur de Doullens, adepte du collectif, l’organisation des producteurs est indispensable. «La technique de production, sauf année climatique très particulière, on l’a, et on est entouré. Mais nous avons besoin de connaître nos coûts de production, avec des prix de revient établis. C’est un appuis pour négocier.» La filière bio est encore peu organisée pourtant. «La production hors OP est majoritaire», pointe Brigitte Hopquin. 

 

80 %

80 % des légumes bio d’industrie sont surgelés, et le reste est mis en conserve. C’est beaucoup plus qu’en conventionnel. Ces surgelés bio représentent 6 % des légumes surgelés achetés par les ménages et 10 % des achats de la restauration en volume en 2021. Les conserves bio représentent 5 % des conserves de légumes achetées par les ménages et 6,5 % des achats de la restauration en volume en 2021. 

La loi Egalim, un atout ? 

Pour les industriels tels que Trinature, la loi Egalim n’a «rien changé». «Les négociations avec la grande distribution sont toujours les mêmes. Pour eux, l’objectif est toujours de tirer le prix les plus bas possible», regrette Thomas Raoul, représentant du service agronomique de la société FRDP (France recherche et développement), cocréatrice de l’usine Trinature. Mais la mesure qui concerne l’approvisionnement en produits de qualité pour la restauration collective publique est une opportunité pour les légumes bio. Celle-ci oblige à proposer dans ses menus au moins 50 % de produits durables ou sous signe d'origine ou de qualité, dont au moins 20 % de produits bio. «L’enjeu est d’imposer nos produits bio locaux dans les cantines régionales», souligne Brigitte Hopquin, d’Unilet. 
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