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Les solutions de biocontrôle au banc d’essai

La chambre d’agriculture expérimente des solutions de biocontrôle depuis plusieurs années afin de déterminer des solutions alternatives efficaces aux produits phytosanitaires. L’objectif est d’étudier l’intérêt technico-économique des différents produits de biocontrôle mis sur le marché et d’obtenir des références sur la réduction des IFT avec l’utilisation de ces produits «alternatifs». 

L’utilisation des solutions de biocontrôles doit être complémentaire aux leviers agronomiques afin de diminuer la pression des bio-agresseurs :  le choix de la variété (tolérance aux maladies et aux ravageurs), la date de semis, la densité de semis, l’allongement de la rotation (rupture parasitaire)... 

Une large gamme de solutions de biocontrôle a été testée par la Chambre d’agriculture de la Somme : 

- sur le blé a été étudié l’intérêt du soufre, de l’huile de thym, du fructose, du Polyversum (Pythium oligandrum), du Vacciplant (Laminarine), de l’Echiquier (Bicarbonate de potassium), du DSPF 016 (en attente d’homologation), du Rhapsody (Bacillus subtilis) et des préparations naturelles (extraits fermentés d’ortie, décoction de prêle…).

- en betterave, est testé le cuivre dans la lutte contre la cercosporiose. Des essais sont mis en place sur le printemps avec des techniques alternatives pour la lutte contre le puceron. 

- Des travaux sur pomme de terre ont été menés sur le Rhapsody (Bacillus subtilis) et le Tri Soil (Trichoderma atroviride) contre les maladies du sol, le DSPF 016 (en attente d’homologation) contre le mildiou et le Beloukha (acide pélargonique) en traitement de défanage.

 

Essai blé 2018

En 2018, sur un essai avec la variété Fructidor implanté le 25 octobre, la modalité en cinq passages avec alternance de produits de contact et de soufre jusque «dernière feuille étalée» montre un intérêt possible à l’utilisation de biocontrôle en substitution aux fongicides. Néanmoins, les solutions de biocontrôles sont coûteuses. Ceci entraîne des rendements nets (charges opérationnelles deduites) inférieurs aux rendements avec des produits phytosanitaires.

 

Essai blé 2019

En 2019, sur un essai implanté sur la variété KWS Extase, trois modalités avec des solutions de biocontrôle sont testées en comparaison à un programme fongicide «doses préconisées par la chambre d’agriculture» et à un programme
«½ doses». 

Les trois modalités testées sont le DSPF 016, avec une homologation prévue courant 2021, associé au soufre en deux passages suivi d’un fongicide de biocontrôle (Polyversum) contre la fusariose, trois passages de décoction de prêle en préventif et une modalité avec apports d’oligo-éléments suite aux résultats d’analyses foliaires réalisées de la reprise de végétation jusqu’à l’épiaison.

La modalité «trois passages de produits de biocontrôle avec le DSPF016 associé au soufre» obtient un rendement équivalent à la modalité «deux passages fongicides à ½ doses».

 

Essai blé 2020

En 2020, au sein du Comité technique céréales à paille de la Somme, le DSPF016 associé au soufre a aussi été testé en substitution du T1 dans un programme à trois passages et des résultats prometteurs ont été constatés. Sur 2021, cette modalité est de nouveau étudiée.

 

Essais GIEE «sols vivants»

Sur les campagnes 2020 et 2021, la chambre d’agriculture a également mis en place des essais sur blé chez des agriculteurs appartenant au GIEE «sols vivants Plateau Picard» afin de tester les préparations naturelles : décoction de prêle, extraits fermentés d’orties… 

Ces essais ont démarré dès le semis avec l’extrait fermenté au semis suivi d’un passage d’extrait fermenté d’ortie en végétation à l’automne puis de deux passages de décoction de prêle en sortie d’hiver. Trois passages à base d’extraits fermentés d’orties sont prévus sur le printemps. Différentes mesures seront réalisées lors de la campagne : notations maladies, le taux de Brix qui correspond au taux de sucre dans la plante, la vitalité qui correspond à la santé globale de la plante, des analyses foliaires.

Nous allons également tester ce printemps, la macération d’ail contre les pucerons en betterave.

 

Essais pommes de terre

De 2017 à 2019, des solutions alternatives ont été testées sur pomme de terre notamment pour la lutte contre le rhizoctone brun :
les solutions Tri-Soil et Rhapsody montrent des résultats aléatoires. Une solution aux défanants a été étudiée avec l’acide pélargonique (Beloukha) couplé au broyage qui donne des résultats moins efficaces que la modalité broyage couplé à un dessicant chimique. Cependant, son utilisation permet la diminution de l’IFT, mais la solution de biocontrôle est très onéreuse (six fois le coût du dessicant). Possibilité de l’utiliser à 10 % de biocontrôle en pack.

 

Essais betteraves

En 2017, un essai sur betterave montre que le cuivre associé aux fongicides apporte la meilleure efficacité sur la cercosporiose en positionnement préventif.

 

Les solutions de biocontrôle préconisées par nos experts

Voici les solutions de biocontrôle actuellement disponibles sur le marché et intéressantes sur le point technico-économiques préconisées par les ingénieurs de la Chambre d’agriculture de la Somme.
- Le soufre pour la lutte contre l’oïdium en préventif sur céréales et sur lin textile. Des essais Arvalis, Institut du végétal, montrent également de bonnes efficacités sur lin textile en préventif avec un apport de soufre au stade 30 cm. Au-delà sur son efficacité vérifiée, le soufre n’a pas d’effet dépressif sur la croissance du lin textile. Aucune homologation actuellement mais une dérogation a été mise en place l’an passé sur lin textile et doit être reconduite pour le printemps 2021.
- Le cuivre pour la lutte préventive contre la cercosporiose en betterave. Pas d’homologation à ce jour, mais des dérogations depuis deux ans et en attente de dérogation pour cet été. 
- L’acide pélargonique en défanant la pomme de terre à utiliser en pack et à coupler avec un broyage.
- Le phosphate ferrique pour la lutte contre les limaces.
- L’utilisation de trichogrammes au plus près de la période de pontes des pyrales sur maïs. La protection est assurée pour trois à quatre semaines. Les applications se réalisent soit avec des diffuseurs de façon manuelle, soit par capsules avec un épandeur ou un drone.
- L’utilisation du spinosad pour la lutte contre les taupins en traitement de sol en pomme de terre et maïs reste possible (efficacité moyenne à équivalente aux solutions chimiques). Une autre solution en maïs : association d’avoine ou d’orge au semis de maïs qui font office d’appâts pour ce ravageur souterrain. Sur doryphore en pomme de terre, le spinosad montre des efficacités équivalentes aux solutions chimiques. 

 

TEMOIGNAGE Gaec Mercier
Bernard et Jean Pierre Mercier, agriculteurs en Gaec en polycultures, bovin lait, à Candas

«Nous sommes producteurs de céréales d’hiver, de colza, de betteraves, de pois de conserve. Pour l’atelier vaches laitières, nous cultivons du maïs, du méteil graine, de la luzerne et des prairies. Nous sommes en non labour depuis dix ans et nous pratiquons la protection intégrée couplée à de la pulvérisation en bas volume depuis 2006. 
Nous faisons partie du GIEE «Sols Vivants Plateau Picard» animé par la Chambre d’agriculture de la Somme. Le but est d’améliorer davantage la fertilité biologique de nos sols en introduisant des couverts multi espèces et en perturbant le moins possible nos sols lors de l’implantation de nos cultures. Notre objectif est d’obtenir des sols sains pour des plantes saines en réduisant davantage l’utilisation des pesticides et obtenir une meilleure valeur alimentaire de nos fourrages. 
Depuis deux ans, nous réalisons sur l’exploitation des expérimentations soit en essais micro-parcelles, soit en bandes afin de trouver des solutions alternatives aux solutions chimiques par le biais du GIEE. Nous nous sommes formés à la préparation d’extraits fermentés, de décoctions et de macérations afin de les réaliser nous-même sur l’exploitation. Ce qui permet également de réduire les coûts. 
L’an passé, nous n’avons pas vu de différence due à la faible pression maladie en céréales. 
Nous continuons cette année de tester les préparations naturelles et d’apporter des oligo-éléments sur les différentes cultures de l’exploitation.»
Propos recueillis par Mathilde Lheureux
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