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Les teilleurs redoutent le travail du lin récolté en 2020

La récolte de lin 2020 s’est révélée très décevante, tant en termes de quantité de fibres longues que de qualité. La Calira, à Martainneville, la teillera dès décembre, et son équipe sait déjà que ce ne sera pas une partie de plaisir.

Vincent Delaporte (à dr.) : «En décembre, nous attaquerons la récolte 2020, et nous savons déjà que nous allons mouiller la chemise pour un résultat médiocre !»
Vincent Delaporte (à dr.) : «En décembre, nous attaquerons la récolte 2020, et nous savons déjà que nous allons mouiller la chemise pour un résultat médiocre !»
© A. P.




Les teilleurs n’ont pas encore débuté la pénible tache qui les attend, mais ils ont déjà hâte de passer à autre chose. Après avoir dû cesser totalement son activité pendant un mois, fin mars et début avril, à cause du Covid-19, l’usine de teillage de la Calira (Coopérative linière de la région d’Abbeville), à Martainneville, a retrouvé un rythme normal. Les cent salariés se relaient en trois huit sur des lignes de cinq et deux machines. «Nous aurons terminé de travailler la matière de la récolte 2019 fin novembre, confie Vincent Delaporte, le directeur. Il s’agissait d’une année correcte, bien que moins bonne en termes de résultats techniques que 2018. Mais, en décembre, nous attaquerons la récolte 2020, et nous savons déjà que nous allons mouiller la chemise pour un résultat médiocre !»
Vincent Delaporte n’a même jamais connu d’aussi mauvaise année que 2020. Le pire des scénarios s’est dessiné au printemps, période clé du développement du lin. «Du vent d’Est desséchant, trop de luminosité, pas assez d’hygrométrie, des pics de températures en plein stress hydrique… Résultat : nous avons une petite récolte en termes de rendement, avec une faible richesse en fibres. Dans un même andain, la taille des fibres peut varier, car les levées étaient hétérogènes», se désole-t-il. Un travail ingrat attend donc l’équipe du teillage, qui sera contrainte à une cadence plus lente, puisque la matière première sera plus difficile à travailler avec, à l’arrivée, une quantité de filasse moindre.
La Calira avait pourtant atteint un record de surface emblavée, avec 10 000 ha contre 8 000  ha l’année précédente. «Mais s’il y a moins de rendement de fibres à l’hectare, la hausse de la surface ne compensera pas la perte.» Il n’y a plus qu’à espérer une météo plus clémente en 2021. Mais les liniculteurs doivent en tirer des enseignements : «pas de lin dans les mauvaises terres, prévient Vincent Delaporte. Une terre de qualité est la condition minimale pour réussir la récolte.» Pas toujours évident de mettre en pratique ce conseil sur la zone côtière du département, avec des terres sableuses et très filtrantes. Le littoral bénéficiait jusqu’alors d’une climatologie idéale à la production de lin, mais il souffre de sécheresse et de chaleur depuis trois ans.. «C’était le secteur le plus impacté en 2020», assure même Vincent Delaporte.

150 ha de lin fibre d’hiver
Pour tenter d’apporter une solution, 150 ha de lin fibre d’hiver ont donc été semés fin septembre et début octobre. La coopérative avait bâti un programme d’essai similaire en 2008, qui n’avait finalement pas été reconduit. Cette fois, elle mise sur les progrès de la génétique. «Ce lin a été sélectionné pour résister au froid. Il peut supporter jusqu’à - 8°C. Au printemps, la plante sera bien installée et devrait être capable d’aller chercher de l’eau plus en profondeur. Même s’il y a un risque que ces variétés pèchent en qualité, ce que nous cherchons, c’est avant tout de la quantité.» Autre avantage : le lin fibre d’hiver arrive à maturité environ quinze jours plus tôt que le lin de printemps. Les travaux de la récolte seront donc plus étalés. Une aubaine, car la disponibilité des machines est un critère de réussite. Résultats à la récolte 2021.


Commercialisation : une dynamique rassurante

Agréablement surpris. Le sourire de Vincent Delaporte se devine derrière son masque lorsqu’il évoque le commerce du lin. «Au printemps, nous avons connu un très fort ralentissement du marché. Nous n’avons même rien vendu en mai. Mais l’activité a repris en juillet, et aujourd’hui, on peut dire que le courant d’affaires est important.» D’après le directeur de la Calira, cette dynamique est le fruit de la politique menée par les principaux clients : les filateurs chinois. «Ils ont fait la promotion du lin sur leur marché interne. L’export était compliqué, car l’écoulement des collections de vêtements a été chamboulé par le confinement au niveau mondial, mais ils ont trouvé des débouchés au sein même de leur pays.» Autre marché porteur : celui de l’ameublement. «Avec les confinements, les gens passent beaucoup de temps chez eux et veulent améliorer leur intérieur.» Ce marché utilise des tissus plus grossiers, et permet en plus de valoriser la récolte moyenne de 2019. Les prix, eux, ne sont plus aussi hauts qu’avant la crise sanitaire mais, entre 2,20 et 2,50 €/kg de lin teillé, ils sont rémunérateurs. «On avait dépassé les 3 €/kg et c’était même trop, car les clients hésitaient à acheter. Là, on n’a aucun problème pour vendre», analyse Vincent Delaporte. Le professionnel émet un seul bémol : «Les clients se dépêcheraient-ils d’acheter pour pouvoir se passer de la mauvaise récolte 2020 ?»

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