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Santé animale
Les veaux mort-nés de FCO en 2024 seront indemnisés, flou pour 2025

La ministre de l’Agriculture a annoncé la prise en charge des veaux morts-nés lors de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO) en 2024, sans s’engager sur 2025. Au fil des semaines, les effets de la maladie sur les naissances et la production de viande apparaissent plus graves que prévu.

Les indemnisations des veaux morts-nés de 2024 sont confirmées,  mais l'incertitude demeure pour 2025.
Les indemnisations des veaux morts-nés de 2024 sont confirmées, mais l'incertitude demeure pour 2025.
© iStockPhoto.com

«L’État prendra [...] en charge la perte des veaux mort-nés pendant l’épizootie passée» de fièvre catarrhale ovine (FCO), a annoncé la ministre de l’Agriculture Annie Genevard au congrès de la FNSEA, le 27 mars à Grenoble. Des aides qui proviendront du fonds d’urgence de 75 millions d’euros (M€), annoncé au Sommet de l’élevage 2024, puis progressivement étendu à de nouvelles catégories d’animaux. Alors que ces indemnisations compensent les pertes directes (animaux morts), «FranceAgriMer a demandé aux départements de ne pas prendre en compte les veaux non bouclés», a rapporté la députée Florence Goulet (RN, Meuse) lors des questions au gouvernement le 25 mars. Selon elle, «cette consigne a empêché l’indemnisation de près de 60 % des veaux morts dans la tranche 0-6 mois», soit «un manque à percevoir d’un million d’euros pour les éleveurs meusiens».

La compensation des veaux mort-nés, «c’était un oubli administratif pour 2024. Mais il n’y a aucune réponse sur les animaux qui ont continué à mourir depuis le 1er janvier [...] c’est inadmissible pour nous», s’est désolé auprès de l’AFP Patrick Bénézit, le pré-sident de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA), qui réclamait cette mesure. «Les dégâts se poursuivent sur les naissances», a-t-il ajouté après le discours de la ministre à Grenoble, estimant que le manque de veaux dû à la maladie sur la période de vêlage 2024 s’élevait à plus de 100 000.

-5 à 6 % des vêlages en 2024

La France fait face à des épizooties simultanées de FCO et de MHE (maladie hémorragique épizootique), avec plusieurs dizaines de milliers de cas et de nombreuses conséquences sur la fertilité. D’après l’Institut de l’élevage (Idele), les naissances de veaux allaitants «auraient reculé de 5 % à 6 % au total sur l’année 2024». Les élevages ont accusé une «forte baisse des vêlages à l’automne» (-8 % en septembre, -12 % en octobre, -7 % en novembre), «concomitante à l’arrivée de la FCO-3 sur le territoire français». Or, ces dernières années, les élevages français avaient tendance à regrouper de plus en plus de naissances sur cette période. Le recul des naissances a continué en janvier, que ce soit en veaux allaitants (-5 à -7 %) ou en veaux laitiers (-3,8 à -4,2 %).

En raison de ces maladies vectorielles (propagées par un vecteur, les moucherons culicoïdes), la baisse de la production française de viande bovine en 2025 «pourrait être bien plus forte que celle que nous avions prévue en début d’année», indique l’Institut de l’élevage dans son bulletin Tendances du mois de mars. Dans ses prévisions 2025 publiées en janvier, l’institut technique s’attendait à une chute de 1,8 % sur un an, après une stabilisation en 2024. Cette étude intégrait déjà une partie de l’impact des épizooties qui frappent les élevages français : MHE (depuis septembre 2023) et FCO (depuis l’été 2023 pour le sérotype 8 et depuis août 2024 pour le sérotype 3).

Le moucheron «reprend du service»

Constat similaire en filière ovine, espèce également sensible à la FCO. Toujours dans son bulletin Tendances, l’Idele constate un «franc recul de la production française en janvier» : -10 % en nombre de têtes par rapport à janvier 2024 et -9 % en volume (selon Agreste). «Ces replis sont au moins en partie imputables à l’épidémie de FCO qui a provoqué une forte mortalité chez les reproducteurs, mâles et femelles», analyse l’institut. «Les animaux qui n’en sont pas morts peuvent être sujets à des problèmes de reproduction qui se répercutent actuellement – ou vont se répercuter – sur la production d’agneaux.»

Avec l’hiver, la propagation des maladies vectorielles avait fortement ralenti ces derniers mois. Selon les derniers bilans au 27 mars, la France comptait 10 521 foyers de FCO-3 pour la campagne en cours, ainsi que 16 478 foyers de FCO-8 et 3 862 cas de MHE. «Avec le retour de températures plus douces, l’insecte responsable de la FCO reprend du service», prévient l’Idele, et le département de l’Allier «a été touché mi-mars» par la FCO-3. Le pic d’activité des moucherons culicoïdes est attendu à la fin du printemps. Les prochaines semaines seront cruciales, et elles dépendront notamment de la réussite de la vaccination, dans un contexte de tensions sur les disponibilités en doses de vaccins.

 

Collecte de lait : sanitaire, climat et géopolitique rendent les perspectives incertaines

Après une année 2024 marquée par un rebond de la collecte de lait de vache en France, l’année 2025 s’annonce incertaine, selon l’analyse de Baptiste Buczinski, économiste à l’Idele. «Pour ce qui est du volet sanitaire, l’année 2025 représente une très grosse incertitude», a-t-il indiqué à l’occasion d’une présentation dans le cadre de l’événement Grand Angle Lait le 3 avril à Paris. La FCO, la fièvre aphteuse en Allemagne, en Hongrie et en Slovaquie sont des sujets de préoccupation pour 2025, notamment avec une production de lait déjà freinée depuis septembre 2024 dans le Nord et l’Est par la FCO. De même, le premier cas de mouton touché par l’influenza aviaire (IAHP) au Royaume-Uni laisse penser que cela pourrait toucher potentiellement le cheptel européen. «C’est très lointain, mais cela pourrait perturber la production en France et en Europe», a-t-il poursuivi. Le cheptel continue sa décapitalisation en nombre de tête à -2,5 % par an au 1er février 2025 (3,27 M de têtes contre 3,5 M en février 2022). Cette tendance continue depuis plusieurs années s’est accentuée depuis la fin 2024 sous l’effet des questions sanitaires. D’autres interrogations sont présentes pour 2025 quant au climat, aux tensions géopolitiques et à des guerres économiques. Autant de facteurs qui pourraient affecter négativement la filière laitière.

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