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Lin croyable année de Calira

La coopérative linière voit la récolte 2018 marquer un historique de recette. Une excellente nouvelle pour les nombreux adhérents.

© Calira




Salle plus que comble, ambiance apaisée et positive, sourires. Pas besoin de regarder les diapositives pour savoir que l’année a été excellente pour la Calira dans sa filière. Et pour cause, la récolte 2018 dont l’assemblée générale marque la clôture restera dans les annales : record de surfaces, mais aussi et surtout, recette record ! En effet, la Calira voit sa recette moyenne nette marquer un plus haut historique à 4 513 €/ha teillage déduit ! Un montant quasi-comparable au double de la moyenne des dix dernières années. Plusieurs facteurs expliquent cette performance : en premier lieu, une année ou les conditions de température et de pluviométrie ont permis d’aborder la phase de récolte avec des lins homogènes et droits. Cette matière a bénéficié ensuite de bonnes conditions de rouissage, et 100 % des surfaces étaient récoltées au 6 septembre 2018. Au final, les lins récoltés en 2018 faisaient en moyenne 6,5 t de paille à l’hectare, avec une richesse de 21,4 %, soit 1,4 tonne de filasse par hectare. Parallèlement, le marché de la fibre a lui aussi connu une évolution très positive : les fibres de très bonne qualité (significatives en 2018) ont vu leur prix se renforcer régulièrement dès l’hiver 2018-2019 pour atteindre un plus haut historique au printemps 2020. Tous ces éléments se sont combinés favorablement, et la recette moyenne nette de teillage des adhérents de Calira a bondi de près de 1 500 € par rapport à l’année précédente, qui se situait à 3 043 €.

Des surfaces en hausse, un outil qui suit
L’impact de la bonne santé de la filière, liée aux autres incertitudes sur des filières «autres ou concurrentes» attire l’intérêt des agriculteurs : depuis 2013, Calira voit sa surface emblavée progresser régulièrement, avec des bonds de près de 1 000 hectares au cours de chacune des deux dernières années : en six ans, la surface a quasi doublé pour flirter en 2020 avec la barre des 9 000 hectares. L’outil peut-il le supporter ? Oui, assurément, explique Vincent Delaporte, directeur de la Calira, en présentant les aménagements de postes réalisés sur la campagne : «il faut moderniser l’outil pour avoir de la productivité et des conditions de travail qui fidélisent les salariés, qui sont à présents près d’une centaine sur la campagne». Calira va transformer 50 000 t de paille en 2019-2020, et engage la construction d’un nouveau bâtiment hébergeant un atelier de transformation équipé de deux lignes, en prolongement des 2 000 m2 de stockage réalisés en 2019.

Des progrès toujours possibles
Si l’ambiance donne l’impression que tout est au vert, le directeur n’a pas pour autant ménagé les adhérents sur les progrès encore possibles : derrière une moyenne satisfaisante se cachent des disparités très fortes : il y a quasiment 20 % d’adhérents à percevoir une recette nette de plus de 5 500 € et autant à percevoir une recette inférieure à 3 500 €. Si une partie des écarts s’explique sur les types de sols avec l’extension des surfaces ou les épisodes climatiques localement défavorables, des progrès existent à portée des producteurs. «Il peut y avoir 2 000 € d’écart liés à la qualité d’enroulage», a-t-il expliqué chiffres et film à l’appui. Et cela se travaille au semis : «un sol bien préparé, réchauffé, permet un démarrage vigoureux, donc une sensibilité moindre aux altises. Mais en plus, il permet de s’assurer que la récolte sera homogène, et que les balles seront régulières, occasionnant moins de perte de fibre et moins de temps de teillage». Autre mise en garde : la mécanisation : «je préviens les nouveaux producteurs : ne vous lancez pas dans le lin sans matériel adéquat : quand la récolte est à faire, il faut être réactif, performant, ne pas bricoler et ne pas être dépendant de facteurs qu’on ne maîtrise pas», a-t-il marqué. Enfin, il a mis en avant une forme de «stagnation» des rendements : «en comptant les premiers résultats de 2009, cela fait cinq ans que la moyenne se situe autour de 6,5 tonnes de produit à l’hectare. On a connu plus de 8 t. Il faut intégrer le risque climatique, mais aussi toujours remettre en cause son approche technique : la conjoncture peut donner le sentiment qu’on peut se permettre d’être un peu moins exigeant, mais il faut rester pro et s’améliorer en continu».

Lin’Ovations en 2020
Sur ce point, Calira veut proposer à ses adhérents une relation renforcer en matière de conseil technique. Vincent Lesenne, l’a précisé : «On ne peut plus suivre toutes les parcelles, vous vous en doutez, mais nous vous envoyons à présent plusieurs notes techniques avec nos observations, nos alertes et nos conseils tout au long du cycle.» Calira accueille aussi chaque année tous les nouveaux producteurs pour une journée d’information et de formation. Enfin, la journée technique sera en 2020 liée à l’événement du 18 juin, baptisé Lin’Ovations, qui aura lieu dans l’Eure sur le plateau du Neufbourg. Porté par Arvalis, représenté par Yann Flodrops, cet événement rassemblera de nombreuses présentations et atelier sur le lin. Calira organisera des bus pour s’y rendre et analyser les évolutions techniques, car il y en aura au cours des toutes prochaines années. Comme l’a montré Benoit Normand (Arvalis), les techniques culturales de fertilisation et de protection des plantes à base de produits de biocontrôle sont prometteuses, et vont sans doute se généraliser dans les programmes techniques.

Durable ?
La même question revient à présent chaque année : est-ce durable ? Si les stocks nuls de Calira témoignent d’un marché tendu, toujours propice à la solidité des prix, Damien Durand, Directeur économie du CELC (Confédération européenne du lin et du chanvre) a présenté les projections réalisées sur les marchés de la fibre à l’échelle mondiale. Globalement, le bassin Nord Européen fait toujours office de pôle mondial majeur et en croissance, mais le CELC note quelques phénomènes à observer : l’émergence de l’égypte, les expérimentations de la Chine en lin bio et en chanvre tout comme en Inde qui vient d’autoriser la production de chanvre. Selon Damien Durand, l’évolution de la demande de fibres «durables» plaide de toute façon pour le lin et le chanvre. Ce dernier est marginal aujourd’hui et les frémissements actuels peuvent déboucher sur quatre scénarios : un abandon, car c’est une fibre très complexe ; un développement sur des champs d’activité non textiles comme le médical, un développement parallèle au lin, mais le tout dans une croissance du marché des fibres durables ; un développement fort en Chine ou en Inde qui voudraient sécuriser leurs approvisionnements par une production domestique maîtrisée. Seul ce dernier scénario doit être observé avec attention, ce que poursuit le CELC.

Remerciements
Enfin, en clôture de l’assemblée, le président Antoine Berthe n’a pas caché sa satisfaction pour l’ensemble des adhérents, mais aussi l’ensemble des salariés de l’entreprise. Il a salué le départ du Conseil d’administration de deux administrateurs «historiques» : Jean-Marc Dheilly, liniculteur à Bertangles et Patrick Faict, liniculteur à Lignières- en-Vimeu. Chacun a eu droit à ses remerciements, quelques anecdotes, et les applaudissements de la salle, qui a poursuivi la journée dans la convivialité.

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